L'Aveugle et le Paralytique. Aidons-nous mutuellement, La charge des malheurs en sera plus légère; Pour le mal que l'on souffre est un soulagement. Dans une ville de l'Asie Il existait deux malheureux, L'un perclus, l'autre aveugle, et pauvres tous les deux. Ils ne pouvaient mourir. Notre paralytique, Était sans guide, sans soutien, Sans avoir même un pauvre chien Que l'aveugle à tâtons, au détour d'une rue, Il entendit ses cris, son âme en fut émue; 1 Il n'est tels que, il n'est personne comme. Pour se plaindre les uns les autres. « J'ai mes maux, lui dit-il, et vous avez les vôtres; Unissons-les, mon frère, ils seront moins affreux. Hélas! dit le perclus, vous ignorez, mon frère, Que je ne puis faire un seul pas; Vous-même vous n'y voyez pas : A quoi nous servirait d'unir notre misère? - A quoi! répond l'aveugle. Écoutez à nous deux, Nous possédons le bien à chacun nécessaire : J'ai des jambes et vous des yeux; Moi, je vais vous porter, vous, vous serez mon guide Mes jambes, à leur tour, iront où vous voudrez. Qui de nous deux remplit le plus utile emploi, Le Danseur de corde et le Balancier. Sur la corde tendue un jeune voltigeur Faisaient venir maint spectateur. Sur son étroit chemin on le voit qui s'avance, Il s'élève, descend, va, vient, plus haut s'élance, Et semblable à certains oiseaux Qui rasent en volant la surface des eaux, Son pied touche, sans qu'on le voie, Si je dansais sans lui, j'aurais bien plus de grâce Aussitôt fait que dit. Le balancier jeté, Notre étourdi chancelle, étend les bras et tombe; Jeunes gens, jeunes gens, ne vous a-t-on pas dit Dans vos désirs fougueux vous causent quelque peine; La Brebis et le Chien. La brebis et le chien, de tous les temps amis, Tu reçois, pour prix de ton zèle, Moi, qui tous les ans les habille, Qui leur donne du lait et qui fume leurs champs, Assassiné par ces méchants. Leurs confrères les loups dévorent ce qui reste. Travailler pour eux seuls et mourir par leurs mains, Voilà notre destin funeste! - Il est vrai, dit le chien; mais crois-tu plus heureux Les auteurs de notre misère? Va, ma sœur, il vaut encor mieux L'Habit d'arlequin. Un jour de mardi gras j'étais à la fenêtre Quand sur le quai je vis paraître Un petit arlequin leste, bien fait, bien mis, Trois oiseaux étrangers, de différent plumage, Regardaient aussi l'arlequin. La perruche disait : « J'aime peu son visage; Il est d'un si beau vert! Vert? dit le cardinal, Vous n'y voyez donc pas, ma chère? Oh! pour celui-là, mon compère, Répondit le serin, vous n'avez pas raison, Car l'habit est jaune-citron; Et c'est ce jaune-là qui fait tout son mérite. Et déjà le trio s'irrite. « Amis, apaisez-vous, leur crie un bon pivert; Cela vous surprend fort, voici tout le mystère : Que la couleur qui sait lui plaire. » Le Singe qui montre la Lanterne magique, Messieurs les beaux esprits, dont la prose et les vers Un homme qui montrait une lanterne magique Attiraient chez lui grand concours; Jacqueau, c'était son nom, sur la corde élastique |