ཆེ FABLE XX L'Avare qui a perdu son trésor.* L'usage seulement fait la possession. Je demande à ces gens de qui la passion Est d'entasser toujours, mettre somme sur somme, Et l'avare ici-haut comme lui vit en gueux. Ce malheureux attendoit Pour jouir de son bien une seconde vie; Que d'y ruminer jour et nuit, Et rendre sa chevance à lui-même sacrée. Qu'il allat ou qu'il vînt, qu'il bût ou qu'il mangeåt, Esop., 188, 59. Avarus. Louys Guichardin, traduit par Belleforest.Les Heures de Récréation, 1805, in-18, p. 145. On l'eût pris de bien court, à moins qu'il ne songeât Il y fit tant de tours qu'un fossoyeur le vit, Un passant lui demande à quel sujet ses cris. — Votre trésor! où pris? - Tout joignant cette pierre. Eh! sommes-nous en temps de guerre Pour l'apporter si loin? N'eussiez-vous pas mieux fait De le laisser chez vous en votre cabinet, Que de le changer de demeure? Vous auriez pu sans peine y puiser à toute heure. — A toute heure, bons dieux! ne tient-il qu'à cela? L'argent vient-il comme il s'en va? Je n'y touchois jamais. Dites-moi donc, de grace, Reprit l'autre, pourquoi vous vous affligez tant: Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent, Mettez une pierre à la place; Elle vous vaudra tout autant. Un cerf, s'étant sauvé dans une étable à bœufs, Qu'il cherchât un meilleur asile. Mes frères, leur dit-il, ne me décelez pas : Les bœufs, à toutes fins, promirent le secret. L'on va, l'on vient, les valets font cent tours, N'aperçut ni cor, ni ramure, Ni cerf enfin. L'habitant des forêts Rend déjà grace aux bœufs, attend dans cette étable Que, chacun retournant au travail de Cérès, Phædr., II, 8, Cervus et Boves. |