S'armoit d'une jalouse rage. Il n'en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits S'alla percher, et chanter sa victoire. Un vautour entendit sa voix : Adieu les amours et la gloire; Tout cet orgueil périt sous l'ongle du vautour. Son rival autour de la poule Car il eut des femmes en foule. La Fortune se plaît à faire de ces coups: L'ingratitude et l'injustice des Hommes envers la Fortune. * Un trafiquant sur mer, par bonheur, s'enrichit. Bref, il plut dans son escarcelle. On ne parloit chez lui que par doubles ducats; Un sien ami, voyant ces somptueux repas, Lui dit: Et d'où vient donc un si bon ordinaire? Abstemius, De Viro, qui se felicitatis suæ causam, infelicitati verò Fortunam esse dicebat. Et d'où me viendroit-il que de mon savoir-faire? Je n'en dois rien qu'à moi, qu'à mes soins, qu'au talent De risquer à propos, et bien placer l'argent. Il risqua de nouveau le gain qu'il avoit fait; Un vaisseau mal frété périt au premier vent; Un troisième au port arrivant, Rien n'eut cours ni débit: le luxe et la folie Enfin ses facteurs le trompant, Et lui-même ayant fait grand fracas, chère lie, Son ami, le voyant en mauvais équipage, Lui dit: D'où vient cela? De la Fortune, hélas! Consolez-vous, dit l'autre ; et, s'il ne lui plaît pas Je ne sais s'il crut ce conseil ; 'Mais je sais que chacun impute, en cas pareil, Et si de quelque échec notre faute est suivie, Chose n'est ici plus commune. Le bien, nous le faisons; le mal, c'est la Fortune: |