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âme forte et formée pour les grandes actions, fit au milieu du feu prêter le serment à sa troupe de mourir tous dans la redoute; les ennemis passèrent la nuit à la portée du pistolet. Pendant la nuit, le général Laharpe avec toutes les troupes de la droite se porta derrière la redoute du Monte-Lésino. A une heure après minuit, je partis avec les généraux Berthier et Masséna, le commissaire Salicetti, et une partie des troupes du centre et de la gauche: nous nous portâmes par Altare, sur le flanc et le derrière de l'ennemi.

» Le 22, à la pointe du jour, Beaulieu qui avait reçu du renfort, et Laharpe, s'attaquèrent et se choquaient avec vigueur et différens succès, lorsque le général Masséna (1) parut en semant la mort

(1) Masséna (André), né le 6 mai 1758, entra à seize ans au service comme soldat en 1775; il donna son congé en 1789; il reprit du service en 1792, en qualité de commendant; il fut nommé général de brigade en 1793, puis général de division et général en c' ef dans la même année. Saorgio, Oneille, Borghetto, Tassaro, Zangiacomo, Montenotte, Millesimo, Lodi, Pirrighitone, Arcole, Rivoli, Lachiuza, Tarvis, Vellach, etc., furent les théâtres de sa gloire et de sa valeur en Italie dans la première campagne. En 1798, il mérita le titre d'enfant chéri de la Victoire, que lui avait donné Napoléon.

La belle défense de Gênes sera à jamais célèbre dans les fastes de not e gloire. Il fut nommé maréchal en 1801, grand aigle de la Légion d'Honneur en 1805. En 1806, il fit la campagne d'Italie sons les ordres du prince Joseph. L'Espagne, le Portu

et l'épouvante sur le flanc et le derrière de l'ennemi où commandait M. Argenteau: la déroute de l'ennemi a été complète; deux de ses généraux, Boccavina et Argenteau, ont été gravement blessés. La perte de l'ennemi se porte entre 3 à 4,000 hommes, parmi lesquels plus de 2,590 prisonniers, 1 colonel, 10 officiers supérieurs, et plusieurs drapeaux.

Quand j'aurai reçu tous les rapports, et que je serai moins commandé par le travail, je vous enverrai une relation détaillée qui pourra vous faire connaître ceux à qui la patrie doit une reconnaissance particulière; généraux, officiers et soldats, tous ont soutenu dans cette journée mémorable la gloire du nom français.

>> BONAPARTE.>>

LE COMMISSAIRE DE L'ARMÉE D'ITALIE AU

DIRECTOIRE.

23 germinal an IV.

« CITOYENS,

» L'armée d'Italie vient d'ouvrir la campagne,

gal, retentissent encore du bruit de son nom. En 1809 il fit des prodiges de valeur à Essling, ce qui lui valut le titre de prince d' Essling. A la rentrée des Bourbons, il occupait le gouvernement de la 8e division militaire. Il mourut en 1817,

et c'est

par des succès qui sont bien capables d'imposer aux puissances coalisées.

(Ici, détails conformes à ceux de Bonaparte).

» L'attaque a eu lieu dès la pointe du jour à Montenotte. Les Autrichiens ont été vigoureusement battuspar la division du général Laharpe(1), et pendant qu'ils étaient en fuite, le général Masséna les ayant pris par la gauche, les a tellement mis en déroute qu'ils ont perdu 3,500 hommes. L'ennemi a été ensuite poursuivi de toutes parts, et nous voici arrivés à Cascar. Maitres des hauteurs environnantes et de Cairo qu'il a été obligé de nous abandonner, le général Bonaparte vous fera connaître les détails sur les traits de bravoure qui ont signalé cette journée. Je me plais à vous dire que le plan du général en chef a été on ne peut plus savamment combiné, que tous généraux, officiers

(1) Laharpe (Amédée-Emmanuel), né en 1751, en Suisse, servit d'abord en Hollande. Rappelé dans sa patrie, il fut condamné à mort pour cause de politique. Il se réfugia en France, et fut nommé chef de bataillon en 1791, puis commandant de Briançon, et enfin général. Il se distingua dans tous les combats de la campagne de 1796. La 1 ttre glorieuse que Ini adressa le drectoire nous dispense d'autres détails à ce sujet. Retranché an camp de Codogno, une surprise nocturne du général Beaulieu lui coûta la vie. Au premier coup de fen, Laharpe se leva pour reconnaître l'ennemi; une balle française l'atteignit. L'armée entière donna des larmes à sa mémoire !

et soldats ont montré un courage et ardeur vrai

ment héroïques.

» SALLICETTI.>

LE GÉNÉRAL EN CHEF DE L'ARMÉE D'ITALIE AU
DIRECTOIRE.

Quartier-général, Cascar, 26 germinal.

« Je vous ai rendu compte que la campagne avait été ouverte le 20 du mois, et je vous ai instruit de la victoire signalée que l'armée d'Italie a remportée aux champs de Montenotte; j'ai aujourd'hui à vous rendre compte de la bataille de Millésimo. Après la bataille de Montenotte, je transportai mon quartier-général à Cascar, j'ordonnai au général divisionnaire Laharpe de se porter sur Jozelle, pour menacer d'enlever les huit bataillons que l'ennemi avait dans cette ville, et de se porter le lendemain par une marche rapide et cachée dans la ville de Cairo. Le général Masséna se porta avec sa division sur les hauteurs de Dégo; le général divisionnaire Augereau, qui était en marche depuis quelques jours avec la 69° et la 39° demi-brigades, attaqua dans la plaine de Cascar. Le général de brigade Ménard occupa les hauteurs de Biétro, le général de brigade Joubert, avec

la 1 brigade d'infanterie légère, occupa la position intéressante de Sainte-Marguerite.

» Le 21, à la pointe du jour, le général Augereau avec sa division força les gorges de Millésimo, dans le temps que les généraux Ménard et Joubert, chassèrent l'ennemi de toutes les positions environnantes, enveloppèrent par une manœuvre prompte et hardie un corps de 1,500 Autrichiens, à la tète desquels se trouvait le lieutenant-général Provéra, chevalier de l'ordre de Marie-Thérèse, qui, loin de poser les armes et se rendre prisonnier de guerre, se retira sur le sommet de la montagne de Cossaria, et se retrancha dans les ruines d'un vieux château extrêmement fort par sa position.

» Le général Augereau fit avancer son artillerie, l'on se canonna pendant plusieurs heures. A onze heures du matin, ennuyé de voir ma marche arrêtée par une poignée d'hommes, je fis sommer le général Provéra de se rendre. Le général Provéra demanda à me parler; mais une canonnade vive qui s'engagea vers ma droite m'obligea de m'y transporter, il parlementa avec le général Augereau pendant plusieurs heures; mais les conditions qu'il voulait n'étant pas raisonnables, et la nuit approchant, le général Augereau fit former quatre colonnes, et marcha sur le château de Cossaria: déjà l'intrépide général Joubert, grenadier

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