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Abreviations des noms des auteurs cités dans l'ouvrage.

ACAD. Académie. Le dictionnaire de l'Académie.

BARTH. Barthélemy.

BEAUZ. Beauzée.

BOIL. Boileau.

Boss. Bossuet.

BUFF. Buffon.

COND. Condillac.

CORN. Corneille.

FÉN. OU FÉNEL. Fénelon,

FLÉCH. Fléchier.

GIR. Girard.

GUIZ. Guizot.

J.-J. ou J.-J. Rouss. J.-J. Rousseau.

LABR. Labruyère.

LAF. Lafontaine.

LAROCH. Larochefoucauld.

LAV. Laveaux.

MALL. Mallebranche.

MASS. Massillon.

MOL. Molière.

MONTAIG. Montaigne.

MONTESQ. Montesquieu.
PASG. Pascal.

P. R. Port Royal.

RAC. Racine.

RAYN. Raynal.

Reg. ou Regn. Regnard.

ROUB. Roubaud.

SEV. Madame de Sévigné.

TREV. Trévoux. Dictionnaire de Trévoux.
VOLT. Voltaire.

AVERTISSEMENT.

Il y a bientôt sept ans que je commençai à prendre pour objet de mes études la synonymie française, autant du moins que me le permettaient les devoirs de ma profession. J'enseignais alors la philosophie au collège royal d'Orléans. M. de Boisrenard, arrière-petitneveu de Condillac, eut l'obligeance de me communiquer des manuscrits laissés par cet illustre écrivain. Il s'y trouvait un dictionnaire français, encore présentement inédit, qui avait été composé pour le prince de Parme, et destiné sans doute à voir le jour avec les ouvrages compris dans le Cours d'études.

Quoi qu'il en soit des motifs qui en avaient empêché la publication, ce livre, d'un auteur si justement renommé parmi les grammairiens philosophes, excita

d'abord ma curiosité, et, à la lecture, il me parut en effet très remarquable relativement aux définitions. Un esprit aussi droit n'avait pu ignorer combien sous ce rapport tous les dictionnaires sont défectueux et peu satisfaisants. Choqué de ce vice, il avait conçu comme Girard le moyen d'y porter remède, mais différemment la manière de l'appliquer. Suivant Girard, il doit exister dans chaque langue, indépendamment et séparément du vocabulaire, un livre des synonymes qui en soit le complément indispensable. D'après l'opinion de Condillac, il ne faut point isoler les distinctions synonymiques des définitions qu'elles ont pour but de corriger ou d'éclaircir : c'est naturellement dans le dictionnaire général, au commencement de chaque article, qu'il convient de comparer le mot, dont il y est question, avec tous ceux qui lui ressemblent le plus pour le sens, ou de renvoyer à l'article où cette comparaison a lieu; de telle sorte que la valeur du mot se montre immédiatement et tout d'un coup marquée par des traits caractéristiques.

Exécuté tout entier conformément à cette idée, le dictionnaire de Condillac, véritablement nouveau, mériterait par son originalité de fixer l'attention des lexicographes. Mais ce qui me frappa le plus en le lisant et ce qu'il s'agit surtout de constater ici, c'est qu'il contient une foule de synonymes, rangés en familles et expliqués avec cette netteté qui fait le charme et le prix de tous les écrits sortis de la même plume.

Je songeai dès l'abord à donner au public ces richesses, enfouies jusque-là, en les joignant à celles que M. Guizot avait recueillies dans son Nouveau dictionnaire des synonymes. Mais je ne tardai guère à étendre mes vues plus loin. J'avais pris goût à ce genre de recherches; je m'y adonnais avec ardeur; je m'entourais de tous les livres qui traitent de la distinction des mots synonymes dans les langues modernes ou anciennes, et insensiblement je m'élevai dans ma pensée au-dessus du rôle de simple éditeur. A peine avais-je laissé naître en moi un premier mouvement d'ambition, que je découvris par hasard des synonymes français fort estimables, publiés en 1812, en 2 vol. in-8°, par M. Leroy de Flagis. Ce livre, dont la plupart des exemplaires sont restés en feuilles, n'avait eu aucun succès, parce que l'auteur l'ayant achevé avant de savoir ce qu'avaient fait dans le même genre Beauzée, Roubaud et M. Guizot, proposait des distinctions déjà connues, et avait à soutenir sur plusieurs points une comparaison pour lui peu avantageuse. D'ailleurs, l'étude attentive des traités de synonymie étrangère, qu'aucun philologue français n'avait encore pris la peine de consulter, me démontra bientôt qu'il était possible, avec des précautions, d'en tirer le plus grand parti. Les étrangers avaient commencé par tourner au profit de leurs langues les distinctions de Girard; il devint évident pour moi que rien n'empêche qu'ils ne nous rendent à leur tour un service ana

logue, pourvu que nous sachions le leur deman

der.

Je conçus donc une vaste entreprise, ayant pour objet d'élever à la synonymie française un véritable monument, en utilisant et en fondant dans une œuvre unique et bien ordonnée tous les travaux partiels antérieurs, tant ceux qu'avait rassemblés l'auteur du dernier recueil général, M. Guizot, que ceux qu'il n'avait pu connaître. C'était, dans la circonstance, pour le bien de la science et l'utilité des lecteurs, le seul parti convenable. Fallait-il aux anciennes distinctions continuer sans fin et sans fruit à en ajouter d'autres, ou identiques ou contradictoires, qui viendraient s'entasser pêle-mêle et comme par alluvion dans une compilation indigeste? Mais c'eût été augmenter de plus en plus le désordre, la confusion et l'incertitude, qui rendent si imparfaits et si peu profitables les dictionnaires, prétendus universels, de mes prédécesseurs immédiats.

Je ne me suis point dissimulé toute la longueur et toute la difficulté de la tâche. Mais peut-être m'est-il permis de l'envisager sans frayeur, maintenant que l'ayant embrassée dans toute son étendue, j'en ai accompli la partie la plus neuve, celle qui demandait le plus d'art et offrait le moins d'attrait. Du reste, c'est au public à juger par cet échantillon, s'il y a eu de ma part confiance légitime ou témérité. J'attendrai son arrêt pour faire paraître la suite de l'ouvrage déjà

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