Trouvait-on quelque chose au logis de gâté, Les escroquer était une très bonne affaire ; Que tu fasses un coup de maître. Tire-moi ces marrons; si Dieu m'avait fait naître Certes, marrons verraient beau jeu.” Aussitôt fait que dit: Raton, avec sa patte, Écarte un peu la cendre, et retire les doigts; Puis les reporte à plusieurs fois, Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque, Une servante vient: adieu mes gens. Raton N'était pas content, ce dit-on. Aussi ne le sont pas la plupart de ces princes Pour le profit de quelque roi. 88. Le Vieillard et les trois jeunes Hommes Un octogénaire plantait. "Passe encor de bâtir; mais planter à cet âge !" Disaient trois jouvenceaux, enfants du voisinage : Assurément il radotait. 5 10 15 20 25 30 5 10 15 20 25 30 "Car, au nom des dieux, je vous prie, Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous? Tout cela ne convient qu'à nous. Il ne convient pas à vous-mêmes, Repartit le vieillard. Tout établissement Vient tard, et dure peu. La main des Parques blêmes Nos termes sont pareils par leur courte durée. Doit jouir le dernier? Est-il aucun moment De se donner des soins pour le plaisir d'autrui? Plus d'une fois sur vos tombeaux." Le vieillard eut raison: l'un des trois jouvenceaux Que lui-même il voulut enter; Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre 89. L'Amour et la Folie Tout est mystère dans l'Amour, Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance : Que d'épuiser cette science. Je ne prétends donc point tout expliquer ici; Mon but est seulement de dire, à ma manière, Comment l'aveugle que voici (C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière, La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble: L'autre n'eut pas la patience; Elle lui donne un coup si furieux, Qu'il en perd la clarté des cieux. Vénus en demande vengeance. Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris: Et Jupiter, et Némésis, Et les juges d'enfer, enfin toute la bande. Elle représenta l'énormité du cas : Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas; A servir de guide à l'Amour. 5 ΙΟ 15 20 25 330 90. Le Berger et son Troupeau 'Quoi? toujours il me manquera Quelqu'un de ce peuple imbécile ! Toujours le loup m'en gobera! J'aurai beau les compter! ils étaient plus de mille, Me suivait pour un peu de pain, Et qui m'aurait suivi jusques au bout du monde. Il me sentait venir de cent pas à la ronde. Quand Guillot eut fini cette oraison funèbre, Il harangua tout le troupeau, Les chefs, la multitude, et jusqu'au moindre agneau, Cela seul suffirait pour écarter les loups. Un loup parut; tout le troupeau s'enfuit. Haranguez de méchants soldats, Ils promettront de faire rage; Mais, au moindre danger, adieu tout leur courage : 91. Le Cochet, le Chat et le Souriceau Un souriceau tout jeune, et qui n'avait rien vu, Voici comme il conta l'aventure à sa mère : "J'avais franchi les monts qui bornent cet État, Et trottais comme un jeune rat Qui cherche à se donner carrière, Et l'autre turbulent, et plein d'inquiétude; Sur la tête un morceau de chair, Or, c'était un cochet dont notre souriceau Comme d'un animal venu de l'Amérique. "Il se battait, dit-il, les flancs avec ses bras, Faisant tel bruit et tel fracas, Que moi, qui, grâce aux dieux, de courage me pique, Le maudissant de très bon cœur. Sans lui j'aurais fait connaissance 5 10 15 20 Avec cet animal qui m'a semblé si doux ; Il est velouté comme nous, 25 Marqueté, longue queue, une humble contenance, Un modeste regard, et pourtant l'œil luisant : Je le crois fort sympathisant Avec messieurs les rats; car il a des oreilles 30 |