Page images
PDF
EPUB

L'INFINI, LA SUBSTANCE ET LA LIBERTÉ.

F. RAVAISSON. La Philosophie en France au XIX siècle, 1 vol. in-8° (Impr. imp., 1868).

E. VACHEROT. La Métaphysique et la Science, 2° édit., 3 vol. in-18 (Cha

merot,

1863).

J. STUART-MILL. Système de logique déductive et inductive, trad. sur la 6o éd. angl., par L. Peisse, 2 vol. in-8° (Ladrange, 1866).

La Philosophie de Hamilton, traduction française, 1 vol. in-8° (G. Baillière, 1869).

COURNOT. Essai sur les fondements de nos connaissances, 2 vol. in-8° (Hachette, 1851).

- Traité de l'enchainement des idées fondamentales, 2 vol. in-8° (Hachette, 1861).

J. TissoT. Essai de Logique objective, 1 vol. in-8° (Hachette, 1868).

E. LITTRÉ ET G. WYROUBOFF. La Philosophie positive, Revue. Juillet 1867 à janvier 1869, 3 vol. in-8° (G. Baillière).

TIBERGHIEN. Introduction à la philosophie et préparation à la métaphysique, 1 vol. in-8° (Bruxelles, 1868).

PAUL JANET. La Crise philosophique, 1 vol. in-18 (G. Baillière).

Le Spiritualisme contemporain, Revue des Deux-Mondes, 15 mai 1868. TH. DESDOUITS. De la liberté et des lois de la nature, Discussion des théories matérialistes et panthéistes sur la volonté, 1 vol. in-8° (E. Thorin, 1868). J.-M. GRANDET. Philosophie de la révélation, in-8° (Rodez, 1864).

J. LEQUIER. La recherche d'une première vérité, fragm. posth., 1 vol. in-8° (Saint-Cloud, imp: de Mme Ve Belin, 1865. Non mis en vente). CH. SECRÉTAN. La Philosophie de la liberté. L'Idée, 2o édit., 1 vol. in-8° (Durand, 1866).

[ocr errors]

- Précis élémentaire de philosophie, 1 vol. in-18 (Lausanne, 1866).

F. MAGY. De la science et de la nature, Essai de philosophie première, 1 vol. in-8° (Ladrange, 1865).

HIRN. Conséquences philosophiques et métaphysiques de la thermodynamique.. Analyse élémentaire de l'univers, 1 vol. gr. in-8° (Gauthier-Villars, 1868).

FUNCK BRENTANO. Lés Sciences humaines: Philosophie, Médecine, Morale, La Philosophie, 1 vol. in-8° (Lacroix et Cie, 1868).

Politique.

[merged small][ocr errors]

I.

Position de quelques questions qu'on ne peut éviter.

Les questions de métaphysique sont universellement décriées. Le petit nombre de ceux qui les agitent encore ou ne sait ou n'ose plus les traiter avec le plein et subtil développement qui convenait autrefois. La cause de cet abandon est juste, si ce qui caractérise un métaphysicien c'est de vouloir déterminer des sujets d'essence indéfinissable et conclure logiquement aux réalités en partant d'abstractions ou idées pures. Or tel est bien le reproche qu'on adresse avec plus ou moins de netteté et de conséquence à la vieille méthode de philosopher sur les vérités premières.

Il est cependant des questions qui ont toujours fait partie du matériel de l'ancienne métaphysique et qui, sous la condition d'être convenablement posées, sont de droit soustraites à la commune réprobation. Elles portent sur des objets clairement définis pour l'entendement, et il est permis de les appeler des questions de fait, quoiqu'on n'en puisse atteindre le contenu dans la sphère de l'expérience.

En effet, pensant à de certaines propositions formulées en termes du domaine commun des esprits, nous allons voir lesquelles, on est forcé d'avouer que, de deux choses l'une, ou il en est ainsi dans le fait, ou dans le fait il n'en est pas ainsi. Voulût-on répondre à l'examen de ces questions par la déclaration de l'impossibilité de les résoudre, encore faudrait-il que l'examen eût préalablement lieu, et ce serait assez pour constituer à leur sujet une philosophie. Elles sont traitées implicitement par les philosophes mêmes qui voudraient les proscrire, et par les savants, sitôt qu'ils essaient de généraliser leurs vues sur la nature. D'autres fois, sans vouloir paraître apercevoir leur présence on s'exprime comme si elles étaient résolues. Enfin, attendu qu'elles intéressent à la fois les mé

thodes et la conscience, il doit y avoir et il y a effectivement des voies rationnelles de les aborder, des moyens d'induction analogues à ceux qui servent dans les sciences, et des motifs moraux de fixer ce qu'il faut croire, ainsi qu'il en existe dans la morale et dans tout ce domaine de la raison pratique où les vérités affirmées ne sont pas du ressort des sens.

Prenons la question de la substance. Supposons qu'on entende par ce mot le substrat que tant de philosophes ont en vain tâché à concevoir : quelque chose de réel, dont la réalité fixe est à part et indépendante des phénomènes variables qui s'y produisent; la pensée substantielle de Descartes, par exemple. On fera de la métaphysique, et de la plus creuse. Nous opposerons à ce prétendu concept, entre autres arguments, l'impossibilité où se trouve la connaissance de définir un sujet autrement que par voie de relation, de détermination, de limitation, soit en quantité, soit en qualité ou toute autre catégorie. Nous réduirons la substance à n'être en philosophie que ce qu'elle est pour la physique et pour la grammaire, c'est-à-dire le terme qui représente un certain tout relativement à ses parties, un composé d'attributs, de propriétés ou d'éléments, relativement à ses composants. La question finira là, nul n'étant disposé à contester l'existence de ces sortes de substances concrètes, ni le concept de celles qui sont abstraites.

Mais il se pose un autre problème: faut-il se représenter l'univers comme une vaste et unique substance étendue dans l'espace et dans le temps indéfinis? Comprenons cette fois que tous les êtres et phénomènes qui composent le monde, et sans nulle exception, seraient considérés comme les termes d'un développement où toutes choses seraient contenues, d'abord en puissance, et ensuite en acte, de la manière dont un organisme est et provient dans son germe (mais ici le germe envelopperait tout; l'intérieur et l'extérieur, l'être et le milieu ne formeraient qu'une seule et même nature aux parties indissolublement liées), ou, encore plus rigoureusement, de la

manière dont les propriétés se trouvent impliquées dans la définition exacte et complète d'un certain sujet. En opposition avec ce point de vue parfaitement intelligible, on peut penser que l'univers est un composé d'êtres ou de phénomènes, lesquels ne sont rigoureusement et entièrement déterminés que dans le moment présent, parce qu'il y existe des individualités réelles dont le rapport nécessaire au tout n'épuise point le contenu, et parce que certains phénomènes y peuvent entrer à titre de premiers commencements de séries et intervenir. comme modificateurs des séries déjà existantes.

Le dernier énoncé se comprend aussi bien que le premier. Nous ne parlons pas de l'intelligence qui approuve, mais de celle-là seulement qui saisit clairement le sens. Or on est contraint de dire de ces deux propositions qu'il faut que l'une soit vraie, l'autre fausse. De chacune d'elles, il en est ainsi en fait, ou en fait il n'en est pas ainsi. L'expérience n'apporte directement aucune lumière: c'est encore de quoi on devra convenir. Mais il y a lieu de chercher des motifs rationnels et des motifs moraux d'asseoir une croyance. Le penchant universel et de tous les temps à traiter cette question, l'intérêt de la résoudre sont très-certains. Et notons bien que si l'examen devait conduire au scepticisme, cette solution en serait une; ce doute motivé serait nécessairement une philosophie: non pas la nôtre, on verra bientôt pourquoi.

Prenons maintenant la question de l'infini. Si l'on entendait l'infini en un sens abstrait, comme tout à l'heure la substance, cet infini ou cet absolu, car les deux noms ont alors même portée, ne rencontrerait qu'une fin de non-recevoir de la part de la philosophie critique, aussi bien que de ceux qui condamnent implicitement toute métaphysique. Nous dirions que l'absolu, l'infini ne représentent rien à la pensée, rien que le sens de termes universels dont la valeur et la fortune sont attachées à celles des deux termes respectivement contraires, le relatif, le fini, ces derniers étant conçus avec la même abstraction. Identique est la notion des contraires. Nous nierions

qu'il soit possible de constituer un sujet intelligible autrement qu'à l'aide d'une détermination, c'est-à-dire d'une limitation quelconque.

Mais, comme ci-dessus, on pense à l'univers. On affirme que le nombre des êtres ou phénomènes que cet univers comprend réellement, quelque nombre qui fût assigné ou assignable à cet effet, n'y suffirait jamais; qu'un nombre plus grand serait exigé, et un plus grand que ce dernier, et ainsi de suite sans fin. On assure cela de l'espace objectif, du temps objectif, de la matière et des phénomènes actuels, ou qui ont été produits successivement. Puis opérant par l'imagination en sens inverse, ou régressivement, on affirme la réalité des continus, et l'on applique aux parties indéfiniment divisées et toujours existantes d'un tout partiel concret ce qui vient d'être dit des parties d'un tout universel. Aucun nombre conçu par aucun esprit ne serait apte à les représenter, par cela seul que ce serait un nombre.

Au contraire, on peut croire qu'un tout est un tout, par conséquent déterminé, par conséquent numérique à l'égard des unités ou éléments d'espèce quelconque qu'il plait d'y envisager, et que tous les phénomènes ou présents ou passés qui ont été déterminés à l'existence forment par cela seul un nombre déterminé. On peut affirmer que l'infinité des êtres ou phénomènes réalisés n'est qu'un nom donné par abus à leur nombre extrêmement grand et surpassant l'imagination, donné, disons-nous, par suite d'une confusion qui s'opère entre l'idée du réel et l'idée des possibles indéfinis que suggère la raison.

Ces deux nouvelles propositions sont très-claires quant à l'énoncé. Elles sont contradictoires; il faut choisir entre elles, et il nous sera facile de montrer qu'on a pour prendre un parti des motifs d'ordre rationnel des plus puissants qui aient jamais été invoqués en faveur d'une affirmation quelle qu'elle soit. Les motifs d'ordre moral ne viendront ici que par surcroît.

Passons enfin à la question de la liberté. C'est la même

« PreviousContinue »