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Il tient déjà mille menus propos;
Sans se méprendre il rit à la plus belle.
C'est, ce dit-on, la meilleure cervelle
De nourrisson qui soit sous le soleil:
Pour bien teter il n'a pas son pareil;
Il fait en tout son jugement paroître.
Quelqu'un m'a dit qu'il sera du conseil
(Sans y manquer) du dauphin qui va naître.

Or vous voilà mère de trois Amours:
Dieu soit loué! La reine de Cythère
N'en a qu'un seul, qu'elle montre toujours;
Et cet enfant ne va pas sans sa mère :
A se conduire il n'a pas peu d'affaire,
Étant privé de la clarté des cieux.

Mais vos trois fils ont chacun deux beaux yeux,
Deux magasins de lumière et de flamme,
Deux vrais soleils, dont l'éclat radieux
Éblouira quelque jour plus d'une ame.
De vos aînés d'autres gens ont écrit ;
De ce cadet je dirai quelque chose.
C'est un enfant tout sens et tout esprit :
D'un feu de joie au Parnasse il est cause;
A le louer déjà l'on se dispose.
Son nom, chanté par cent auteurs divers,
Sera bientôt le sujet de nos vers,
Et remplira, selon son horoscope,
Tous les échos qui sont dans l'univers :
Pour un tel nom trop petite est l'Europe.

J'ai de mon dire Apollon pour garant.
Voici de plus ce qu'ajoute Uranie:
Notre petit doit un jour être grand;
C'est Jupiter qui réglera sa vie :
Il lui promet des biens dignes d'envie,
De hauts emplois, des honneurs à foison:
Et cet enfant est né dans sa maison,
Ce qui présage une grandeur suprême.
Vous voyez bien que ma Muse a raison ;
Car Jupiter et Louis c'est le même.
Dans l'horoscope il est encor parlé
Des qualités nobles, grandes et belles,
Par qui sera cet enfant signalé,
Et dont il a déjà des étincelles.

Je crois qu'en lui la raison a des ailes.
Comme son père il aimera l'honneur:
Il logera quelque jour dans son cœur
De rares dons une troupe infinie:
Ce me seroit un insigne bonheur
Si je logeois en telle compagnie.

LETTRE

A MADAME DE C**.

ABBESSE DE M.

1658.

Très révérente mère en Dieu,

Qui révérente n'étes guère,

Et qui moins encore êtes mère,
On vous adore en certain lieu
D'où l'on n'ose vous l'aller dire,
Si l'on n'a patentes du sire
Qui fit attraper Girardin,
Lequel alloit voir son jardin,
Puis le mit à grosse finance.
Les Rocroix, gens sans conscience,
Me prendroient aussi bien que lui,
Vous allant conter mon ennui.
J'aurois beau dire à voix soumise:
Messieurs, cherchez meilleure prise;
Phébus n'a point de nourrisson
Qui soit homme à haute rançon.
Je suis un homme de Champagne,
Qui n'en veux point au roi d'Espagne ;
Cupidon seul me fait marcher.
Enfin, j'aurois beau les prêcher,
Montal ne se soucieroit guère

De Cupidon ni de sa mère :

Pour cet homme, en fer tout confit,
Passeport d'Amour ne suffit.

En attendant que Mars m'en donne un, et le sine
(Mars ou Condé, car c'est tout un,
Comme tout un vous et Cyprine,)
Je ne bouge; et j'ai bien la mine

De ne pas être importun.

Votre séjour sent un peu trop la poudre ;

Non la poudre à têtes friser,

Mais la poudre à têtes briser;
Ce que je crains comme la foudre,
C'est à dire un peu moins que vous;

Car tous vos coups

Ne sont pas doux

Comme ils le semblent :

Le cœur dès l'abord ils nous emblent, Puis le repos, puis le repas,

Puis ils font tant, qu'ils causent le trepas.

Je vis pourtant, à ne vous point mentir :
Que serviroit de déguiser les choses?
Mais comment vis-je ? et qu'il nous faut pâtir
Dans vos prisons, où l'on fait longues pauses!
Noires ne sont, et pourtant sont mieux closes
Qu'aucun châtel. Quand léans on se voit,
Pleu rs et soupirs ce sont boutons de roses;
On n'en sort pas ainsi que l'on voudroit.
Aussi, quand on vous fit abbesse,
Et qu'on renferma vos appas,
Qui fut camus? c'est le trépas.
Que les champs libres on leur laisse
Un peu,

Je gage

Qu'on verra, s'ils sortent de cage,

-Beau jeu.

Dessous la clef on les a mis Comme une chose rare et dangereuse ;

Et pour épargner ses amis

Le ciel vous fit jurer d'être religieuse.

Comme vos yeux alloient tout embraser,
Il fut conclu par votre parentage
Qu'on vous feroit un couvent épouser :
Deux ans après se fit le mariage.
De s'y trouver votre bonté fut sage;
Sans point de faute Hymen en fit autant;
Mot ne sonnoit; et, quant à moi, je gage
Que de l'affaire il n'étoit pas content.

Ce même jour, pour le certain,
Amour se fit bénédictin;

Et, sans trop faire la mutine,
Vénus se fit bénédictine;

Les Ris, ne bougeant d'avec vous,
Bénédictins se firent to us;

Et les Grâces, qui vous suivirent,
Bénédictines se rendirent:

Tous les dieux qu'en Cypre on connoît
Prirent l'habit de saint Benoît.

Vous vêtir d'or, ce seroit grand dommage,
Puisqu'en habits sans coûts et sans façon
De triompher votre beauté fait rage;
Si qu'à la cour elle en feroit leçon.
Pardonnez-moi si j'ai quelque soupçon
Que cet habit dont vous êtes vêtue,
En vous voilant, soit receleur d'appas :
N'en est-il point dont il puisse à ma vue
Se confier? je ne le dirois pas.

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Phébus tenant chez vous son consistoire.
Entre les dieux, et c'est chose notoire,
En me louant Sévigné me plaça ;
J'étois alors deux cent mille au-deçà,
Voire encor plus, du temple de Mémoire.
Ingrat ne suis; son nom seroit piéça
Delà le ciel, si l'on m'en vouloit croire.

QUATRAIN

A M...

Je ne m'attendois pas d'être loué de vous;
Cet honneur me surprend, il faut que je l'avoue
Mais de tous les plaisirs le plaisir le plus doux
C'est de se voir loué de ceux que chacun loue.

ÉPITAPHE

D'UN GRAND PARLEUR.

1660.

Sous ce tombeau pour toujours dort
Paul, qui toujours contoit merveilles ;
Louange à Dieu, repos au mort,
Et paix en terre à nos oreilles

RONDEAU REDOUBLÉ.

1660.

Qu'un vain scrupule à ma flamme s'oppose, Je ne le puis souffrir aucunement,

Bien que chacun en murmure et nous glose;
Et c'est assez pour perdre votre amant.

Si j'avois bruit de mauvais garnement,
Vous me pourriez bannir à juste cause;
Ne l'ayant point, c'est sans nul fondement
Qu'un vain scrupule à ma flamme s'oppose.

Que vous m'aimiez, c'est pour moi lettre close;
Voire on diroit que quelque changement

A m'alléguer ces raisons vous dispose:

Je ne le puis souffrir aucunement.

Bien moins pourroit vous cacher mon tourment,
N'ayant pas mis au contrat cette clause;
Toujours ferai l'amour ouvertement,
Bien que chacun en murmure et nous glose.
Ainsi s'aimer est plus doux qu'eau de rose;
Souffrez-le done, Phyllis; car autrement,
Loin de vos yeux je vais faire une pause;
Et c'est assez pour perdre votre amant.
Pourriez-vous voir ce triste éloignement ?
De vos faveurs doublez plutôt la dose.
Amour ne veut tant de raisonnement:
Ce point d'honneur, ma foi, n'est autre chose
Qu'un vain scrupule.

BALLADE

A M. FOUQUET,

POUR LE PONT DE CHATEAU-THIERRY.

1659.

DANS cet écrit, notre pauvre cité

Par moi, seigneur, humblement vous supplie,
Disant qu'après le pénultième été
L'hiver survint avec grande furie,
Monceaux de neiges, et gros randons de pluie,
Dont maint ruisseau croissant subitement,
Traita nos ponts bien peu courtoisement.
Si vous voulez qu'on les puisse refaire,

De bons moyens j'en sais certainement :
L'argent surtout est chose nécessaire.
Or d'en avoir c'est la difficulté:
La ville en est de long-temps dégarnie.
Qu'y feroit-on ? vice n'est pauvreté
Mais cependant, si l'on n'y reniédie,
Chaussée et pont s'en vont à la voirie.
Depuis dix ans nous ne savons comment
La Marne fait des siennes tellement
Que c'est pitié de la voir en colère.
Pour s'opposer à son débordement,
L'argent surtout est chose nécessaire.

Si demandez combien en vérité

L'œuvre en requiert, tant que soit accomplie,
Dix mille écus en argent bien compté,
C'est justement ce de quoi l'on vous prie.
Mais
que le prince en donne une partie,
Le tout, s'il veut, j'ai bon consentement
De l'agréer, sans craindre aucunement.
S'il ne le veut, afin d'y satisfaire,

Aux échevins on dira franchement :
L'argent surtout est chose nécessaire.

ENVOI

Pour ce vous plaise ordonner promptement
Pour être fait du fonds suffisamment;

Car vous savez, seigneur, qu'en toute affaire,
Procès, négoce, hymen, ou bâtiment,
L'argent surtout est chose nécessaire.

BALLADE

SUR ESCOBAR.

1664.

C'EST à bon droit que l'on condamne à Rome
L'évêque d'Ypre, auteur de vains débats.
Ses sectateurs nous défendent en somme
Tous les plaisirs que l'on goûte ici-bas.
En paradis allant au petit pas,
On y parvient, quoique ARNACLD nous en die :
La volupté sans cause il a bannie.
Veut-on monter sur les célestes tours?
Chemin pierreux est grande rêverie :
ESCOBAR Sait un chemin de velours.

Il ne dit pas qu'on peut tuer un homme
Qui, sans raison, nous tient en altercas
Pour un fétu ou bien pour une pomme;
Mais qu'on le peut pour quatre ou einq ducats.
Même il soutient qu'on peut en certains cas
Faire un serment plein de supercherie,
S'abandonner aux douceurs de la vie,
S'il est besoin, conserver ses amours.
Ne faut-il pas après cela qu'on crie:
ESCOBAR sait un chemin de velours?

Au nom de Dieu, lisez-moi quelque somme
De ces écrits dont chez lui l'on fait cas.
Qu'est-il besoin qu'à présent je les nomme?
Il en est tant qu'on ne les connoît pas.
De leurs avis servez-vous pour compas.
N'admettez qu'eux en votre librairie ;
Brûlez ARNAULD avec sa coterie,
Près d'ESCOBAR ce ne sont qu'esprits lourds.
Je vous le dis: ce n'est point raillerie,
ESCOBAR sait un chemin de velours.

ENVOI.

Toi, que l'orgueil poussa dans la voirie,
Qui tiens là-bas noire conciergerie,
Lucifer, chef des infernales cours,
Pour éviter les traits de ta furie,
ESCOBAR sait un chemin de velours.

SONNET

POUR S.A.R. MADEMOISELLE D'ALENÇON.

1665.

Ne serons-nous jamais affranchis des alarmes ?
Six étés n'ont pas vu la paix dans ces climats,
Et déjà le démon qui préside aux combats
Recommence à forger l'iustrument de nos larmes.
Opposez-vous, Olympe, à la fureur des armes :
Faites parler l'Amour, et ne permettez pas
Qu'on décide sans lui du sort de tant d'États;
Souffrez que votre hymen interpose ses charmes.

C'est le plus digne prix dont on puisse acheter
Ce bien qui ne sauroit aux mortels trop coûter:
Je sais qu'il nous faudra vous perdre en récompense.

Un souverain bonheur pour l'empire françois,
Ce seroit cette paix avec votre présence;
Mais le ciel ne fait pas tous ses dons à la fois.

SONNET

POUR MADEMOISELLE DE POUSSAY.
J'AVOIS brisé les fers d'Aminte et de Sylvie :
J'étois libre, et vivois content et sans amour:
L'innocente beauté des jardins et du jour
Alloit faire à jamais le charme de ma vie.

Quand du milieu d'un cloître Amarante est sortie.
Que de grâces, bons dieux! tout rit dans Luxembourg:
La jeune Olympe voit maintenant à sa cour
Celle

que tout Paphos en ces lieux a suivie. Sur ce nouvel objet chacun porte les yeux: Mais, en considérant cet ouvrage des cieux,

Je ne sais quelle crainte en mon cœur se réveille.

Quoi qu'Amour toutefois veuille ordonner de moi, Il est beau de mourir des coups d'une merveille Dont un regard feroit la fortune d'un roi.

Une petite camusette, Friponne, drue et joliette, Avec qui l'on l'enfermera: Puis s'en démêle qui pourra.

ÉPITRE

POUR MIGNON,

CHIEN DE S. A. R. MADAME LA DUCHESSE D'ORLEANS.

PETIT chien, que les destinées
T'ont filé d'heureuses années!
Tu sors des mains dont les appas

De tous les sceptres d'ici-bas
Out pensé porter le plus riche;
Les mains de la maison d'Autriche
Leur ont ravi ce doux espoir :
Nous ne pouvions que bien échoir.
Tu sors de mains pleines de charmes :
Heureux le dieu de qui les larmes
Mériteroient, par leur amour.
De s'en voir essuyer un jour!
De ces mains, hôtesses des grâces,
Petit chien, en d'autres tu passes
Qui n'ont pas eu moins de beauté,
Sans mettre en compte leur bonté.
Elles te font mille caresses:

Tu plais aux dames, aux princesses;
Et si la reine t'avoit vu,
Mignon à la reine auroit plu,
Mignon a la taille mignonne ;
Toute sa petite personue
Plait aux Iris des petits chiens,
Ainsi qu'à celles des chrétiens.

Las qu'ai je dit qui te fait plaindre ?
Ce mot d'Iris est-il à craindre ?
Petit chien, qu'as-tu ? dis-le moi.
N'es-tu pas plus aise qu'un roi ?
Trois ou quatre jeunes fillettes

Dans leurs manchons aux peaux douillettes
Tout l'hiver te tiennent placé :
Puis de madame de Crissé
N'as-tu pas maint dévot sourire?

D'où vient donc que ton cœur soupire?
Que te faut-il? un peu d'amour.
Dans un côté du Luxembourg

Je t'apprends qu'Amour craint le suisse;
Même on lui rend mauvais office
Auprès de la divinité

Qui fait ouvrir l'autre côté

- Cela vous est facile à dire,

Vous qui courez partout, beau sire;
Mais moi.... Parle bas, petit chien ;
Si l'évêque de Bethleem

Nous entendoit, Dieu sait la vie.

Tu verras pourtant ton envie
Satisfaite dans quelque temps.
Je te promets à ce printemps

ÉPITRE

A SON ALTESSE SERENISSIME

MADAME LA PRINCESSE DE BAVIÈRE.

1669.

VOTRE altesse sérénissime

A, dit-on, pour moi quelque estime,
Et veut que je lui mande en vers
Les affaires de l'univers;
J'entends les affaires de France:
J'obéis et romps mon silence.
L'intérêt et l'ambition
Travaillent à l'élection

Du monarque de la Pologne.
On croit ici que la besogne
Est avancée et les esprits
Font tantôt accorder le prix
Au Lorrain, puis au Moscovite,
Condé, Nieubourg; car le mérite
De tous côtés fait embarras.
Condé, je crois, n'en manque pas.
Si votre époux vouloit, madame,
Régner ailleurs que sur votre ame,
On ne peut faire un meilleur choix.
Heureux qui vivroit sous ses lois !
Ceux qui des affaires publiques
Parlent toujours en politiques,
Réglant ceci, jugeant cela,
(Et je suis de ce nombre-là };
Les raisonneurs, dis-je, prétendent
Qu'au Lorrain plusieurs princes tendent.
Quant à Moscow, nous l'excluons;
Voici sur quoi nous nous fondons:
Le schisme y règne; et puis son prince
Mettroit la Pologne en province.
Nieubourg nous acccommoderoit:
Au roi de France il donneroit
Quelque fleuron pour sa couronne,
Moyennant tant, comme l'on donne,
Et point autrement ici-bas.
Nous serions voisins des États;
Ils en ont l'alarme, et font brigue.
Contre Louis chacun se ligue.
Cela lui fait beaucoup d'honneur,
Et ne lui donne point de peur.
Que craindroit-il, lui dont les armes
Vont aux Tures causer des alarmes?
Nous attendons du Grand-Seigneur
Un bel et bon ambassadeur:

Il vient avec grande cohorte.
Le nôtre est flatté par la Porte.

Tout ceci la paix nous promet Entre Saint-Marc et Mahomet, Notre prince en sera l'arbitre : Il le peut être à juste titre ; Et feroit même, contre soi; Justice au Ture en bonne foi. Pendant que je suis sur la guerre Que Saint-Marc souffre dans sa terre, Deux de vos frères sur les flots Vont secourir les Candiots. Oh! combien de sultanes prises! Que de croissants dans nos églises ! Quel nombre de turbans fendu! Tête et turban, bien entendu. Puisqu'en parlant de ces matières Me voici tombé sur vos frères, Vous saurez que le chambellan A couru cent cerfs en un an. Courir des hommes, je le gage, Lui plairoit beaucoup davantage ; Mais de long-temps il n'en courra : Son ardeur se contentera, S'il lui plaît, d'une ombre de D'Auvergne s'est dans notre terre Rompu le bras: il est guéri. Ce prince a dans Château-Thierri Passé deux mois et davantage.

guerre.

Rien de meilleur, rien de plus sage, Et de plus selon mes souhaits, Parmi les grands ne fut jamais. Le duc d'Albret donne à l'étude Sa principale inquiétude. Toujours il augmente en savoir. Je suis jeune assez pour le voir Au-dessus des premières tétes. Son bel esprit, ses mœurs honnêtes L'élèveront à tel degré Qu'enfin je m'en contenterai. Veuille le ciel à tous ses frères Rendre toutes choses prospères, Et leur donner autant de nom, Autant d'éclat et de renom, Autant de lauriers et de gloire Que par les mains de la Victoire L'oncle en reçoit depuis long-temps ! Si leurs désirs n'en sont contents, Et que plus haut leur ame aspire, Je serai le premier à dire Qu'ils auront tort, et que les cœurs Ne sont jamais souls de grandeurs. Trouveront-ils en des familles, Par les garçons et par les filles, Par le père et par les aïeux, Un tel nombre de demi-dieux, Et de déesses tout entières ? Car demi-déesses n'est guères En usage, à mon sentiment; Puis, quand je n'aurois seulement Qu'à præler de votre mérite;

L'expression seroit petite.

Veuille le ciel, à votre tour,
Vous donner un petit Amour
Qui, par la suite des années,
D'un grand Mars ait les destinées!
Au moment que j'écris ces vers,
Et m'informe des bruits divers,
Je viens d'apprendre une nouvelle :
C'est que, pour éviter querelle,
On s'est en Pologne choisi

Un roi dont le nom est en ski.

Ces messieurs du Nord font la nique

A toute notre politique.

Notre argent, celui des États,

Est celui d'autres potentats

Bien moins en fonds, comme on peut croire,

Force santé aura fait boire;

Et puis c'est tout. Je crois qu'en paix
Dans la Pologne désormais

On pourra s'élire des princes;

Et que l'argent de nos provinces
Ne sera pas une autre fois

Si friand de faire des rois.

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attendu pour vous un moindre prix; De votre dignité je ne suis point surpris: S'il m'en souvient, seigneur, je crois l'avoir prédite : Vous voilà deux fois prince; et ce rang glorieux Est en vous désormais la marque du mérite, Aussi bien qu'il l'étoit de la faveur des cieux.

A MONSEIGNEUR

LE PRINCE DE CONTI.

PRINCE chéri du ciel, qui fais voir à la France
Les fruits de l'âge mûr joints au fleurs de l'enfance,
CONTI, dont le mérite avant-courrier des ans,
A des astres benins épuisé les présents,

A l'abri de ton nom les månes des Malherbes
Paroîtront désormais plus grands et plus superbes ;
Les Racan, les Godeau, auront d'autres attraits;
La scène semblera briller de nouveaux traits;
Par ton nom tu rendras ces ouvrages durables:
Après mille soleils ils seront agréables.

Si le pieux y règne, on n'en a point banni

Du profane innocent le mélange infini.

Pour moi, je n'ai de part en ces dons du Parnasse

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