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ANCIENNE

DES ÉGYPTIENS,

DES CARTHAGINOIS,
DES ASSYRIENS,

DES BABYLONIENS,
DES MEDES ET DES PERSES,
DES MACÉDONIENS,

DES GRECS.

Par M. ROLLIN, ancien Recteur de l'Uni-
verfité de Paris, Profeffeur d'Eloquence au
College Royal, & Affocié à l'Académie Royale
des Infcriptions & Belles-Lettres.

TOME PREMIER.

NOUVELLE ÉDITION.

161

A PARIS,

Chez les Freres ESTIENNE, rue St. Jac
à la Vertu.

M. D C C. L X X V.

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Avec Approbation & Privilege du Roi.

LIE

PATRIE

PREFACE.

S. L. UTILITÉ

DE L'HISTOIRE PROFANE,
Sur-tout par rapport à la Religion.

Obferver

outre

les

faits & le

'ETUDE de l'Hiftoire profane ne mériteroit point qu'on y don- dans l'histoinât une attention férieuse & un re, temps confidérable, fi elle fe chronologic. bornoit à la ftérile connoiffance des faits de l'antiquité, & à la fombre recherche des dates & des années où chaque événement s'est paffé. Il nous importe peu de favoir qu'il y a eu dans le monde un Alexandre, un César, un Aristide, un Caton, & qu'ils ont vécu en tel ou tel temps; que l'Empire des Affyriens a fait place à celui des Babyloniens, & ce dernier à l'Empire des Médes & des Perfes, qui ont été enfuite fubjugués eux-mêmes par les Macédoniens, & ceux-ci par les Romains.

tion & de la

MAIS il eft d'une grande importance 1. La caufe de connoître comment ces Empires fe font de l'éléva établis, par quels degrés & par quels chute des moyens il font arrivés à ce point de gran- Empires, deur que nous admirons, ce qui a fait

mes,

leur folide gloire & leur véritable bonheur, & quelles ont été les caufes de leur décadence & de leur chûte.

&

2. Le génie IL n'eft pas moins important d'étudier & le carac- avec foin les mœurs des peuples, leur génie, tère des peu leurs loix, leurs ufages, leurs coutumes; ples & des grands hom- fur-tout de bien remarquer le caractère, les talens, les vertus, les vices mêmes de ceux qui les ont gouvernés, & qui par leurs bonnes ou mauvaises qualités ont contribué à l'élévation ou à l'abaiffement des Etats qui les ont eus pour conducteurs & pour maîtres.

Voilà les grands objets que nous préfente l'Hiftoire ancienne, en faifant paffer comme en revue devant nous tous les Royaumes & tous les Empires de l'Univers, & en même temps tous les grands hommes qui s'y font diftingués de quelque maniere que ce foit, & en nous inftruifant moins par des leçons que par des exemples, fur tout ce qui regarde l'Art de regner, la science de la guerre, les principes du gouvernement, les régles de la politique, les maximes de la fociété civile & de la conduite de la vie pour tous les âges & pour toutes les conditions.

On y apprend auffi, & ce ne doit point être une chofe indifférente pour quicon3. L'origine que a du goût & de la difpofition pour & le progrès les belles connoiffances; on y apprend comdes arts & ment les fciences & les arts ont été invendes fciences. tés, cultivés, perfectionnés, on y reconnoît, & l'on y fuit comme de l'oeil, leur

origine & leur progrès; & l'on voit avec

admiration que plus on s'approche des lieux où les enfans de Noé ont vécu, plus on y trouve les fciences & les arts dans leur perfection au lieu qu'ils paroiffent oubliés ou négligés à proportion que les peuples en ont été dans un plus grand éloignement: de forte que quand on a voulu les rétablir, il a fallu remonter à l'origine d'où ils étoient partis.

Je ne fais que montrer légérement tous ces objets, quelque importans qu'ils foient, parce que je les ai traités ailleurs * avec 3. & 4

étendue.

Tomes de la

tudier.

Mais un autre objet, infiniment plus in- maniére d'étéreffant, doit attirer notre attention. Car 4. Obferver quoique l'Hiftoire profane ne nous parle principaleque de peuples abandonnés à toutes les fo- ment ce qui a rapport à lies d'un culte fuperftitieux, & livrés à tous la religion, les déreglemens dont la nature humaine depuis la chûte du premier homme, eft devenue capable: elle annonce par tout la grandeur de Dieu, fa puiffance, fa juftice, & fur-tout la fageffe admirable avec laquelle fa providence conduit tout l'Univers.

Si (a) l'intime conviction de cette derniére vérité élevoit, felon la remarque de Ciceron, le peuple Romain au deffus de tous les peuples de la terre: on peut affurer de même que rien ne releve plus l'Hiftoire au deffus de beaucoup d'autres con

(a) Pietate ac religione atque hâc unâ fapientiá quod Deorum immorta lium numine omnia Regi

gubernarique perspeximus,
omnes gentes nationefque
fuperavimus. Or. de Arufp.
refponf. n. 19.

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