Lettre à un Chanteur de Tréguier. Comme je voyageais sur le chemin de Rome, Des chanteurs de Tréguier vous le chef et le roi. « Grâce à Jean, me dit-on, sans tes vers point de fête. Aux luttes, il les chante; il les chante aux Pardons; Et le tisserand les répète, En poussant sa navette entre tous ses cordons. << Mon sonneur les sait mieux que Matines et Laudes ; Pour lannic le chanteur, ce malin Trégorrois, Il t'a dû bien des crêpes chaudes, Bien du cidre nouveau pour rafraîchir sa voix. » Voilà ce qu'on m'écrit, et j'ai tressailli d'aise : Beau chanteur, mon ami, nous serons peu d'accord. Certain libraire intrus sous sa presse maudite Moi-même dans le four j'aime à mettre mon pain. Mangez-le. De grand cœur, ami, je vous le donne; Mais gardez, en l'offrant, d'y jeter votre sel; Mêlent au pur froment un levain criminel. Si quelque nain méchant fendait votre bombarde, Faussait l'anche, ou mettait du sable dans les trous, Vous crieriez ! Ainsi le barde; Le juge peut m'entendre: ami, le savez-vous? Pourtant je veux la paix. - Pour les jours qui vont suivre Ce triste hiver, voici ma nouvelle chanson : Que vos sacs se gonflent de cuivre; Bien repu, chaque soir, rentrez à la maison. Des forêts à la mer poursuivez votre quête ; (LES TERNAIRES) L'Hospitalité dans les îles de la Bretagne. Une chaîne d'îlots ou de rochers à pic Dont le vent a détruit la cellule bénite, Derrière un mur s'élève un figuier pâle et vieux, Arbre cher aux enfants, seul plaisir de leurs yeux. La tristesse est partout dans ces îles sauvages, Mais la paix, la candeur, la foi des premiers âges. Lorsqu'à l'île d'Hodic aborda sans malheurs, (LES BRETONS.) TURQUÉTY. M. Édouard Turquéty, né à Rennes, est un des meilleurs poëtes de l'école catholique. Après avoir publié un recueil d'élégies, sous le titre de Primavera, parce qu'il contient les premiers essais de sa muse, il s'est proposé de ramener au catholicisme la poésie déiste et pantheiste de notre époque, de créer une poésie strictement orthodoxe, et il a pris le nom de missionnaire poétique du catholicisme. Cette tentative a obtenu peu de succès. M. Turquéty a une manière élégante et gracieuse, et un style facile; mais il manque de vigueur et d'originalité. Il a la sensibilité qui convient à l'élégie; mais il n'a ni l'élan lyrique, ni le souffle ardent de l'hymne. Outre le volume de Primavera, neus lui devons Amour et foi, Poésie catholique, et des Hymnes sacrées, où il chante les principales solennités de l'Église. Le Sommeil de la jeune fille. Parmi les franges d'or, sur l'oreiller soyeux, Que dans l'humble hameau cher à son cœur aimant, Son lit de mousse et de ramée. La jeune fille, heureuse en ce riant séjour, Et quand parmi les fleurs ses doigts se sont joués, Dénoués avec nonchalance. La jeune fille encore aime à se rendormir Dans la chaumière, à l'heure où se prend à gémir Le peuplier sous sa fenêtre : Elle aime la nuit sombre, et, sur les vitraux blancs, Les rayons de l'aurore incertains et tremblants, Son regard, plus serein qu'une étoile des cieux, Elle dort, son beau cou mollement replié, L'aube fait place au jour : sa flamme rejaillit Elle s'éveille enfin: ouvrant ses yeux d'azur, Elle part: quel bonheur de courir, de voler Elle part: c'est alors surtout qu'il faut la voir, |