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Né à Villers-Coterets, petite ville d'environ deux mille âmes, on devinera, tout d'abord, que les ressources n'y étaient pas grandes pour l'éducation; un bon abbé, aimé et respecté de tout le monde, m'avait donné pendant cinq ou six ans des leçons de latin et m'avait fait faire quelques bouts-rimés français. Quant à l'arithmétique, trois maîtres d'école avaient successivement renoncé à me faire entrer les quatre premières règles dans la tête. en échange je possédais une éducation agreste, c'est-àdire que je montais tous les chevaux, que je faisais douze lieues pour aller danser à un bal, que je tirais assez habilement l'épée et le pistolet, que je jouais à la paume comme Saint-George, et qu'à trente pas, je manquais très rarement un lièvre, ou un perdreau.—Mes préparatifs faits, chose peu longue, j'allai annoncer à toutes connaissances mon départ pour Paris.

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II. Dans le café attenant au bureau de la diligence, se trouvait un ancien ami de mon père; il avait, outre cette amitié, conservé pour notre famille quelque reconnaissance blessé à la chasse, il s'était fait transporter chez nous, et les soins qu'il avait reçus de ma mère et ma sœur étaient restés dans sa mémoire. Fort influent par sa fortune et sa probité, il avait enlevé d'assaut l'élection du général Foy, son camarade de collége. Il m'offrit une lettre pour l'honorable député; je l'acceptai, l'embrassai et partis dire adieu à mon digne abbé qui approuva ma résolution, m'embrassa les larmes aux yeux, et, lorsque je lui demandai quelques conseils, qu'il ne me donnait pas il ouvrit l'Evangile et me montra du doigt ces seules paroles: Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fit.

Le soir même je partis et j'arrivai à Paris où je des cendis dans un modeste hôtel de la rue Saint-Germainl'Auxerrois, convaincu que l'on calomniait la société, et que le monde était un jardin à fleurs d'or, dont toutes les portes allaient s'ouvrir devant moi. J'écrivis le même

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soir au ministre de la guerre, pour lui demander une audience, lui détaillant mes droits à cette faveur, au nom de mon père, passant sous silence, par délicatesse, les services rendus, mais dont une lettre du maréchal, qu'à tout hasard j'avais apportée avec moi, faisait preuve incontestable. Je m'endormis là-dessus et fis des songes des Mille et une Nuits.-Le lendemain j'achetai un almanach des 25,000 adresses, et me mis en course.

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Ma première visite fut au marécha' Jourdan. Il se souvenait bien vaguement qu'il avait existé un général Alexandre Dumas, mais il ne se rappelait pas avoir jamais entendu dire qu'il eût un fils...-Malgré tout ce que je pus lui dire, je le quittai au bout de dix minutes, paraissant très peu convaincu de mon existence.—Je me rendis chez le général Sébastiani. Il était dans son cabinet de travail; quatre ou cinq secrétaires écrivaient sous sa dic tée; chacun d'eux avait sur son bureau, outre sa plume, son papier et ses canifs, une tabatière d'or qu'il présentait tout ouverte au général, lorsqu'il s'arrêtait devant lui. général y introduisait délicatement l'index et le pouce, savourait voluptueusement la poudre d'Espagne, et se remettait à arpenter la chambre, tantôt en long, tantôt en Large. Ma visite fut courte; quelque considération que j'eusse pour le général, je me sentais peu de vocation à devenir porte-tabatière. Je rentrai à mon hôtel un peu désappointé, mes rêves d'or étaient ternis. Je repris mon almanach, je feuilletais au hasard, lorsque je vis un nom que j'avais si souvent entendu prononcer par ma mère avec tant d'éloges, que je tressaillis de joie: c'était celui du général Verdier, qui avait servi en Egypte sous les ordres de mon père. Je me fis conduire, rue du Faubourg-Montmartre no 4; c'est là qu'il demeurait.—“ Le général Verdier ?" demandai-je au concierge." Au qua. trième, la petite porte à gauche."-Parbleu, me disais-je ! tout en montant l'escalier, voilà au moins qui ne ressemble ni aux laquais à livrée du maréchal Jourdan, ni au portier de l'hotel Sébastiani.-Le général Verdier, au quatrième, la porte à gauche.-Cet homme-là doit se souvenir de mon père. J'arrivai; le modeste cordonnet vert pendait près de la porte désignée, je sonnai, attendant cette troisième

épreuve pour savoir à quoi m'en tenir sur les hommes. La porte s'ouvrit. Un homme d'une soixantaine d'années parut; il tenait d'une main une palette chargée de couleurs et de l'autre un pinceau.

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III. Je crus m'être trompé, et je regardai les autres portes."Que désirez-vous, monsieur ?" me dit-il.-" Présenter mes hommages au général Verdier; mais probablement que je me trompe ?"-"Non, non, vous ne vous trompez pas, c'est ici."-J'entrai donc dans un atelier."Vous permettez, monsieur ?" me dit-il, en se remettant à un tableau de bataille, dans la confection duquel je l'avais interrompu." Sans doute; et si vous voulez seulement m'indiquer où je trouverai le général..."-Le peintre se retourna. "Eh bien! Mais, parbleu! c'est moi," me dit11.-" Vous ?" je fixai mes yeux sur lui avec un air si marqué de surprise qu'il se mit à rire.—“ Général,” lui dis-je, 'je suis le fils de votre ancien compagnon d'armes en Egypte, d'Alexandre Dumas."-Il se retourna vivement de mon côté, me regarda fixement, puis au bout d'un instant de silence :—“ C'est . . . vrai,” me dit-il ; vous êtes tout son portrait."-Deux larmes lui vinrent en même temps aux yeux, et, jetant son pinceau, il me tendit une main que j'avais plus envie de baiser que de serrer.— "Eh! qui vous amène à Paris, mon pauvre garçon ?" continua-t-il; "car, si j'ai bonne mémoire, vous demeuriez avec votre mère dans je ne sais quel village?...”—“C'est vrai, général; mais ma mère vieillit, et nous sommes pauvres. -"Deux chansons dont je sais l'air," murmura-t-il. -"Alors je suis venu à Paris dans l'espoir d'obtenir une petite place pour la nourrir à mon tour comme elle m'a nourri jusqu'à présent."—" C'est bien fait ! Mais une place n'est point chose facile à obtenir par le temps qui court; il y a un tas de nobles à placer, et tout leur est bon.""Mais, général, j'ai compté sur votre protection.' "Heim!"—Je répétai.—" Ma protection?" Il sourit amère. ment." Mon pauvre enfant, si tu veux prendre des leçons de peinture, ma protection ira jusqu'à t'en donner, et encore tu ne seras pas un grand artiste si tu ne surpasses pas ton maître. Ma protection? Eh bien, il n'y a peutêtre que toi au monde qui puisses aujourd'hui s'aviser de

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me la demander."-" Comment cela ?"-" Ne m'a-t-on pas mis à la retraite sous prétexte de je ne sais quelle conspi ration? De sorte que, vois-tu, je fais des tableaux. Si tu veux en faire ? . . ."—" Merci, général; mais je ne sais pas faire un œil, et l'apprentissage serait trop long.""Que veux-tu, mon ami, voilà tout ce que je puis t'offrir... Ah! et puis la moitié de ma bourse, je n'y pensais pas, car cela n'en vaut guère la peine."-Il ouvrit le tiroir d'un petit bureau dans lequel il y avait, je me le rappelle, deux pièces d'or, et une quarantaine de francs en argent.—“ Je vous remercie, général; je suis à-peu-près aussi riche que vous."―J'avais les larmes aux yeux.-" Je vous remercie, mais vous me donnerez des conseils sur les démarches que j'ai à faire ?”—“Oh! cela, tant que tu voudras. Voyons, où en es-tu?" I reprit son pinceau et se remit à peindre." J'ai écrit au maréchal duc de Bellune.”—Le général fit une grimace qui pouvait se traduire par : Si tu ne comptes que là-dessus, mon pauvre garçon.. encore," ajout i-je, répondant à sa pensée, une recommandation pour le général Foy, député de mon département."-" Ah! ceci c'est autre chose. Eh bien! mon enfant, n'attends pas la réponse du ministre porte ta lettre au général et sois tranquille, il te recevra bien. Maintenant veux-tu dîner avec moi? nous causerons de ton père." "Volontiers, général."- "Reviens à six heures."--Je pris aussitôt congé du général Verdier.

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IV. Le lendemain je me présentai chez l'honorable général. Il se retourna, en entendant ouvrir la porte de son sanctuaire, et avec sa vivacité habituelle, arrêta ses yeux perçants sur moi.-" Monsieur Alexandre Dumas ?"... me dit-il...—“Oui, général.”—“ Etes-vous le fils de celui qui commandait en chef l'armée des Alpes ?”—“ Oui, général.” "C'était un brave. Puis-je vous être bon à quelque chose? J'en serais heureux."-"Je vous remercie de votre intérêt. J'ai à vous remettre une lettre de Monsieur Danré."—"Voyons ce qu'il dit, ce bon ami"... Il se mit à lire." Ah! il vous recommande à moi avec une instance toute particulière il vous aime donc bien ?"...-" Comme son fils."—"Eh bien, voyons, que ferons-nous de vous ?" "Tout ce que vous voudrez, général."—" Il faut d'abord

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