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six ou sept œufs blancs. Les petits, en naissant, sont couverts d'un duvet gris ou jaunâtre, qu'ils conservent plusieurs mois. Lorsque le père et la mère sont entourés de leur famille, il est assez dangereux de les approcher: soit crainte, soit orgueil, ils s'alarment promptement; et lorsque leurs petits sont en danger, ils les portent sur leur dos. La chair des vieux cygnes est dure et de mauvais goût mais celle des jeunes est assez bonne.

Les anciens servaient le cygne sur leurs tables, plutôt par ostentation, qu'à cause de la bonté de la chair. Ce n'est que d'après le cygne sauvage qu'ils ont eu l'idée fabuleuse d'attribuer à cet oiseau le don de mélodie. Suivant Pythagore, l'âme des poètes passait dans le corps des cygnes, et conservait le pouvoir de l'harmonie, qu'ils avaient possédé sur la terre. Le vulgaire prit pour réalité ce qui n'était qu'une allégorie ingénieuse. Le même disait encore que le chant du cygne mourant était un chant de joie, par lequel cet oiseau se félicitait de passer à une meilleure vie: c'est d'après cela que les dernières productions des écrivains, les derniers discours d'un auteur, ainsi que les paroles de tout homme de bien avant de quitter ce bas monde, sont nommés le chant du cygne.

On a étendu jusqu'à trois cents ans la durée de la vie du cygne; mais sans s'arrêter à cette époque incertaine, il est démontré par l'expérience qu'il jouit d'une longue existence.

LA CIGOGNE.

Il y a deux espèces de cigognes, la noire et la blanche, ette dernière est la plus remarquable; sa longueur est d'environ trois pieds; le bec, d'un beau rouge, a près de huit pouces de long; le plumage est entièrement blanc, à l'exception de quelques plumes du dos et des ailes qui sont noires.

Le cigogne est d'un naturel assez doux; elle n'est ni défiante, ni sauvage, et peut s'apprivoiser aisément, et s'accoutumer à rester dans les jardins, qu'elle purge d'in

LES HIRONDELLES.

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sectes et de reptiles. En Egypte, les cigognes y sont en rès grand nombre, et elles y rendent un grand service er détruisant les grenouilles, qui sans elles deviendraient si nombreuses, que le pays en serait infesté.

Les anciens attribuaient à la cigogne plusieurs vertus inorales la tempérance, la piété filiale et l'amour maternel. Il y a une histoire célèbre en Hollande, d'une cigogne qui, dans l'incendie de la ville de Delft, après s'être inutilement efforcée d'enlever ses petits, se laissa brûler avec eux, afin de partager leur sort.

Les cigognes sont des oiseaux de passage; elles observent une grande exactitude dans leur départ d'Europe, qui a lieu en automne. Elles vont passer en Egypte un second été, et y élèvent une seconde couvée.

LES HIRONDELLES.

I. On ne se figure pas quelle quantité de mouches et d'insectes ailés détruit, dans un jour, une seule hirondelle. Une femelle qui a des petits revient peut-être cent fois dans la journée vers son nid, et à chaque fois, la quantité de mouches et moucherons qu'elle apporte réunis dans le fond de sa gorge, est de vingt à quarante, et quelquefois davantage.

Bien longtemps, au reste, avant qu'on eût fait attention aux services qu'elles nous rendent ainsi, les hirondelles étaient pour presque tous les peuples d'Europe un oiseau favori. Ce n'est pas tant par l'élégance et par la rapidité de leurs mouvements, ce n'est pas par leur chant un peu monotone, et que cependant Sir H. Davy mettait au-dessus de celui du rossignol, qu'elles nous sont devenues agréables, que parce que, entre toutes les espèces voyageuses, elles sont les premières qui nous annoncent le retour du printemps. Leur arrivée avec les beaux jours, leur fuite à l'approche de la saison rigoureuse, ont fourni, il y a vingtquatre siècles, à Jérémie, le sujet d'une comparaison qui n'en est pas moins belle, pour avoir été souvent reproduite. En Grèce, la première apparition des hirondelles était

l'occasion d'une sorte de fête dans laquelle les enfants allaient de porte en porte, chantant une chanson qui est parvenue jusqu'à nous, et demandant, pour la bonne annonce, de petits présents qui leur étaient rarement refusés. II. Dans l'Attique, l'arrivée des hirondelles, comme nous l'apprenons d'un passage d'Aristophane, indiquait le moment où l'on quittait les vêtements d'hiver pour prendre ceux d'été. Par un autre passage, dans Théophraste, nous savons que l'apparition de ces oiseaux avait lieu dans les derniers jours de mars. Notre climat de France étant plus rigoureux, les voyageuses y apparaissent plus tard, et l'espèce la plus hâtive ne se montre guère avant le mois d'avril.

Nous avons en France, pendant l'été, plusieurs espèces d'hirondelles qui se retrouvent également dans tout le sud-ouest de l'Europe.

Lorsque la saison froide arrive, les insectes ailés meurent, et les hirondelles disparaissent pour aller chercher ailleurs la nourriture qu'elles ne trouvent plus dans nos pays. Il paraîtrait que parmi les hirondelles il reste quelquefois des individus qui, à l'époque du départ, n'avaient pas encore la force nécessaire pour entreprendre le voyage. On les voit encore voler quelques jours après que les autres ont disparu. Si ces pauvres hirondelles ne meurent pas de faim, ce qui est leur sort le plus ordinaire, elles s'engourdissent dans quelque trou, et celles qu'on a trou vées en cet état ont pu être ramenées à la vie par la chaleur, mais pour quelques instants seulement; il est à croire cependant que quelques-unes restent ainsi tout l'hiver, et que le retour gradué de la chaleur les ranime peu à peu. Ce sont elles qu'on voit quelquefois pendant les premiers jours chauds de mars ou même de la fin de février, et ce sont elles sans doute qui ont donné lieu au proverbe une hirondelle ne fait pas le printemps, proverbe qu'on trouve dans presque toutes les langues de l'Europe.

LE CHIEN D'AUBRY DE MONT-DIDIER

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LE CHIEN D'AUBRY DE MONT-DIDIER.

Sous le règne de Charles V., roi de France, un nommé Aubry de Mont-Didier, passant seul dans la forêt de Bondy, fut assassiné et enterré au pied d'un arbre. Son chien resta plusieurs jours sur sa fosse, et ne la quitta que pressé par la faim: il vient à Paris chez un ami intime de son malheureux maître, et par ses tristes hurlements semble lui annoncer la perte qu'il a faite. Après avoir mangé il recommence ses cris, va à la porte, tourne la tête pour voir si on le suit, revient à cet ami de son maître, le tire par l'habit, comme pour lui marquer de venir avec lui. Sa singularité des mouvements de ce chien, sa venue sans son maître qu'il ne quittait jamais, ce maître qui tout d'un coup a disparu, tout cela fit qu'on suivit ce chien. Dès qu'on fut au pied de l'arbre, il redoubla ses cris en grattant la terre, comme pour faire signe de chercher en cet endroit. On y fouilla, et on y trouva le corps de cet infortuné Aubry. Quelque temps après, ce chien aperçut par hasard l'assassin, que tous les historiens nomment le chevalier Macaire; il lui saute à la gorge, et on a bien de la peine à lui faire lâcher prise: chaque fois qu'il le rencontre, il l'attaque et le poursuit avec fureur; l'acharnement de ce chien, qui n'en veut qu'à cet homme, commence à paraître extraordinaire. On se rappelle l'affection qu'il avait marquée pour son maître, et en même temps plusieurs occasions où ce chevalier Macaire avait donné des preuves de haine et d'envie contre Aubry de Mont-Didier: quelques circonstances augmentèrent les soupçons. Le roi, instruit de tous les discours qu'on tenait, fait venir ce chien, qui paraît tranquille jusqu'au moment qu'apercevant Macaire, au milieu d'une vingtaine de courtisans, il aboie et cherche à se jeter sur lui.

Dans ce temps-là on ordonnait un duel entre l'accusateur et l'accusé, lorsque les preuves du crime n'étaient pas convaincantes: on nommait ces sortes de combats: Jugement de Dieu, parce qu'on était persuadé que le ciel aurait plutôt fait un miracle que de laisser succomber l'innocence. Le roi, frappé de tous les indices qui se ré

unissaient contre Macaire, ordonna le duel entre le chevalier et le chien. Le champ clos fut marqué dans l'île Notre-Dame, qui n'était alors qu'un terrain vide et inhabité.

Macaire était armé d'un gros bâton, le chien avait un tonneau pour sa retraite et les relancements. On le lâche, aussitôt il court, tourne autour de son adversaire, évite ses coups, le menace, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, le fatigue, et enfin s'élance, le saisit à la gorge, et l'oblige à faire l'aveu de son crime en présence du roi et de toute

sa cour.

LES ANCIENS MEXICAINS.

MALGRE la barbarie de leur religion, les anciens Mexicains approchaient de la civilisation. Les Européens, en venant les armes à la main dans le Mexique, pour s'emparer de ce beau pays qui n'avait jamais eu aucune relation avec eux, furent tout étonnés de trouver des villes bien peuplées, ornées de temples, de palais, d'aqueducs, et de jardins, et entourées de campagnes parfaitement cultivées et traversées de chemins commodes. Ce fut surtout la ville de Mexico qui excita leur étonnement. Cette ville, bâtie sur le lac Tezcuco, dans une plaine charmante, était entrecoupée de canaux, comme quelques-unes de nos villes maritimes. Les temples et les palais étaient munis de tours et de remparts. De grands marchés offraient une variété étonnante des riches productions du pays. Des jardins et des parterres de fleurs couvraient les petites îles du lac. Dans cette capitale, comme dans les autres grandes villes de l'empire mexicain, les ateliers et les boutiques brillaient d'objets de luxe.

On y voyait des ouvrages artistement travaillés en or, en argent, et en cuivre, de la vaisselle en terre cuite et recouverte d'un vernis doré, des pierres précieuses habilement façonnées, des peintures et sculptures, des tableaux faits en plumes brillantes et en coquilles, des étoffes de poil de lièvre et de coton, des armures et beaucoup d'autres objets curieux.

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