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Taine, La Fontaine et ses fables (a standard work); first edition, Paris, Hachette, 1853; second and enlarged edition, 1860.

Keller, Untersuchungen über die Geschichte der griechischen Fabel, Leipzig, 1862.

Bernhardy, Grundriß der Geschichte der griechischen Litteratur, 3. Bearbeitung, II, pp. 784-804.

Lessing, Abhandlungen über die Fabel.

Max Müller, "On the Migration of Fables," in Chips from a German Workshop, Vol. V.

LA FONTAINE'S FABLES

A Monseigneur le Dauphin

Je chante les héros dont Ésope est le père :
Troupe de qui l'histoire, encor que mensongère,
Contient des vérités qui servent de leçons.

Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons.
Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes.
Je me sers d'animaux pour instruire les hommes.
Illustre rejeton d'un prince aimé des cieux
Sur qui le monde entier a maintenant les yeux,
Et qui, faisant fléchir les plus superbes têtes,
Comptera désormais ses jours par ses conquêtes,
Quelque autre te dira d'une plus forte voix
Les faits de tes aïeux et les vertus des rois.
Je vais t'entretenir de moindres aventures,
Te tracer en ces vers de légères peintures;
Et si de t'agréer je n'emporte le prix,
J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris.

1. La Cigale et la Fourmi

La cigale, ayant chanté
Tout l'été,

Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue:
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.

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Elle alla crier famine

Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
"Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal."

La fourmi n'est pas prêteuse.
C'est là son moindre défaut.
"Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse.

- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.

- Vous chantiez? j'en suis fort aise: Eh bien ! dansez maintenant."

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2. Le Corbeau et le Renard

Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.

Maître renard, par l'odeur alléché,

Lui tint à peu près ce langage :

"Hé! bonjour, monsieur du Corbeau : Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix,

Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le renard s'en saisit, et dit: "Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur

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Vit aux dépens de celui qui l'écoute.

Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute."
Le corbeau, honteux et confus,

Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

3. La Poule aux œufs d'or

L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,

Que celui dont la poule, à ce que dit la fable,
Pondait tous les jours un œuf d'or.

Il crut que dans son corps elle avait un trésor :
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.

Belle leçon pour les gens chiches!

Pendant ces derniers temps combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus,
Pour vouloir trop tôt être riches!

4. Le Coq et la Perle

Un jour un coq détourna
Une perle, qu'il donna
Au beau premier lapidaire.
"Je la crois fine, dit-il;

Mais le moindre grain de mil

Serait bien mieux mon affaire.”

Un ignorant hérita

D'un manuscrit, qu'il porta

Chez son voisin le libraire.

"Je crois, dit-il, qu'il est bon;

Mais le moindre ducaton

Serait bien mieux mon affaire."

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5. Le Renard et les Raisins

Certain renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des raisins, mûrs apparemment,

Et couverts d'une peau vermeille.

Le galant en eût fait volontiers un repas;

Mais comme il n'y pouvait atteindre :

"Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats." Fit-il pas mieux que de se plaindre?

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6. Le Laboureur et ses Enfants

Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.

Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents:

Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage
Vous le fera trouver: vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût :
Creusez, fouillez, bêchez; ne laissez nulle place qu
Où la main ne passe et repasse."

Le père mort, les fils vous ret

retournent le champ, Deçà, delà, partout: si bien qu'au bout de l'an

Il en rapporta davantage.

D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer, avant sa mort,

Que le travail est un trésor.

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