ner,

cun tourne autour de fon Soleil fans changer de place, chacun prend la maniere de tourqui eft la plus commode & la plus aifée dans la fituation où il eft. Ils s'engrainent en quelque façon les uns dans les autres comme les roues d'une Montre, & aident mutuellement leurs mouvemens. Il eft pourtant vray qu'ils agiffent auffi les uns contre les autres. Chaque Monde, à ce qu'on dit, eft comme un Balon qui s'enfle de foymefme, & qui s'étendroit, fi on le laiffoit faire, mais il eft auffi-toft repouffé par les Mondes voifins, & il rentre en luy-mefine, aprés quoy il recommence à s'enfler, & ainfi de fuite; & on prétend que les Etoiles fixes ne nous envoyent cette lumiere tremblante, & ne paroiffent briller à reprises, que parce que leurs Tourbillons pouffent perpetuellement le nostre, & en font perpetuellement repouffez.

J'aime fort toutes ces idées-là, dit la Marquife. J'aime ces Balons qui s'enflent & fe defenflent à chaque moment, & ces Mondes qui fe combattent toûjours, & fur tout j'aime à voir comment ce combat fait entr'eux un commerce de lumiere, qui apparemment est le feul qu'ils puiffent avoir.

Non, non, repris-je, ce n'eft pas le feul. Les Mondes voitins nous envoyent quelquefois vifiter, & mefme affez magnifiquement. Il nous envoient des Cometes, qui font toûjours ornées, ou d'une chevelure éclatante ou d'une barbe venerable, ou d'une queue majeftucufc. Ah?

Ah! quels Députez, dit-elle en riant! On fe pafferoit bien de leur vifite, elle ne fert qu'à faire peur. Ils ne font peur qu'aux enfans, repliquay-je, à cause de leur équipage extraordinaire; mais les enfans font en grand nombre. Les Cometes ne font que des Planetes qui appartiennent à un Tourbillon voifin. Elles avoient leur mouvement vers fes extremitez, mais ce Tourbillon estant peuteftre differeminent preffé par ceux qui l'environnent, eft plus rond par en haut, & plus plat par en bas, & c'eft par en bas qu'il nous regarde. Ces Planetes qui auront commencé vers le haut à fe mouvoir en cercle, ne pré. voyoient pas qu'en bas le Tourbillon leur manqueroit, parce qu'il eft là comme écrafé, & pour continuer leur mouvement circulaire, il faut neceffairement qu'elles entrent dans un autre Tourbillon, que je fuppofe qui eft le noftre, & qu'elles en coupent les extremitez. Auffi font-elles toûjours fort élevées à noftre égard, elles marchent beaucoup au deffus de Saturne. Il eft neceffaire dans noftre Siftême, pour des raifons qui ne font rien à noftre fujet prefent, que depuis Saturne jufqu'aux extremitez de noftre Tourbillon, il y ait un grand efpace vuide, & fans Planetes. Nos Ënnemis nous reprochent fans ceffe l'inutilité de ce grand espace. Qu'ils ne s'inquietent plus, nous en avons trouvé l'ufage, c'est l'apparte ment des Planetes étrangeres qui entrent dans noftre Monde.

J'entens, dit-elle. Nous ne leur permettons

pas

pas d'entrer jufque dans le cœur de noftre Tourbillon, & de fe mêler avec nos Planetes, nous les recevons comme le grand Seigneur reçoit les Ambafladeurs qu'on luy envoye. Il ne leur fait pas l'honneur de les loger à Conftantinople, mais feulement dans un Faux-bourg de la Ville. Nous avons encore cela de commun avec les Ottomans repris-je, qu'ils reçoivent des Ambafladeurs fans en renvoyer, & que nous ne renvoyons point de nos Planetes aux Mondes voitins.

A en juger par toutes ces chofes, repliqua-t-elle, nous fommes bien fiers. Cependant je ne fçay pas trop encore ce que j'en dois croire. Ces Planetes étrangeres ont un air bien menaçant avec leurs queues & leurs barbes, & peut-eftre on nous les envoye pour nous infulter, au lieu que les noftres, qui ne font pas faites de la mefme maniere, ne feroient pas fi propres à fe faire craindre, quand elles iroient dans les autres Mondes.

Les queues & les barbes, répondis-je, ne' font que de pures apparences. Les Planetes étrangeres ne different en rien des noftres, mais en entrant dans noftre Tourbillon, elles prennent la queue ou la barbe par une certaine forte d'illumination qu'elles reçoivent du Soleil, & qui entre nous n'a pas en-, core cfté trop bien expliquée; mais toûjours on eft feur qu'il ne s'agit que d'une efpeced'illumination; on la devinera quand on pourra. Je voudrois donc bien, reprit-elle, que noftre Saturne allaft prendre une queue "H

ou

ou une barbe daris quelque autre Tourbillon, & y répandre l'effroy, & qu'enfuite ayant mis bas cette accompagnement ferrible, il revint fe ranger tcy avec les autres Planetes à fes fonctions ordinaires. Il vaut mieux pour luy, répondis-je, qu'il ne forte point de noftre Tourbillon. Je vous ay dit le choc qui fe fait à l'endroit où deux Tourbillons fe pouffent, & fe tepotiffent l'un l'autre je croy que dans ce païs-là tine pauvre Planete eft agitée affez rudement, & que fes Habitans ne s'en portent pas mieux. Nous croyons nous autres eftre bien 'malheureux quand il nous paroift une Comete ; c'est la Comete elle mefme qui eft bien malheureufe... Je ne le crois point, dit la Marquise, elle nous apporte tous fes Habitans en bonne fanté.. Rien n'eft, fi divertiffant que de changer ainfi de Tourbillon. Nous qui ne fortons jamais du nostre, nous mènons une vie aflez ennuycufe. Si les Habitans d'une Comete bnt affez d'efprit pour prévoir le temps de leur paffage dans noftre Monde, ceux qui ont déja fait le voyage, annoncént aux autrès par avance ce qu'ils y “verrönt. Vous découvrirez bien-toft une Planete qui a un grand Anneau autour d'elle, 'difent ils, peut-eftre, en parlant de Saturne. Vous en verrez une autre qui en a quatre petitès qui fa faivent. Peut-eftre mefine y a-t-il des gefs deftinez à obferver le 'moment où ils entrent dans noftre Monde, & qui' crient auffi-toft, Nouveau Soleil, Nouveau Soleil, comme ces Matelots qui crient, Terre, Terre,

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Il ne faut donc plus fonger, luy dis-je, à vous donner de la pitié pour les Habitans une Comete, mais j'efpere du moins que vous plaindrez ceux qui vivent dans un Tourbillon dont le Soleil vient à s'éteindre, & qui demeurent dans une nuit éternelle. Quoy? stécria-t-elle, des Soleils s'éteignent? Quy, fans doute, répondis-je. Les Anciens ont vu dans le Ciel des Etoiles fixes que nous n'y voyons plus. Ces Soleils ont perdu leur lumiere; grande defolation afleurément dans tout le Tourbillon; mortalité generale fur toutes les Planetes; car que faire fans Soleil? Cette idée eft trop funefte, reprit-elle. N'y auroit-il pás moyen de me l'épargner? ¡Je vous diray fi vous voulez, répondis-je, ce que difent de fort habiles gens, que ces Etoiles fixes qui sont difparu ne fe font pas pour cela éteintes, que ce font des Soleils qui ne de font qu'à demy, d'eft-à-dire, qui ont une moitié obfcure, & l'autre lumineufe; que comme ils tournent fur eux-melmes, tantost ils nous prefentent la moitié lumineuse, & qu'alors nous les voyons, tantoft la moitié obfcure, & qu'alors nous ne les voyons.plus. Je prendray bien pour vous obliger cette opinion là, qui eft plus douce que, l'autre, mais je ne puis la prendre qu'à l'égard de certaines Etoiles qui ont des temps reglez pour paroiftre & pour difparoiftre, ainfi qu'on a commencé à s'en appercevoir, autrement les demy-Soleils ne peuvent pas fubfifter. Mais que dirons nous des Etoiles quidifparoiffent,

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& ne