J'admire un roi victorieux, Que sa valeur conduit triomphant en tous lieux; Et les larmes du juste implorant son appui (ESTHER, acte III, scène iv.) Triomphe d'Esther. Dieu fait triompher l'innocence; Il a vu contre nous les méchants s'assembler, Comme l'eau sur la terre ils alloient le répandre : L'homme superbe est renversé, Ses propres flèches l'ont percé. J'ai vu l'impie adoré sur la terre ; Son front audacieux; Il sembloit à son gré gouverner le tonnerre, Fouloit aux pieds ses ennemis vaincus : Je n'ai fait que passer, il n'étoit déjà plus. Comment s'est calmé l'orage? Quelle main salutaire a chassé le nuage? L'aimable Esther a fait ce grand ouvrage. De l'amour de son Dieu son cœur s'est embrasé; Au péril d'une mort funeste Son zèle ardent s'est exposé: Elle a parlé; le ciel a fait le reste. Esther a triomphé des filles des Persans; Les charmes de son cœur sont encor plus puissants. Ton Dieu n'est plus irrité : Et reprends ta splendeur première. Tribus captives; Troupes fugitives, Repassez les monts et les mers; Je reverrai ces campagnes si chères; Relevez, relevez les superbes portiques Du temple où notre Dieu se plaît d'être adoré ; Et que du sein des monts le marbre soit tiré. Prêtres sacrés, préparez vos cantiques. Dieu descend et revient habiter parmi nous : Que le Seigneur est bon! que son joug est aimable ! Heureux qui dès l'enfance en connoît la douceur! Jeune peuple, courez à ce maître adorable; Les biens les plus charmants n'ont rien de comparable Aux torrents de plaisirs qu'il répand dans un cœur 1. Il s'apaise, il pardonne; Du cœur ingrat qui l'abandonne Il attend le retour; Il excuse notre foiblesse ; A nous chercher même il s'empresse. Une mère a moins de tendresse. Ah! qui peut avec lui partager notre amour? Ah! qui peut avec lui partager notre amour ? Que son nom soit béni; que son nom soit chanté; Que l'on célèbre ses ouvrages 1 Ces vers sentent l'Evangile, mais ce n'est pas là le Décalogue. Au delà des temps et des âges, Au delà de l'éternité 1! (ESTHER, acte III, scène 1x.) Songe d'Athalie. ATHALIE A MATHAN ET A ABNER. Un songe (me devrois-je inquiéter d'un songe?) C'étoit pendant l'horreur d'une profonde nuit : << Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi! Et moi, je lui tendois les mains pour l'embrasser; 1 Expression bien hardie, justifiée par l'Écriture et par l'ent housiame poétiques. Que des chiens dévorants se disputoient entre eux. Dans ce désordre à mes yeux se présente Un jeune enfant couvert d'une robe éclatante, 1 Tels qu'on voit des Hébreux les prêtres revêtus. Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste, Que le traître en mon sein a plongé tout entier. A deux fois, en dormant, revu la même idée 2; Lasse enfin des horreurs dont j'étois poursuivie, Et chercher du repos au pied de ses autels. 1 Il faudrait tel qu'on voit, ou tels on voit. 2 Image serait le mot propre. |