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D'intérêts contre l'ours, on n'en dit pas un mot.

L'un des deux compagnons grimpe au faîte d'un arbre;
L'autre, plus froid que n'est un marbre,

Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent,
Ayant quelque part ouï dire

Que l'ours s'acharne peu souvent

Sur un corps qui ne vit, ne meut, ni ne respire. Seigneur ours, comme un sot, donna dans ce panneau : Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie;

Et, de peur de supercherie,

Le tourne, le retourne, approche son museau,
Flaire aux passages de l'haleine.

C'est, dit-il, un cadavre; ôtons-nous, car il sent.
A ces mots, l'ours s'en va dans la forêt prochaine.
L'un de nos deux marchands de son arbre descend,
Court à son compagnon, lui dit que c'est merveille
Qu'il n'ait eu seulement que la peur pour tout mal.
Eh bien! ajouta-t-il, la peau de l'animal?

Mais que t'a-t-il dit à l'oreille?
Car il t'approchoit de bien près,
Te retournant avec sa serre.
Il m'a dit qu'il ne faut jamais

Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre.

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L'Ane vêtu de la peau du Lion. *

De la peau du lion l'âne s'étant vêtu
Étoit craint partout à la ronde;

Et, bien qu'animal sans vertu, **
Il faisoit trembler tout le monde.

Un petit bout d'oreille échappé par malheur
Découvrit la fourbe et l'erreur :

Martin fit alors son office.

Ceux qui ne savoient pas la ruse et la malice S'étonnoient de voir que Martin

Chassât les lions au moulin.

Force gens font du bruit en France

Par qui cet apologue est rendu familier.
Un équipage cavalier

Fait les trois quarts de leur vaillance.

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