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L'Ane et le petit Chien. *

Ne forçons point notre talent;
Nous ne ferions rien avec grace:
Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse,
Ne sauroit passer pour galant.

Peu de gens, que le ciel chérit et gratifie,
Ont le don d'agréer infus avec la vie.

C'est un point qu'il leur faut laisser, Et ne pas ressembler à l'âne de la fable, Qui, pour se rendre plus aimable

Et plus cher à son maître, alla le caresser.
Comment! disoit-il en son âme,
Ce chien, parce qu'il est mignon,
Vivra de pair à compagnon
Avec monsieur, avec madame;
Et j'aurai des coups de bâton!
Que fait-il? Il donne la patte.

Æsop., 295, 216, Canis et Dominus.

Puis aussitôt il est baisé :

S'il en faut faire autant afin que l'on me flatte,

Cela n'est pas bien malaisé.

Dans cette admirable pensée,

Voyant son maître en joie, il s'en vient lourdement,
Lève une corne tout usée,

La lui porte au menton fort amoureusement,
Non sans accompagner, pour plus grand ornement,
De son chant gracieux cette action hardie.
Oh! oh! quelle caresse! et quelle mélodie!
Dit le maître aussitôt. Holà! Martin-bâton!
Martin-bâton accourt: l'âne change de ton.
Ainsi finit la comédie.

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Le Combat des Rats et des Belettes. *

La nation des belettes,
Non plus que celle des chats,
Ne veut aucun bien aux rats;
Et sans les portes étraites
De leurs habitations,
L'animal à longue échine
En feroit, je m'imagine,
De grandes destructions.
Or, une certaine année
Qu'il en étoit à foison,
Leur roi, nommé Ratapon,
Mit en campagne une armée.
Les belettes, de leur part,
Déployèrent l'étendard.

Si l'on croit la renommée,

La victoire balança :

Plus d'un guéret s'engraissa

* Phædr., IV, 6 sive 5, Pugna Murium et Mustelarum

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