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per aisément si la nature ne leur avait donné à la plupart de grosses dents recourbées, qui leur servent à s'accrocher. Ces talus servent aussi de chantiers aux grandes glaces du nord, pour s'écouler tout entières de leurs glaciers à la mer. Les Sauvages y mettent leurs bateaux en sûreté, à l'exemple de la nature et des amphibies. Leurs ports sont des écueils.

Les montagnes littorales maritimes élevées audessus de la surface de la terre, sont pour l'ordinaire de roc vif; elles se rencontrent fréquemment aux endroits où les mers sont tempétueuses. Telles sont, par exemple, les Orcades, où battent sans cesse les flots de l'océan Calédonien. Ces îles, placées aux confluens et dans les remous du courant général de l'Atlantique, qui descend du pôle, et de ses contrecourans latéraux qui y remontent, sont pour la plupart formées de hauts rochers pyramidaux, coupés en précipices. Les tempêtes de l'air mugissent à leurs sommets, et celles de la mer à leurs pieds; mais ils renferment dans leurs vallons des abris favorables aux plantes, aux animaux, et même aux hommes. Si ces îles septentrionales et venteuses n'avaient été composées que de simples plateaux escarpés en falaises, aucun végétal n'aurait pu y croître.

Je ne finirais pas si je voulais parler ici des plantes et des animaux saxatiles qui peuplent les montagnes littorales. Les mousses et les oiseaux de marine ne sont pas en moindre nombre dans les fentes et les ouvertures des flancs de ceux qui sont hors de l'eau, que les fucus et les coquillages dans les cavités des rochers sous-marins.

Des Sauvages y trouvent en abondance non-seulement les alimens de leur vie, mais des objets de luxe pour les femmes de l'Europe. L'Indien plonge au fond des mers pour y chercher des perles; le montagnard écossais, suspendu dans les airs par une corde au haut d'un rocher des Orcades, dérobe à l'eider l'édredon de son nid.

HARMONIES TERRESTRES

DE LA TERRE.

La terre parait avoir des montagnes qui lui sont propres, et qui composent en quelque sorte les principaux voussoirs de sa circonférence : ce sont les montagnes de granit. Il y en a deux longues chaines sur le globe. L'une va du nord au sud, dans le Nouveau-Monde, et s'étend depuis la baie de Baffin jusqu'au cap Horn. Elle s'élève dans la zone torride, où elle forme les hautes Cordilières, toujours couvertes de glace; elle projette, dans sa longueur, de longs bras vers l'orient, avec lesquels

elle entoure les baies, les méditerranées et les golfes de l'océan Atlantique ; elle en reçoit les vapeurs, qui lui servent à entretenir les fleuves qu'elle verse sur les deux Amériques. L'autre chaîne de montagnes de granit, au contraire, parcourt l'ancien monde d'occident en orient. Elle commence au mont Atlas, sur les bords de l'océan Atlantique, et, s'avançant jusqu'au Kamtschatka, elle se compose des monts Caucase, de l'Imaüs, du Taurus, de l'Ararath, des montagnes du Thibet, etc. Elle étend ensuite au nord et au sud des chaines secondaires qui embrassent au nord la Méditerranée et la mer Caspienne, et au sud la mer Rouge et les golfes de l'Arabie, de la Perse, du Bengale, de la Cochinchine, en recevant sur ces deux faces les brumes et les vapeurs de la mer Glaciale et de l'océan Indien, qui fournissent les eaux aux fleuves dont elle arrose l'Afrique et l'Asie. Une voûte entière de granit couronne ensuite les régions polaires du nord; elle s'y manifeste en mamelons dans la Finlande, la Suède, la Laponie ; elle s'élève en forme de môle à la hauteur des Alpes, dans les montagnes littorales de Norwége, et en pyramide dans celles du Spitzberg; elle paraît former sous les eaux mêmes un bassin peu profond des mers glaciales. C'est là en effet que le globe, plus élevé, et dégradé par les glaces et les courans qui en descendent, montre à découvert son noyau graniteux, comme les hautes montagnes laissent apercevoir des rochers de la même nature à leurs sommets dégradés par des causes semblables. Il y a plus: une ligne horizontale, qui part de la base des régions toujours glacées du pôle, passe à une demilieue de hauteur par la base des glaciers des Alpes, et à une lieue, par celle des glaciers des Cordilières, et atteste que ces bases sont au même niveau, et que le pôle est élevé au-dessus des

mers.

Ces montagnes réunissent en elles les harmonies. de toutes les autres, dont elles sont en quelque sorte les noyaux. Voilà pourquoi elles apparaissent tantôt à leurs bases, tantôt à leurs sommets, contre le système des naturalistes qui, divisant dans les Alpes les montagnes en primitives graniteuses, et en secondaires calcaires, sont fort surpris de trouver quelquefois des blocs de granit sous des couches de pierres calcaires. On voit, dans les cartes des victoires de l'empereur de la Chine sur les Tartares, des montagnes à mamelons, surmontées de roches à couches horizontales. La chaine des Cordilières renferme des montagnes de tous les genres. Il y en a de solaires à réverbère et à parasol, de volcaniennes par leurs feux, d'hyémales par leurs glaces, d'hydrauliques par leurs som

mets, d'éoliennes par leurs flancs, de littorales par leurs bases.

Quant aux formes de ces montagnes et de toutes les autres en général, elles sont infiniment variées. Indépendamment de leur utilité, elles embellissent les paysages par leurs formes. Rien ne serait plus monotone que le globe de la terre parfaitement rond; il n'y aurait ni fleuves, ni ruisseaux, ou, pour mieux dire, il serait entièrement couvert par les eaux, parce qu'elles se mettraient de niveau dans toute sa circonférence : il y fallait donc des montagnes pour y former des harmonies. Par elles, les vents soufflent, les eaux circulent, les plantent végètent, les animaux se meuvent, elles sont les claviers de ce grand orgue de la vie, que touchent successivement les rayons du soleil. On vante beaucoup de vues prises du sommet des montagnes; mais je trouve encore plus belles celles du fond des vallées: ce sont celles-là que peignent les peintres, et avec raison. Du haut des montagnes, on ne voit que le fond des vall ́es couvertes de brouillards; du fond des vallées, on voit les montagnes couronnées de nuages colorés par le soleil. Les premières vues nous montrent la terre, les secondes le ciel : les plus belles perspectives de la nature sont tirées du parterre, et à notre portée. Avant d'entrer dans quelques détails sur un si riche sujet, nous allons donner une idée de la manière dont nous concevons que les montagnes ont été formées. Il n'y a pas de doute que les volcaniennes vitrifiées ne doivent leur origine au feu ; les dunes sablonneuses, aux vents; les littorales calcaires, aux eaux. Les eaux de l'Océan surtout paraissent avoir déposé toutes les couches concentriques du globe; mais il est clair qu'elles l'auraient rendu parfaitement rond, s'il n'y avait pas eu des causes primordiales qui en eussent interrompu l'uniformité. Qui aurait creusé ces belles vallées qui le sillonnent? Mais les eaux courantes ont nécessairement leurs sources dans les hauteurs. Dire que les hauteurs doivent aussi leur origine aux eaux, c'est une pétition de principe. Les montagnes ont donc établi la première organisation du globe d'après des plans que Dieu a conçus dans sa sagesse. Il les a élevées, non à la manière des hommes, avec des machines, mais avec les élémens, et par les lois générales de la nature, qui sont ses mains et ses instrumens. S'il est permis à un faible mortel de suivre les traces de l'intelligence céleste, j'ose dire que l'attraction seule a suffi pour organiser la terre dans l'état où nous la voyons. Je reconnais d'abord une attraction centrale au milieu de la terre, qui est la cause de la pesanteur de tous les corps qui sont à sa surface, et de la rondeur de

son globe. J'admets ensuite des attractions partielles, qui ne sont peut-être que des rayons de la première, et qui se manifestent au pôle nord par le magnétisme, et aux sommets des hautes montagnes par différens degrés de magnétisme et d'électricité. Ces attractions partielles paraissent avoir leur siége dans des noyaux graniteux, et leur foyer dans les métaux qui s'y rencontrent originairement, tels que le fer, le cuivre, etc. Je suppose maintenant que la terre, étant dans un état de mollesse tel que semblent l'indiquer les différentes matières qui composent le granit, elle a subi à la fois l'influence de son attraction centrale, qui l'a arrondie en sphère, et l'influence de l'attraction solaire, qui lui a communiqué d'abord un mouvement circulaire autour du soleil et un de rotation sur elle-même. Dans ce mouvement de rotation, l'attraction solaire aura agi sur les attractions partielles de la terre, et aura élevé, en montagnes, diverses parties de sa circonférence, à différentes hauteurs, suivant leurs différens degrés d'attraction.

Pour vous former une idée des courbes variées que ces montagnes auront subies par ces attractions partielles du soleil, suspendez un fil aux deux montans parallèles qui supportent un carreau de vitre, de manière que ce fil ait de longueur une fois et demie la distance comprise entre les deux montans: il formera une courbe à peu près hémisphérique. Si vous descendez ensuite un de ses bouts le long d'un des montans, jusqu'à ce qu'il soit en ligne droite, il tracera successivement sur la vitre une multitude de courbes renversées, qui figureront celles des montagnes, depuis les hémisphériques jusqu'à celles qui sont formées par une légère portion elliptique. Dans cette hypothèse, la terre, qui attire le fil, agit sur toutes ses parties. Mais je suppose que l'attraction terrestre n'ait lieu que dans un seul point du fil; au milieu, par exemple, en y mettant un grain de plomb: alors le fil, au lieu de decrire une courbe, tracera les deux côtés d'un triangle, dont le sommet renversé sera au point d'attraction. Le sommet de ce triangle deviendra plus aigu à mesure que sa base se raccourcira, et plus obtus à mesure qu'elle s'alongera. L'attraction de la terre sur le fil représente celle du soleil sur les attractions partielles de la circonférence de la terre dans un état de mollesse. Là où il n'y a eu qu'un point d'altraction, il s'est formé une montagne à profil triangulaire, en pyramide, et même en pic, comme les littorales maritimes en général, ainsi qu'on le voit dans les vues marines de la plupart des îles. Le foyer de leur attraction se manifeste surtout à leurs sommets, dont il a été rapproché; il est sans cesse environné de nuages. Ces montagnes marines ont

uu aspect anguleux et rude, comme l'élément tempétueux qu'elles avoisinent. Mais, lorsque les attractions partielles ont agi sur toute l'étendue de la montagne, alors elles forment des courbes très-agréables et très-variées : telles sont en général celles des collines, des coteaux et des vallées qui sont dans l'intérieur des îles et des continens.

Je donne cette explication pour ce qu'elle vaut, c'est-à-dire pour peu de chose. Cependant je trouve qu'elle peut servir à nous donner une idée assez naturelle de la formation des montagnes de la terre, puisqu'elle résulte aussi de l'attraction solaire; loi qui sert à expliquer le mouvement de son globe. Je trouve encore que cette même cause peut rendre raison des fleurs, des fruits, des muscles des animaux, et surtout des formes du corps humain, si variées, si nombreuses, et où se trouvent réunies les plus belles courbes de la terre. Je suppose donc que c'est un foyer d'attraction solaire, qui s'étend en forme de coquilles hemisphériques dans les cinq pétales de la rose, en ovoide dans la tulipe, en spheroide dans la pomme. Chaque germe a ses formes déterminées, que le soleil développe tour à tour. Le fœtus humain a aussi les siennes, également soumises aux influences de l'astre du jour et de celui des nuits. Tous ses muscles et ses os sont en harmonie avec les diverses périodes des mois, des années et des cycles, et en reçoivent successivement leurs développemens aux époques de l'enfantement, de l'accouchement, de la dentition, de la puberté et de la virilité. Mais, comme les mon tagnes sont plus élevées au milieu de la terre, et sous la plus grande influence du soleil, de même les muscles sont plus renflés au milieu du corps humain et de sa plus grande chaleur. On trouve réunis, dans la zone torride du corps humain, comme dans les Cordilières et les monts de la Lune, des caractères électriques, volcaniens, éoliens, hydrauliques, pélagiens, littoraux, à ne les considérer qu'en physicien. Mais qui oserait ici prendre le pinceau pour en peindre les formes? C'est par celles-ci que Vénus est Vénus. Voilà les ondes d'où elle est sortie. Mais jetons simplement un coup d'œil sur les autres muscles, soit simples, soit combinés, nous verrons une attraction expansive les étendre et les renfler aux endroits du corps qui avaient le plus besoin de grâce et de force. Dans la tête, par exemple, joues elliptiques, mobiles charmans des ris et de la pudeur dans les jeunes filles; sur le sein maternel, les mamelles hémisphériques qui devaient nourrir des enfans; dans le corps de l'homme robuste qui devait les élever et les protéger, les muscles herculéens des jambes, des bras, des reins et des épaules, combinés sous une multitude

de formes. Vous diriez que ce fils de la terre et du ciel est formé, comme sa mère, de montagnes et de collines.

Quoique toutes les formes des corps soient renfermées dans la sphère, cependant la nature ne les engendre point, à la manière des hommes, avec un compas; mais elle se sert, pour les former, des qualités positives et négatives de ses attractions, qu'elle attache à chaque corps, suivant une infinité de modifications subordonnées à la loi universelle de leurs convenances. Le cône, dont on déduit les principales courbes, connues sous le nom de sections coniques, est lui-même engendré dans la sphère par la révolution circulaire de l'extrémité d'un de ses rayons autour d'un autre rayon qui lui sert d'axe. Si on voulait produire un grand nombre de courbes nouvelles, il ne s'agirait que d'avoir des vases de formes sphériques, coniques, elliptiques, paraboliques, hyperboliques, etc. En les remplissant d'eau à moitié et en les inclinant, on verrait le contour de l'eau présenter une multitude de courbes différentes, dont la sphère est génératrice, et dont l'attraction de la terre est le mobile en mettant l'eau de niveau. C'est par le moyen de l'eau, et par l'entrecoupure de ses differens niveaux, que tant de figures, régulièrement irrégulières, se sont formées dans l'intérieur des marbres. Mais, si l'on veut voir les plus belles courbes, dont la sphère est la génératrice, rassemblées et harmoniées à l'infini dans un concert parfait, il faut les considérer dans le corps humain. Pour en bien saisir les contours, il faut employer le même moyen dont se sont servis, suivant Winekelmann, de célèbres artistes italiens, pour copier les plus belles figures de l'antiquité. Ils les mettaient dans l'eau, dont les différentes hauteurs en saisissaient et dessinaient toutes les coupes avec la plus grande précision. Il n'y a pas de doute que, depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête, il n'y ait une infinité de coupes dont aucune ne se ressemble. Elles varieront toutes, si on incline la figure seulement d'un degré; et, si on augmente cette inclinaison de degré en degré, jusqu'à ce qu'elle soit horizontale, on trouvera pour ainsi dire, de minute en minute, autant de profils différens. Ces profils seront au nombre de cinq mille quatre cents pour la figure inclinée; et, si vous les joignez à ceux que donne la figure perpendiculaire, et à ceux que produirait l'horizontale, vous verrez qu'il n'y a point de paysage qui produise des aspects aussi variés que la figure humaine. Ajoutez-y maintenant les différences que les divers tempéramens, les âges et les sexes y apportent, vous connaîtrez que les beautés dont la

nature a revêtu l'homme sont inépuisables. Que serait-ce si vous en formiez, comme elle, des groupes de familles, de tribus, de nations! Que de courbes simples, à réflexion, à rebroussement, inconnues à notre géométrie ! Pour moi, la mienne est si bornée, que je ne puis expliquer comment se forme la réflexion lumineuse des deux portions circulaires, en forme de cœur, qui apparaît au fond d'une tasse à café cylindrique, lorsqu'on l'incline. Je vois bien que cette réflexion vient de la partie concave qui est éclairée; mais comment se décompose-t-elle sur le fond en deux portions de cercle, qui sont tangentes? J'en laisse chercher la raison à de plus habiles.

Tels sont les caractères principaux que j'ai recueillis sur les divers genres de montagnes élémentaires qui me sont connus. Avec plus de lumières j'en aurais pu rassembler davantage; mais lorsque je voyageais je ne soupçonnais pas qu'il y eût de l'ordre dans des sables et dans des rochers. Je croyais, d'après les livres, qu'il n'y avait sur la terre d'autre architecte que l'homme, et pas plus de cinq ordres d'architecture. Je m'imaginais que celui qui avait ordonné le monde avait réservé son intelligence pour les sphères célestes, et qu'il evait abandonné notre globe terrestre aux élémens, ainsi que ses productions à nos disputes. Mais j'ai entrevu depuis que les montagnes avaient des formes en rapport par leurs latitudes, nonseulement avec les élémens, mais avec des genres particuliers de végétaux et d'animaux, dont on ne trouve que là les espèces primordiales. Elle a donné au site le plus escarpé un quadrupède, et même un poisson; elle a planté un végétal qui les y attire par ses fruits ou ses insectes. Elle a mis le sapin sur les monts en amphithéâtre de l'Ecosse et de la Finlande, et elle a fait grimper vers lui la marmotte, habitante de leurs rochers, et bondir le saumon dans leurs rivières en cataractes. Pour varier ses plans, elle a couronné du même arbre les monts à plateau de la Nouvelle-Espagne, et elle a lancé vers lui, dans les airs, l'écureuil volant; elle a tapissé de pelouses quelques pentes des monts éoliens dans les Antilles, et elle y a roulé l'armadille entourée de brassarts. Elle a suspendu le singe à la liane flottante, qui pend des flancs des monts à parasol de la zone torride, et elle a accroché le bouquetin au buisson vertical au sommet des Alpes. Chaque rocher a son végétal, et chaque précipice son sauteur. Le saumon franchit le sien avec les reins, la marmotte avec les pieds, l'écureuil volant avec les bras, l'armadille avec le dos, le singe avec la queue, et le bouquetin avec les cornes.

Les montagnes élémentaires présentent encore d'autres caractères en harmonie avec les hommes. Il y en a d'hydrauliques, qui annoncent, sous une figure humaine, la vue des îles maritimes aux navigateurs. Tel est, à l'île de France, le pic de Pieter-Booth qui, par sa pyramide surmontée d'un chapiteau et entourée de nuages, ne ressemble pas mal à une figure de femme revêtue d'une robe flottante. Tel est encore, dans cette ile, le sommet de la montagne du Pouce, qui représente le profil d'une tête d'Encelade regardant vers le ciel. Ce furent, je pense, de semblables aspects qui donnèrent à Homère l'idée de feindre que le vaisseau d'Ulysse avait été changé en rocher en arrivant au port d'Ithaque, parce qu'à l'entrée de ce port s'élève un rocher qui ressemble de loin à un vaisseau à la voile. Celui-ci sert d'enseigne aux mariniers, pour leur indiquer leur route; mais d'autres, au contraire, les éloignent des parages dangereux par des formes et des bruits lugubres, comme le rocher de Scylla, noir, couvert de flots écumeux et glapissans, qui fournit encore à Homère la fiction d'une femme entourée d'une meute de chiens dévorans. L'Etna, avec ses feux, ses fumées, ses laves, ses mugissemens, ses agitations, donna autrefois à Virgile la terrible image du géant Encelade, foudroyé par Jupiter, et faisant trembler toute la Sicile. D'autres montagnes, placées au sein des terres, par leurs croupes majestueuses, leurs formes pyramidales et les riches accidens de lumière que le soleil répand sur les nuages qui s'y rassemblent, présentèrent à l'antiquité ingénieuse une image du palais des Muses ou du séjour des dieux. Tels furent le Parnasse en Phocide, et l'Olympe en Thessalie. Ces sensations intellectuelles sont sans doute destinées à élever l'homme vers les cieux. Elles ont captivé en tout temps et par tout pays l'imagination des peuples. C'est leur influence qui inspire aux Sauvages d'offrir des présens aux montagnes qu'ils croient habitées par les esprits, et qui engage une multitude de nations civilisées à bâtir des temples et des chapelles sur leurs sommets. C'est elle qui portait les Hébreux à sacrifier dans les lieux hauts, malgré les vives représentations de leurs prophètes, qui leur rappelaient que ce n était pas là que l'Eternel avait choisi sa demeure, et que la terre entière, avec toutes ses harmonies, était à peine digne d'être l'escabeau de ses pieds. Mais ces spéculations sont ici d'un ordre trop sublime. Quittons les hautes montagnes, descendons dans les humbles vallées, au sein des prairies, ou à l'ombre des forêts. Occupons-nous des harmonies de la terre avec les plantes.

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Ocean, it le: e; it cry an sommeis agre des montagnes hydrauliques, e à ceux des monts lunaires et solaires armen e "er, mais de toutes les couches fossis done terre es comreset, plus utile, te plus riche et li pius feconat el merveiles, est cele que nous fonions am breds; c'est elle qui produr nos moissons. OL I donne i nom d'uumus, sut a cause di ele es, it souter: de la vie humaine, sor pare o els et recoil tes depouilies. En effet, i mo mhunter veut dire deposer un corps dans "uumus. Ceta conchar Spperficielic, qui n'a guert dans nos contrees pins ďun pied de profondeur, es, formet des debris de fossiles, et surtout de vegetaus, dou: elit est à la fois le tombeau el is berceau. Quoigt ur grand nombre d'arimes tirent leur nourriture de l'interieur de la terre par leurs racines, ou de atmo sphere par leurs feuilles, ce n'est cependant qu'au sein de l'humus que leurs semences developpent leurs germes.

La conche vegetale de la terre est former principalement de debris de vegetaux: cependant on y trouve ceux des rochers les plus àurs reduits en sable ou en gravier. Nous avons demontre ailieurs que ces fragmens si nombreux resuhaient de l'artion des degels, on du tritus de l'Organ; Newton, de son côte, pretend que la solidine d'une pierre ne vient que de l'attraction de toutes ses parties. Il s'ensuivrait de la que la repuision mutuelle entrainerait la pulvérisation de cette même pierre. C'est, ce me semble, etendre un peu join l'attraction des parties integrantes d'un corps, que d'en faire resuher sa solidité et sa durete. Ne pourraiton pas même tirer de ce raisonnement une forte objection contre l'attraction des planetes, qui aurait dû reunir en un seul bloc tout notre système planetaire, malgre leur force de projection? Quoi * qu'il en soit, si, malgre l'attraction centrale de la terre, tous les grains de sable qui composent une montagne de grès, telle que celle de la Table, se sont alliés et ont apposé leurs faces assez juste pour n'en former qu'une masse très-dure et trèselevée, comment se fait-il que dans tous ceux que renferment tant de sablonnières, il n'y ait pas deux grains d'adhérens? Si cette double merveille re

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UNE har: viennent as emratus voisins par leurs st fares e tous cum antre part, s et tiennent shares, anoid poses les uns su tes autres ce pendan: i sei, tan, beer ont des Frais di sahit soient des rubes rezuiters teurs faces, vies, an MHOTOSTONE, SON auss megates out celles des plu anres michiers. Comment dont ani-elies pt tonte * rencontrer inst, et adherer les unes aux autres pat attraction, ar poin; de former des Pyrenees € des Alpes'

O vanitt et faiblesse at Tentendemen humain L veu remonter usar'i "origine des choses, et il nt peut savoir lequel a etc it reemie du rochet ot du grain, de sabit, et si celui-ci est it fondement OL it debris de Fantre. Ce m'i ya de pertam, c'est que tous les deux entrent necessairement dans la construction de la terre sons lem forme individuelie. Ses harmonies ne pourraient pas plus subs sister sur un giobe d'un sen, bior, que reduit en poudre. Pour moi, je suis plus franne de ses par ties solides one des pulverisees, qnoigne egalement étonnantes. Je ressemble à ce bon nègre, qm, voyant deboncher une bauteilit de vin monsseiĽA de Champagne, s'etonnaît, non de ce que le vin sortait de k bomeilie, mais de ce qu'on avait pu Ty faire entrer. L'agregation me paraît plus surprenante que la dissolution, et la construction plus que la destruction. Quoiqu'il en soit, la nature em pioie les unes et les autres aux harmonies de ses onvrages; elle ne fait subsister la vie que des ruines de la mort. Les fossiles mêmes, qui paraissent purs el que l'on trouve par couches an dessous de la terre vegetale, tels que le sable, l'argile, la marne, les granits, les banes de coquilles, les dehas de pierres, produisent, chacun à part, um petit nombre de vegetaux qui leur sont propres ; mais si on les mèle ensemble dans certaines proportions, tontes ces matières heterogènes composent un sol trèsfertile; tant il est vrai que tout est harmonie jusque dans les débris des êtres inanimes. La terre vegetale n'est qu'une matrice qui pompe sans cesse les rayons du soleil, Fair vivilìant de l'atmosphère et l'eau feconde des pluies. C'est pour y introduire l'harmonie des elemens, que la nature y dissemina tant d'insectes et d'animaux, qui la criblent de trous, et que l'homme, à leur exemple, la labonve

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