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<< Peuples, formez une sainte alliance, « Et donnez-vous la main.

<< Chez vos voisins vous portez l'incendie; <«< L'aquilon souffle, et vos toits sont brûlés; « Et quand la terre est enfin refroidie, << Le sol languit sous des bras mutilés. <«< Près de la borne où chaque État commence, « Aucun épi n'est pur de sang humain. « Peuples, formez une sainte alliance, « Et donnez-vous la main.

« Des potentats, dans vos cités en flammes, << Osent, du bout de leur sceptre insolent, << Marquer, compter et recompter les âmes « Que leur adjuge un triomphe sanglant. << Faibles troupeaux, vous passez sans défense, «< D'un joug pesant sous un joug inhumain. << Peuples, formez une sainte alliance, << Et donnez-vous la main.

« Que Mars en vain n'arrête point sa course, <<< Fondez des lois dans vos pays souffrants; «< De votre sang ne livrez plus la source << Aux rois ingrats, aux vastes conquérants. « Des astres faux conjurez l'influence; « Effroi d'un jour, ils pâliront demain. << Peuples, formez une sainte alliance, « Et donnez-vous la main.

« Oui, libre enfin, que le monde respire; « Sur le passé jetez un voile épais.

<< Semez vos champs aux accords de la lyre; « L'encens des arts doit brûler pour la paix. « L'espoir riant au sein de l'abondance, « Accueillera les doux fruits de l'hymen. << Peuples, formez une sainte alliance, « Et donnez-vous la main. »>

Ainsi parlait cette vierge adorée,
Et plus d'un roi répétait son discours.
Comme au printemps la terre était parée,
L'automne en fleurs rappelait les amours
Pour l'étranger coulez, bons vins de France:
De sa frontière il reprend le chemin.
Peuples, formons une sainte alliance,
Et donnons-nous la main.

Louis XI.

Heureux villageois, dansons:

Sautez, fillettes

Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,
Musettes

Et chansons.

Notre vieux roi, caché dans ces tourelles,
Louis, dont nous parlons tout bas,

Veut essayer, au temps des fleurs nouvelles,

S'il peut sourire à nos ébats.

Heureux villageois, etc.

Quand sur nos bords on rit, on chante, on aime, Louis se retient prisonnier.

Il craint les grands, et le peuple, et Dieu même, Surtout il craint son héritier.

Heureux villageois, etc.

Voyez d'ici briller cent hallebardes
Aux feux d'un soleil pur et doux.
N'entend-on pas le Qui vive des gardes
Qui se mêle au bruit des verrous?

Heureux villageois, etc.

Il vient! il vient! Ah! du plus humble chaume
Ce roi peut envier la paix.

Le voyez-vous, comme un pâle fantôme,
A travers ces barreaux épais?

Heureux villageois, etc.

Dans nos hameaux, quelle image brillante
Nous nous faisions d'un souverain!
Quoi! pour le sceptre une main défaillante!
Pour la couronne un front chagrin!

Heureux villageois, etc.

Malgré vos chants, il se trouble, il frissonne :
L'horloge a causé son effroi.

Ainsi toujours il prend l'heure qui sonne

Pour un signal de son beffroi.
Heureux villageois, etc.

Mais notre joie, hélas! le désespère;

Il fuit avec son favori.

Craignons sa haine, et disons qu'en bon père,
A ses enfants il a souri.

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Jacques, il me faut troubler tou somme.

Dans le village, un gros huissier

Rôde et court, suivi du massier.

C'est pour l'impôt, las! mon pauvre homme!

Lève-toi, Jacques, lève-toi;

Voici venir l'huissier du roi.

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Pour vendre, chez le vieux Remi,
On saisissait avant l'aurore.
Lève-toi, Jacques, lève-toi ;
Voici venir l'huissier du roi.

Pas un sou! Dieu ! je crois l'entendre. Écoute les chiens aboyer.

Demande un mois pour tout payer.

Ah! si le roi pouvait attendre!
Lève-toi, Jacques, lève-toi;

Voici venir l'huissier du roi.

Pauvres gens! l'impôt nous dépouille
Nous n'avons, accablés de maux,
Pour nous, ton père et six marmots,
Rien que ta bêche et ma quenouille.
Lève-toi, Jacques, lève-toi;

Voici venir l'huissier du roi.

On compte, avec cette masure,
Un quart d'arpent, cher affermé.
Par la misère il est fumé;

Il est moissonné par l'usure.
Lève-toi, Jacques, lève-toi;
Voici venir l'huissier du roi.

Beaucoup de peine et peu de lucre.
Quand d'un porc aurons-nous la chair
Tout ce qui nourrit est si cher !
Et le sel aussi, notre sucre!

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