FABLE XVIII. Le Renard et la Cigogne. COMPÈRE le renard se mit un jour en frais, La cigogne au long bec n'en put attraper miette; Pour se venger de cette tromperie, A quelque temps de là, la cigogne le prie. Je ne fais point cérémonie. A l'heure dite, il courut au logis De la cigogne son hôtesse; Loua très fort sa politesse; Pon appétit surtout; renards n'en manquent point. Mise en menus morceaux, et qu'il croyoit friande. On servit, pour l'embarrasser, En un vase à long col et d'étroite embouchure. Il lui fallut à jeun retourner au logis, Honteux comme un renard qu'une poule auroit pris, Serrant la queue, et portant bas l'oreille. Trompeurs, c'est pour vous que j'écris: Attendez-vous à la pareille. Qu'ils ont de maux! et que je plains leur sort! Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense. FABLE XX. Le Coq et la Perle. Us jour un coq détourna Je la crois fine, dit-il ; Mais le moindre grain de mil D'un manuscrit, qu'il porta Je crois, dit il, qu'il est bon; FABLE XIX. L'Enfant et le Maitre d'école. DANS ce récit je prétends faire voir Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir, FABLE XXI. Les Frelons et les Mouches à miel. A l'œuvre on connoît l'artisan. Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent: Des frelons les réclamèrent: Des abeilles s'opposant, Devant certaine guêpe on traduisit la cause. Les témoins déposoient qu'autour de ces rayons La guêpe, ne sachant que dire à ces raisons, Le point n'en put être éclairci. Depuis tantôt six mois que la cause est pendante, Un roitelet, pour vous, est un pesant fardeau ou Le moindre vent qui, d'aventure, Fait rider da face de l'eau, Vous oblige à baisser la tête. Cependant que mon front, au Caucase pareil, Brave l'effort de la tempête. Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr. Dont je couvre le voisinage, Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des royaumes du vent. Les vents me sont moins qu'à vous redoutables; Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos; Mais attendons la fin. Comme il disoit ces mots, Le plus terrible des enfants Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flanes. Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu'il déracine Celui de qui la tête au ciel étoit voisine Et dont les pieds touchoient à l'empire des morts. } FIN DU LIVRE PREMIER. LIVRE SECOND. FABLE PREMIERE. Contre ceux qui ont le goût difficile. QUAND J'aurois, en naissant, reçu de Calliope Le mensonge et les vers de tout temps sont amis. J'ai passé plus avant; les arbres et les plantes De cinq ou six contes d'enfant. Censeurs, en voulez-vous qui soient plus authentiques Et d'un style plus haut? En voici. Les Troyens, Après dix ans de guerre autour de leurs murailles, Avoient lassé les Grecs, qui, par mille moyens, Par mille assauts, par cent batailles, N'avoient pu mettre à bout cette fière cité ; Quand un cheval de bois, par Minerve inventé, D'un rare et nouvel artifice, Dans ses énormes flanes reçut le sage Ulysse |