Page images
PDF
EPUB

pointe du jour, le village de Dégo, par 7,000 Autrichiens, qui vinrent l'attaquer avec la plus grande audace. Beaulieu, espérant réparer ses échecs, rassembla ces 7,000 hommes, l'élite de son armée, pour tenter ce coup désespéré. La générale battit bientôt à l'aile droite et immédiatement après au quartier général. Le général Masséna, dès l'instant qu'il eût rallié une partie de ses troupes, commença l'attaque: nos troupes furent repoussées par trois fois différentes. Quand j'arrivai, je trouvai le général Causse, ralliant la 99o demi-brigade, chargeant les ennemis et près de les atteindre à la bayonnette, lorsqu'il tomba blessé à mort. La manière dont il s'était conduit la veille, sa conduite intrépide au moment de sa mort, l'ont fait vivement regretter des soldats. La première chose qu'il me demanda lorsqu'il me vit, fut: Dégo est-il repris? Il était deux heures après midi, et rien n'était encore décidé, déjà je faisais former en colonne la 39 demi-brigade, commandée par le général de brigade Victor, lorsque l'adjudant-général Lannes rallie la 8° demi-brigade d'infanterie légère et se précipite à sa tête, sur la gauche de l'ennemi; un instant ses troupes chancelèrent, mais il les décida par son intrépidité. Ce brave officier a eu, pendant le combat, une épaulette emportée par une balle; il s'est, depuis la guerre, distingué par son activité, son courage et ses con

naissances. Je vous demande pour lui la place de général de brigade vacante par la mort du général Causse.

>> La cavalerie acheva la déroute et recueillit grand nombre de prisonniers. L'on évalue la perte de l'ennemi à 2,000 hommes dont 1,400 prisonniers, parmi lesquels plusieurs officiers supérieurs. Nous avons perdu le chef de brigade Rondeau, surnommé le brave, et le chef de brigade Dupuis.

>> L'adjudant-général Vignolle, sous chef de l'étatmajor, et le citoyen Murat, mon aide-de-camp, chef de brigade, ont beaucoup contribué au succès de cette journée. D'un autre côté, le général Rusca s'est emparé de la position intéressante de St-Jean, qui domine la vallée de la Bormida, il a pris deux pièces de canon et fait cent prisonniers.

» Le général de division Serrurier s'est emparé des hauteurs de Batisolo de Bagnasco et de Ponte Nocetto; il a fait 61 prisonniers, parmi lesquels un lieutenant-colonel. Le général Augereau a occupé les redoutes de Montéramo que l'ennemi a évacuées à son approche, il a ouvert nos communications avec la vallée du Tanaro et la division du général Serrurier.

>>Il m'est impossible de vous envoyer les traits de courage et les noms de ceux qui se sont spécialement distingués; dès le moment que nous serons

moins en mouvement et que les différens généraux auront envoyé leurs relations à l'état-major, je m'empresserai de vous en faire part.

>> BONAPARTE..

Quand ces nouvelles, ces drapeaux,ces proclamations arrivèrent à Paris, dit M. Thiers, la joie fut extrême. Le premier jour, c'était une victoire qui ouvrait l'Apennin et donnait deux mille prisonniers. Les jours suivans apportaient de nouveaux succès: la destruction de l'armée piémontaise à Mondovi, la soumission du Piémont à Chérasco, et la certitude d'une paix prochaine qui en présageait d'autres. La rapidité des succès, le nombre des prisonniers dépassait tout ce qu'on avait encore vu. Le langage de ces proclamations rappelait l'antiquité et étonnait les esprits. On se demandait de toute part quel était ce jeune général, dont le nom connu de quelques appréciateurs, et inconnu de la France, éclatait pour la première fois. On ne le prononçait pas bien encore, et on se disait avec joie que la république voyait s'élever tous les jours de nouveaux talens pour l'illustrer et la défendre. Les conseils décidèrent par trois fois que l'armée d'Italie avait bien mérité de la patrie et décrétèrent une fête à la victoire pour célébrer l'heureux début de la campagne. L'aidede-camp envoyé par Bonaparte présenta les dra

peaux au directoire. La cérémonie fut imposante. On reçut, ce jour-là, plusieurs ambassadeurs étrangers, et le gouvernement parut entouré d'une considération toute nouvelle. Le directoire envoya à Bonaparte cette lettre de félicitation:

LE DIRECTOIRE EXÉCUTIF AU GÉNÉRAL BONAPARTE.

« Le directoire exécutif a reçu avec la plus vive satisfaction, citoyen général, la nouvelle de la victoire remportée en Italie sur les Autrichiens; en apprenant des avantages aussi éclatans à l'entrée d'une campagne, que l'éloignement pour la paix de la part des ennemis de la république nous a forcés d'entreprendre, il est satisfaisant pour lui de voir justifier, par les lauriers que vous venez de cueillir, le choix qu'il a fait de vous pour conduire l'armée d'Italie à la victoire.

» Recevez aujourd'hui, général, le tribut de la reconnaissance nationale, méritez-la de plus en plus, et prouvez à l'Europe que Beaulieu, pour avoir changé de champ de bataille, n'a pas changé d'ennemi; que battu au Nord, il le sera constamment par la brave armée d'Italie, et qu'avec de tels défenseurs la liberté triomphera des efforts impuissans des ennemis de la république.

» Letourneur, président.

» CAYARDA, secrétaire-général.

Nous nous empresssons de rapporter aussi les lettres de félicitation adressées par le Directoire aux vaillans généraux qui se distinguèrent dans les journées de Montenotte, Dégo, et ainsi que la correspondance de Bonaparte et de Colli.

AU GÉNÉRAL LAHARPE.

« Vous avez accoutumé depuis longtemps les amis de la république à vous entendre nommer, lorsque l'armée d'Italie remporte quelques avantages. Votre patriotisme et vos talens garantissent au Directoire et à la France entière que vous partagerez encore la gloire et les succès qui sont réservés à la brave division qui vous obéit pendant le cours de cette campagne actuelle. »

AU GÉNÉRAL MASSÉNA.

« Le Directoire exécutif a vu, par le rapport du général en chef, que vous n'avez pas peu contribué au succès des glorieuses journées du 20 et 21 germinal. Il n'attendait pas moins de votre courage et de vos talens, et ils lui sont un sûr garant des nouveaux succès que va avoir l'armée d'Italie.»>

AU GÉNÉRAL CERVONI.

«Les travaux de la dernière campagne avaient trop fait connaître votre courage au Directoire,

« PreviousContinue »