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que je sache à quoi vous êtes bon."—" Oh! pas à grand' chose."--" Voyons, que savez-vous? un peu de mathéma tiques?"... Non, général."—" Vous avez au moins quelques notions d'algèbre, de géométrie, de physique ?"... Il s'arrêtait entre chaque mot, et à chaque mot je sentais la sueur me couler sur le front." Non, général," répondis-je en balbutiant. Il s'aperçut de mon embarras." Vous avez fait votre droit ?"—" Non, général.”—“ Vous savez le latin et le grec ?"-" Un peu."- “Parlez-vous quelques langues vivantes ?"-" L'italien assez bien, l'allemand assez mal."—" Je verrai à vous placer chez Laffitte alors. Vous vous entendez en comptabilité ?”—“ Pas le moins du monde. O général!" lui dis-je, 66 mon éducation est faussée; mais je la referai, je vous en donne ma parole d'honneur."- "Mais, en attendant, mon ami, avez-vous de quoi vivre ?"-" Oh! je n'ai rien," répondis-je, écrasé par le sentiment de mon impuissance." Donnez-moi votre adresse," dit-il; "je réfléchirai à ce qu'on peut faire de vous."-J'écrivis.- -"Nous sommes sauvés; vous avez une belle écriture."-Je laissai tomber ma tête entre mes deux mains. Le général Foy continua sans s'apercevoir de ce qui se passait en moi." Ecoutez, je dîne aujourd'hui chez le duc d'Orléans, je lui parlerai de vous.-Faites une pétition.”—J'obéis; puis il la plia après y avoir écrit quelques lignes en marge, la mit dans sa poche, et, me tendant la main en signe d'amitié, m'invita à déjeuner le lendemain avec lui. Rentrant à mon hôtel, j'y trouvai une lettre du ministre, qui, n'ayant pas le temps de me recevoir, m'invitait à lui exposer par écrit le sujet de ma demande. Je lui répondis que l'audience que je lui avais demandée n'avait pour but que de lui remettre l'original d'une lettre de remercîment qu'il avait écrite à mon père, son général en chef; mais que, ne pouvant le voir, je me contentais de lui en envoyer la copie.-Le lendemain je m'acheminai vers l'hôtel du général Foy, mon seul espoir. --"Eh bien," me dit-il avec une figure riante, "votre affaire est faite, vous entrez au secrétariat du duc d'Orléans, comme surnuméraire, aux appointements de 1,200 fr.; ce n'est pas grand'chose, mais c'est à vous de bien travailler." ~“C'est une fortune. Et quand serai-je installé ?”—“ Au

ATHALIE ET JOAS.

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jourd'hui même, si vous voulez."" Permettez-vous que j'annonce cette bonne nouvelle à ma mère ?"-" Oui. Mettez-vous là.”—Je lui écrivais de vendre tout ce qui nous restait et de venir me rejoindre; lorsque j'eus fini, je me retournai vers le général; il me regardait avec une expression de bonté inexprimable. Je lui sautai au cou et l'embrassai.-Il se mit à rire.

ATHALIE ET JOAS.

ATHALIE. Comment vous nommez-vous ?

JOAS.

ATH. Votre père ?

JOAS.

J'ai nom Eliacin.

Je suis, dit-on, un orphelin,
Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance,

Et qui de mes parents n'eus jamais connaissance.
ATH. Vous êtes sans parents!
JOAS.

Ils m'ont abandonné.

ATH. Comment? et depuis quand ?
JOAS.
Depuis que je suis né.
AтH. Ne sait-on pas au moins quel pays est le vôtre ?
Jo. Ce temple est mon pays, je n'en connais point d'autre.
Атн. Où dit-on que le sort vous a fait rencontrer ?
JOAS. Parmi des loups cruels prêts à me dévorer.
ATH. Qui vous mit dans ce temple?

Une femme inconnue,

JOAS.
Qui ne dit point son nom, et qu'on n'a point revue.

AT. Mais de vos premiers ans quelles mains ont pris soin?
JOAS. Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin?

Aux petits des oiseaux il donne leur pâture,

Et sa bonté s'étend sur toute la nature.

Tous les jours je l'invoque, et, d'un soin paternel, ·
Il me nourrit des dons offerts sur son autel.

Атн.

Quel est tous les jours votre emploi ? JOAS. J'adore le Seigneur; on m'explique sa loi. Dans son livre divin on m'apprend à la lire, Et déjà de ma main je commence à l'écrirc.

ATH. Que vous dit cette loi ?

JOAS.

Que Dieu veut être aimé;

Qu'il venge tot ou tard son saint nom blasphémé;

Qu'il est le défenseur de l'orphelin timide;

Qu'il résiste au superbe, et punit l'homicide.

ATH. J'entends. Mais tout ce peuple, enfermé dans ce A quoi s'occupe-t-il ?

JOAS.

Il loue, il bénit Dieu.

[lieu, [temple? ATH. Dieu veut-il qu'à toute heure on prie, on le conJOAS. Tout profane exercice est banni de son temple. ATH. Quels sont donc vos plaisirs ?

JOAS. J'entends chanter de Dieu les grandeurs infinies; Je vois l'ordre pompeux de ses cérémonies.

ATH. Hé quoi! vous n'avez point de passe-temps plus Je plains le triste sort d'un enfant tel que vous. [doux ? Venez dans mon palais, vous y verrez ma gloire. JOAS. Moi, des bienfaits de Dieu je perdrais la mémoire ! ATH. Non; je ne veux pas vous contraindre à l'oublier. JOAS. Vous ne le priez point.

ATH.

Vous pourrez le prier.
JOAS. Je verrais cependant en invoquer un autre.
ATH. J'ai mon dieu que je sers; vous servirez le vôtre;
Ce sont deux puissants dieux.

JOAS.
Il faut craindre le mien:
Lui seul est Dieu, madame, et le vôtre n'est rien.

ATH. Les plaisirs près de moi vous chercheront en foule.
Jo. Le bonheur des méchants comme un torrent s'écoulə.
ATH. Ces méchants, qui sont-ils ? ...

Enfin, Eliacin, vous avez su me plaire.

Vous voyez, je suis reine, et n'ai point d'héritier:
Je veux vous faire part de toutes mes richesses;
Essayez dès ce jour l'effet de mes promesses.
A ma table, partout, à mes côtés assis,

Je prétends vous traiter comme mon propre fils.
JOAS. Comme votre fils!

ATH.

Oui vous vous taisez?

JOAS. Quel père je quitterais, et pour ...

Атн.

JOAS.

Hé bien ?

Pour quelle mère !-(Racine.)

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ALLONS nous promener, et nous parlerons des œuvres de Dieu.

Le pin croît sur les montagnes, et le saule balance légèrement ses branches sur l'onde solitaire des fontaines. Le chardon est armé de petites épines; la mauve est douce, et couverte de poil.

Le houblon s'enlace autour de longs bâtons, et ses tendres rejetons, mêlés de fleurs délicates, s'y supportent

Le chêne enfonce sa grosse racine dans la terre, et brave les tempêtes de l'hiver.

La marguerite émaille les champs, et fleurit même sous les pieds du passant.

L'éclatante tulipe exige un terrain riche, et le soin d'un jardinier.

Lesjoncs,et les roseaux,croissent dans les marais humides. Le nénufar croît sous l'onde; ses larges feuilles vertes se baignent sur le miroir poli des eaux.

La giroflée jaune s'enracine entre les pierres : elle exhale son parfum parmi les ruines.

Chaque feuille a une forme distincte, et chaque piante så fleur.

Dès que le printemps approche, la primevère, et le muguet renaissent; ils montrent leurs jolies fleurs: l'œillet attend l'été, et le laurier caresse l'hiver. Chaque plante produit son pareil; un épis de blé ne produira jamais un gland, et une vigne ne donne pas des cerises, mais chaque plante vient de sa propre graine.

Qui les préserve pendant le froid de l'hiver, quand la terre est couverte de neige, et que tout est gelé ? Qui sème la petite graine? l'échauffe au sein de la terre, la fait germer, et devenir forte ?

C'est Dieu. Voilà une partie de ses merveilles. Tout ce qui nous environne vient de Dieu.

Nous pouvons voir le pouvoir de sa main dans chaque feuille, ainsi que dans les astres qui illuminent les cieux. Nous ne pouvons voir Dieu, il est invisible aux mortels, mais nous pouvons admirer ses merveilles, et adorer son saint nom. Chaque jour que nous le connaîtrons mieux nous le bénirons davantage.

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». r. Verb reflected, or reciprocal. interj. Interjection.

OBSERVATIONS.

When you meet with a line thus:

-, it means the repetition of the preceding word, which generally has another signification. When a letter, or a syllable, such as e, se, &c. fellows a French adjective, or participle, it is to show its feminine.

When you do not meet with the particular teuse of a verb, endeavo

to find its infinitive, which always ends in er, ir, oir, or re.

In French narrative, the present tense is very frequently used; bui is usually translated in English into the past tenso, except in very lively, animated style.

Some words have several totally different meanings ;—the intelligent student will have little difficulty in fixing upon the one uppropriate to the phrase he is translating.

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