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AUTREFOIS l'éléphant et le rhinocéros,
En dispute du pas et des droits de l'empire,
Voulurent terminer la querelle en champ clos.
Le jour en étoit pris, quand quelqu'un vint leur dire
Que le singe de Jupiter,

Portant un caducée, avoit

paru

dans l'air.

Ce singe avoit nom Gille, à ce que dit l'histoire.
Aussitôt l'éléphant de croire
Qu'en qualité d'ambassadeur
Il venoit trouver sa grandeur.
Tout fier de ce sujet de gloire,

Il attend maître Gille, et le trouve un peu lent

A lui présenter sa créance.

Maitre Gille enfin, en passant,
Va saluer son excellence.

L'autre étoit préparé sur la légation:

Mais pas un mot. L'attention

Qu'il croyoit que les dieux eussent à sa querelle
N'agitoit pas encor chez eux cette nouvelle.

Qu'importe à ceux du firmament
Qu'on soit mouche ou bien éléphant?
Il se vit done réduit à commencer lui-même.
Mon cousin Jupiter, dit-il, verra dans peu
Un assez beau combat, de son trône suprême;
Toute sa cour verra beau jeu.

Quel combat? dit le singe, avec un front sévère.
L'éléphant repartit: Quoi! vous ne savez pas
Que le rhinocéros me dispute le pas;
Qu'Éléphantide a guerre avecque Rhinocère?

Vous connoissez ces lieux, ils ont quelque renom.
Vraiment je suis ravi d'en apprendre le nom,
Repartit maître Gille: on ne s'entretient guère
De semblables sujets dans nos vastes lambris.
L'éléphant, honteux et surpris,

Lui dit : Eh! parmi nous que venez-vous done faire ? —
Partager un brin d'herbe entre quelques fourmis :
Nous avons soin de tout. Et quant à votre affaire,
On n'en dit rien encor dans le conseil des dieux :
Les petits et les grands sont égaux à leurs yeux.

FABLE XXII.

Un Fou et un Sage.

CERTAIN fou poursuivoit à coups de pierre un sage.

Le sage se retourne et lui dit : Mon ami,
C'est fort bien fait à toi, reçois cet écu-ci.
Tu fatigues assez pour gagner davantage;
Toute peine, dit-on, est digne de loyer:
Vois cet homme qui passe, il a de quoi payer;
Adresse-lui tes dons, ils auront leur salaire.
Amorcé par le gain, notre fou s'en va faire
Même insulte à l'autre bourgeois.

On ne le paya pas en argent cette fois.
Maint estalier accourt: on vous happe notre homme,
On vous l'échine, on vous l'assomme.

Auprès des rois il est de pareils fous:
A vos dépens ils font rire le maître.
Pour réprimer leur babil, irez-vous
Les maltraiter? vous n'êtes pas peut-être
Assez puissant. Il faut les engager

A s'adresser à qui peut se venger.

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Une humeur franche et libre, et le don d'être amie
Malgré Jupiter même et les temps orageux.
Tout cela méritoit un éloge pompeux :

Il en eût été moins selon votre génie ;
La pompe vous déplaît, l'éloge vous ennuie.
J'ai done fait celui-ci court et simple. Je veux
Y coudre encore un mot ou deux
En faveur de votre patrie :

Vous l'aimez. Les Anglois pensent profondément;
Leur esprit, en cela, suit leur tempérament;
Creusant dans les sujets, et forts d'expériences,
Ils étendent partout l'empire des sciences.
Je ne dis point ceci pour vous faire ma cour:
Vos gens, à pénétrer, l'emportent sur les autres :
Même les chiens de leur séjour

Ont meilleur nez que n'ont les nôtres.
Vos renards sont plus fins; je m'en vais le prouver
Par un d'eux, qui, pour se sauver,

Mit en usage un stratagême

Non encor pratiqué, des mieux imaginės.

Le scélérat, réduit en un péril extrême,
Et presque mis à bout par ces chiens au bon nez,

Passa près d'un patibulaire :

Là, des animaux ravissants, Blaireaux, renards, hiboux, race encline à mal faire, Pour l'exemple pendus, instruisoient les passants. Leur confrère, aux abois, entre ces morts s'arrange. Je crois voir Annibal, qui, pressé des Romains, Met leur chef en défaut, ou leur donne le change, Et sait, en vieux renard, s'échapper de leurs mains. Les clefs de meute, parvenues

que

A l'endroit où pour mort le traître se pendit,
Remplirent l'air de cris: leur maître les rompit,
Bien de leurs abois ils perçassent les nues.
Il ne put soupçonner ce tour assez plaisant.
Quelque terrier, dit-il, a sauvé mon galant:
Mes chiens n'appellent point au-delà des colonnes
Où sont tant d'honnêtes personnes.

Il y viendra, le drôle! Il y vint, à son dam.
Voilà maint basset clabaudant ;
Voilà notre renard au charnier se guindant.
Maître pendu croyoit qu'il en iroit de même
Que le jour qu'il tendit de semblables panneaux ;
Mais le pauvret, ce coup, y laissa ses houseaux :
Tant il est vrai qu'il faut changer de stratagême !
Le chasseur, pour trouver sa propre sûreté,
N'auroit pas cependant un tel tour inventé;

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Non point par peu d'esprit : est-il quelqu'un qui nie
Que tout Anglois n'en ait bonne provision?

Mais le peu d'amour pour la vie
Leur nuit en mainte occasion.

Je reviens à vous, non pour dire
D'autres traits sur votre sujet;
Tout long éloge est un projet
Peu favorable pour ma lyre:

Peu de nos chants, peu de nos vers,

Par un encens flatteur amusent l'univers,
Et se font écouter des nations étranges.
Votre prince vous dit un jour
Qu'il aimoit mieux un trait d'amour
Que quatre pages de louanges.
Agréez seulement le don que je vous fais

Des derniers efforts de ma muse:
C'est peu de chose; elle est confuse
De ces ouvrages imparfaits.
Cependant ne pourriez-vous faire
Que le même hommage pût plaire

A celle qui remplit vos climats d'habitants
Tirés de l'île de Cythere?

Vous voyez par là que j'entends

Mazarin, des Amours déesse tutélaire.

FABLE XXIV.

Le Soleil et les Grenouilles.

LES filles du limon tiroient du roi des astres
Assistance et protection:

Guerre ni pauvreté, ni semblables désastres,
Ne pouvoient approcher de cette nation;
Elle faisoit valoir en cent lieux son empire.
Les reines des étangs, grenouilles veux-je dire
(Car que coûte-t-il d'appeler

Les choses par noms honorables?)
Contre leur bienfaiteur osèrent cabaler,
Et devinrent insupportables.

L'imprudence, l'orgueil et l'oubli des bienfaits,
Enfants de la bonne fortune,

Firent bientôt crier cette troupe importune:
On ne pouvoit dormir en paix.

Si l'on eût cru leur murmure,
Elles auroient, par leurs cris,
Soulevé grands et petits

Contre l'œil de la Nature.

Le soleil, à leur dire, alloit tout consumer;
Il falloit promptement s'armer,
Et lever des troupes puissantes.
Aussitôt qu'il faisoit un pas,
Ambassades coassantes
Alloient dans tous les états:
A les ouïr, tout le monde,
Toute la machine ronde
Rouloit sur les intérêts
De quatre méchants marais.
Cette plainte téméraire

Dure toujours et pourtant
Grenouilles doivent se taire,
Et ne murmurer pas tant :
Car si le soleil se pique,
Il le leur fera sentir;
La république aquatique
Pourroit bien s'en repentir.

FABLE XXV.

L'Hymenée et l'Amour.

A LL. AA. SS. MADEMOISELLE DE BOURBON

ET MONSEIGNEUR LE PRINCE DE CONTI.

HYMENEE et l'Amour vont conclure un traité
Qui les doit rendre amis pendant longues années:
Bourbon, jeune divinité :

Conti, jeune héros, joignent leurs destinées.

Condé l'avoit, dit-on, en mourant souhaité:

Ce guerrier qui transmet à son fils en partage
Son esprit, son grand cœur, avec un héritage
Dont la grandeur non plus n'est pas à mépriser,
Contemple avec plaisir de la voûte éthérée
Que ce nœud s'accomplit, que le prince l'agrée
Que Louis aux Condé ne peut rien refuser.

Hymenée est vêtu de ses plus beaux atours:
Tout rit autour de lui, tout éclate de joie.
Il descend de l'Olympe, environné d'Amours
Dont Conti doit être la proie;
Vénus à Bourbon les envoie.
Ils avoient l'air moins attrayant
Le jour qu'elle sortit de l'onde,
Et rendit surpris notre monde
De voir un peuple si brillant.
Le chœur des Muses se prépare:
On attend de leurs nourrissons
Ce qu'un talent exquis et rare
Fait estimer dans nos chansons.
Apollon y joindra ses sons,
Lui-même il apporte sa lyre.
Déjà l'amante de Zéphyre
Et la déesse du matin

Des dons que le printemps étale
Commencent à parer la salle

Où se doit faire le festin.

O vous pour qui les dieux ont des soins si pressants,
Bourbon, aux charmes tout puissants,
Ainsi qu'à l'ame toute belle;
Conti, par qui sont effacés

Les héros des siècles passés !

Conservez l'un pour l'autre une ardeur mutuelle.
Vous possédez tous deux ce e qui plaît plus d'un jour :
Les graces et l'esprit, seuls soutiens de l'amour.
Dans la carrière aux époux assignée,
Prince et princesse, on trouve deux chemins:
L'un de tiédeur, commun chez les humains;
La passion à l'autre fut donnée :

N'en sortez point, c'est un état bien doux,
Mais peu durable en notre ame inquiète ;
L'amour s'éteint par le bien qu'il souhaite;
L'amant alors se comporte en époux.
Ne sauroit-on établir le contraire,
Et renverser cette maudite loi?
Prince et princesse, entreprenez l'affaire :
Nul n'osera prendre exemple sur moi.
De ce conseil faites expérience,
Soyez amants fidèles et constants:
S'il faut changer, donnez-vous patience,
Et ne soyez époux qu'à soixante ans.
Vous ne changerez point. Écoutez Calliope:
Elle a pour votre hymen dressé cet horoscope:

Pratiquer tous les agréments Qui des époux font des amants, Employer sa grâce ordinaire, C'est ce que Conti saura faire.

Rendre Conti le plus heureux
Qui soit dans l'empire amoureux,
Trouver cent moyens de lui plaire,
C'est ce que Bourbon saura faire.

Apollon m'apprit l'autre jour
Qu'il naîtroit d'eux un jeune Amour
Plus beau que l'enfant de Cythère,

En un mot, semblable à son père.
Former cet enfant sur les traits
Des modèles les plus parfaits,
C'est ce que Bourbon saura faire;
Mais de nous priver d'un tel bien,
C'est à quoi Bourbon n'entend rien.

FABLE XXVI.

La Ligue des Rats.

UNE Souris craignoit un chat

Qui dès long-temps la guettoit au passage. Que faire en cet état? Elle, prudente et sage, Consulte son voisiu: c'étoit un maître rat,

Dont la rateuse seigneurie
S'étoit logée en bonne hôtellerie,

Et qui cent fois s'étoit vanté, dit-on,
De ne craindre ni chat, ni chatte,
Ni coup de dent, ni coup de patte.
Dame souris, lui dit ce fanfaron,

Ma foi quoi que je fasse,

Seul, je ne puis chasser le chat qui vous menace :
Mais assemblons tous les rats d'alentour,

Je lui pourrai jouer d'un mauvais tour.
La souris fait une humble révérence;

Et le rat court en diligence

A l'office, qu'on nomme autrement la dépense,
Où maints rats assemblés

Faisoient, aux frais de l'hôte, une entière bombance.
Il arrive les sens troublés,

Et tous les poumons essoufflés.
Qu'avez-vous done? lui dit un de ces rats; parlez.
En deux mots, répond-il, ce qui fait mon voyage,
C'est qu'il faut promptement secourir la souris ;
Car Rominagrobis

Fait en tous lieux un étrange carnage.
Ce chat, le plus diable des chats,

S'il manque de souris, voudra manger des rats.
Chacun dit: Il est vrai. Sus! sus! courons aux armes !
Quelques rates, dit-on, répandirent des larmes.
N'importe, rien n'arrête un si noble projet :

Chacun se met en équipage;

Chacuu met dans son sac un morceau de fromage;
Chacun promet enfin de risquer le paquet.

Ils alloient tous comme à la fête,
L'esprit content, le cœur joyeux.

Cependant le chat, plus fin qu'eux,
Tenoit déjà la souris par la tête.
Ils s'avancèrent à grands pas
Pour secourir leur bonne amie:

Mais le chat, qui n'en démord pas,

Gronde, et marche au devant de la troupe ennemie.
A ce bruit, nos très prudents rats,
Craignant mauvaise destinée,

Font, sans pousser plus loin leur prétendu fracas,
Une retraite fortunée.

Chaque rat rentre dans son trou:

Et si quelqu'un en sort, gare encor le matou.

FABLE XXVII.

Daphnis et Alcimadure.

INITATION DE THEOCRITE.

A MADAME DE LA MÉSANGÈRE.

AIMABLE fille d'une mère

A qui seule aujourd'hui mille cœurs font la cour,
Sans ceux que l'amitié rend soigneux de vous plaire,
Et quelques-uns encor que vous garde l'amour,
Je ne puis qu'en cette préface
Je ne partage entre elle et vous

Un peu de cet encens qu'on recueille au Parnasse,
Et que j'ai le secret de rendre exquis et doux.
Je vous dirai donc... Mais tout dire,
Ce seroit trop; il faut choisir,
Ménageant ma voix et ma lyre,

Qui bientôt vont manquer de force et de loisir.
Je louerai seulement un cœur plein de tendresse,
Ces nobles sentiments, ces grâces, cet esprit :
Vous n'auriez en cela ni maître ni maîtresse,
Sans celle dont sur vous l'éloge rejaillit.
Gardez d'environner ces roses
De trop d'épines, si jamais

L'amour vous dit les mêmes choses:
Il les dit mieux que je ne fais;

Aussi sait-il punir ceux qui ferment l'oreille
A ses conseils. Vous l'allez voir.

Jadis une jeune merveille
Méprisoit de ce dieu le souverain pouvoir;

On l'appeloit Alcimadure:

Fier et farouche objet, toujours courant aux bois, Toujours sautant aux prés, dansant sur la verdure, Et ne connoissant autres lois

Que son caprice; au reste, égalant les plus belles, Et surpassant les plus cruelles ;

N'ayant trait qui ne plût, pas même en ses rigueurs : Quelle l'eût-on trouvée au fort de ses faveurs !

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Hélas! ee fut aux vents qu'il raconta sa peine; On ne daigna lui faire ouvrir

Cette maison fatale, où, parmi ses compagnes, L'ingrate, pour le jour de sa nativité,

Joignoit aux fleurs de sa beauté

Les trésors des jardins et des vertes campagnes.
J'espérois, cria-t-il, expirer à vos yeux;

Mais je vous suis trop odieux,
Et ne m'étonne pas qu'ainsi que tout le reste
Vous me refusiez même un plaisir si funeste.
Mon père, après ma mort, et je l'en ai chargé,
Doit mettre à vos pieds l'héritage

Que votre cœur a négligé.

Je veux que l'on y joigne aussi le pâturage,
Tous mes troupeaux, avec mon chien ;
Et que du reste de mon bien

Mes compagnons fondent un temple
Où votre image se contemple,
Renouvelant de, fleurs l'autel à tout moment.
J'aurai près de ce temple un simple monument :
On gravera sur la bordure:

Daphnis mourut d'amour. Passant, arrête-toi; » Pleure, et dis: Celui-ci succomba sous la loi De la cruelle Alcimadure. »

A ces mots, par la Parque il se sentit atteint :
Il auroit poursuivi; la douleur le prévint.
Son ingrate sortit triomphante et parée.
On voulut, mais en vain, l'arrêter un moment
Pour donner quelques pleurs au sort de son amant.
Elle insulta toujours au fils de Cythérée,
Menant dès ce soir même, au mépris de ses lois,
Ses compagnes danser autour de sa statue.
Le dieu tomba sur elle, et l'accabla du poids:
Une voix sortit de la nue,

Écho redit ces mots dans les airs épandus:

Que tout aime à présent : l'insensible n'est plus. » Cependant de Daphnis l'ombre au Styx descendue Frémit et s'étonna la voyant accourir. Tout l'Érèbe entendit cette belle homicide S'excuser au berger, qui ne daigna l'ouïr Non plus qu'Ajax Ulysse, et Didon son perfide.

FABLE XXVIII.

Le Juge arbitre; l'Hospitalier, et le Solitaire.

TROIS saints, également jaloux de leur salut,
Portés d'un même esprit, tendoient à même but.
Ils s'y prirent tous trois par des routes diverses:
Tous chemins vont à Rome; ainsi nos concurrents
Crurent pouvoir choisir des sentiers différents.
L'un, touché des soucis, des longueurs, des traverses,
Qu'en apanage on voit aux procès attachés,
S'offrit de les juger sans récompense aucune,
Peu soigneux d'établir ici-bas sa fortune.
Depuis qu'il est des lois, l'homme, pour ses péchés,
Se condamne à plaider la moitié de sa vie :

La moitié! les trois quarts, et bien souvent le tout.
Le conciliateur crut qu'il viendroit à bout
De guérir cette folle et détestable envie.
Le second de nos saints choisit les hôpitaux.
Je le joue et le soin de soulager les maux
Est une charité que je préfère aux autres.
Les malades d'alors, étant tels que les nôtres,
Donnoient de l'exercice au pauvre hospitalier;
Chagrins, impatients, et se plaignant sans cesse :
«Il a pour tels et tels un soin particulier.

» Ce sont ses amis; il nous laisse. »
Ces plaintes n'étoient rien au prix de l'embarras
Où se trouva réduit l'appointeur de débats :
Aucun n'étoit content; la sentence arbitrale
A nul des deux ne convenoit t
Jamais le juge ne tenoit

A leur gré la balance égale.

De semblables discours rebutoient l'appointeur :
Il court aux hôpitaux, va voir leur directeur.

Tous deux ne recueillant que plainte et que murmure.
Affligés, et contraints de quitter ces emplois,
Vont confier leur peine au silence des bois.

Là, sous d'âpres rochers, près d'une source pure,

Lieu respecté des vents, ignoré du soleil,
Ils trouveut l'autre saint, lui demandent conseil.
Il faut, dit leur ami, le prendre de soi-même.
Qui, mieux que vous, sait vos besoins?
Apprendre à se connoître est le premier des soins
Qu'impose à tout mortel la majesté suprême.
Vous êtes-vous connus dans le monde habité?
L'on ne le peut qu'aux lieux pleins de tranquillité :
Chercher ailleurs ce bien est une erreur extrême.
Troublez l'eau : vous y voyez-vous?
Agitez celle-ci.-Comment nous verrions-nous?
La vase est un épais nuage
Qu'aux effets du cristal nous venons d'opposer.
Mes frères, dit le saint, laissez-la reposer,
Vous verrez alors votre image.

Pour vous mieux contempler, demeurez au désert.
Ainsi parla le solitaire.

Il fut eru; l'on suivit ce conseil salutaire.

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