Dont le son lent et sourd attriste la nature. Mais des traits enflammés ont sillonné la nue, Le tonnerre et les vents déchirent les nuages; O récolte! ô moissons! tout périt sans retour: (LES SAISONS, L'ÉTÉ.) LE FRANC DE POMPIGNAN. Jean-Jacques Lefrane, marquis de Pompignan, naquit à Montauban, d'une famille distinguée dans la magistrature. Il fut avocat général, puis président à la cour des aides' de cette ville. Il cultiva les lettres, et finit par s'y vouer tout entier. Ses principes religieux et ses attaques contre les idées nouvelles lui attirèrent la haine des philosophes, et surtout de Voltaire, qui ne cessa de le poursuivre de ses sarcasmes. Il a laissé une tragédie de Didon, peu connue, des odes, des poésies sacrées, des traductions, etc. En général, sa versification est pure, élégante, harmonieuse; mais il a peu d'invention, de chaleur, et manque de cet enthousiasme qui est le feu sacré de la poésie lyrique. La mort de J. B. Rousseau. Quand le premier chantre du monde 1 Où l'Hèbre effrayé dans son onde 1 Orphée. Reçut ses membres dispersés, La France a perdu son Orphée... Que vous demande son cercueil. Est couvert du laurier fertile Qui par vos soins ne meurt jamais. D'une brillante et triste vie Rousseau quitte aujourd'hui les fers; Et, loin du ciel de sa patrie, La mort termine ses revers. D'où ces maux prirent-ils leur source? Quelles épines dans sa course Quels ennuis! quelle vie errante! Jusques à quand, mortels farouches, Du sein des ombres éternelles Le Nil a vu, sur ses rivages, Versait des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs. MALFILATRE. (1733-1767.) Jean-Charles-Louis de Clinchamp de Malfilâtre naquit à Caen, de parents pauvres. Il débuta dans la carrière littéraire en concourant pour les prix de poésie à Caen et à Rouen, et il fut couronné plusieurs fois. Encouragé par ces succès, Malfilâtre se rendit à Paris; il y dans la misère, et mourut à l'âge de 34 ans. La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré, tomba a dit Gilbert, dont la destinée devait être aussi malheureuse. On a de Malfilâtre des odes, un poëme sur Narcisse, et des fragments de Virgile, traduits en vers français. On y remarque une brillante facilité et une grâce poétique qui rappellent quelquefois la langue de Racine. Les deux serpents. A cet autel de gazons et de fleurs A présenté la génisse sacrée, Jeune, au front large, à la corne dorée ; Prêt à frapper, tient le fer suspendu... Un bruit s'entend... l'air siffle... l'autel tremble. Du fond du bois, du pied des arbrisseaux, |