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CONTES, HISTORIETTES. DRAMES. TOUT N'EST POINT PAROLE D'ÉVANGILE,

COMÉDIE EN UN ACTE.

PERSONNAGES.

MME DELAUNAY, 35 ans.

MATHILDE, 16 ans.

CAROLINE, 15 ans.

LOUISE, 14 ans.

MARIE, 40 ans.

JEANNETON, 20 ans.

MADELON, 10 ans.

FERMIERS, DOMESTIQUES, etc.

JEANNETON et CAROLINE doivent être à peu près de la même taille.

(On peut, sans inconvénient pour l'action mise en scène, supprimer tout ou partie des couplets

La scène représente un salon à la campagne; porte à droite sur les appartements; au fond et à gauche, porte sur le jardin; sur le devant et à gauche, une petite table, des chaises et un fauteuil.

SCÈNE I.

JEANNETON, seule, elle est endormie sur le fauteuil.

VOIX, au dehors.

AIR Au clair de la lune.

Ouvrez-nous la porte,

Ouvrez, s'il vous plait,

A qui vous apporte,
Ce joli bouquet.

On frappe discrètement trois coups à la porte de gauche, Jeanneton continue à dormir; on frappe plus fort.

JEANNETON, très-lentement et dormant encore à demi. Je crois qu'on frappe.... Ah! qu'on est bien dans ce grand fauteuil.... (Elle se détourne et se remet à dormir; on frappe plus fort.)

UNE VOIX, au dehors. Jeanneton! Eh! Jeanneton! JEANNETON, à demi endormie. C'est la voix de Mlle Mathilde.

LA VOIX. Jeanneton, ouvrez donc!

JEANNETON, se levant en sursaut. Ah! mon Dieu! ce sont ces demoiselles! et l'air que je viens d'entendre est le signal convenu entre nous. (Très-vite.) C'est aujourd'hui la fête de Mme Delaunay; ses trois filles viennent la lui souhaiter; tout a été arrangé à l'avance. Ces demoiselles, qui ont dévalisé le jardin, arrivent au salon, comme par hasard; je vais chercher madame, qui vient.... comme par hasard. et nous lui faisons notre compliment, comme par.... Mais il est convenu que personne n'en sa rien, et madame écrit bien tranquillement dans sa chambre.... Voyons, il faut que je récite encore mon compliment. (Se rasseyant.) Ah! l'ouvrage ne manque pas ici, et ce n'est pas étonnant qu'on s'endorme quelquefois. (Elle se rendort; on frappe encore.) On y va! On y va! Mon Dieu! sontelles donc pressées!... (Elle se dirige vers la porte de l'appartement à droite; mais, au moment de l'ouvrir, elle s'arrête.) Je perds la tête; ces demoiselles frappent à la porte du jardin que j'ai fermée à clef. (Elle se dirige vers cette porte, mais ne l'ouvre pas.) Et madame

qui n'est pas là!... Qu'allais-je faire? (Revenant à la porte de droite qu'elle ouvre et appelant.) Madame! Madame! on a besoin de vous de suite!

SCÈNE II.

LA MÊME, Mme DELAUNAY.

MME DELAUNAY. Qu'y a-t-il donc?

JEANNETON. Ne le savez-vous pas? (Elle court à la porte de gauche qu'elle ouvre.)

SCÈNE III.

LES MÊMES, CAROLINE, LOUISE, Mathilde, qui porte le bouquet.

CHOEUR à trois voix.

AIR DE ZAMPA: Dans ces présents, que de magnificence.
En ce bouquet, que notre bonne mère
Daigne accepter un symbole pieux;
Des sentiments qu'avec notre prière

Dieu, chaque jour, voit monter vers les cieux. bis.

MATHILDE, placée entre ses deux sœurs, s'avance de deux pas et présente le bouquet à Mme Delaunay qui le prend. Chère maman, acceptez nos souhaits de bonne fête !

MME DELAUNAY. Merci, mes chers enfants! Merci de ces fleurs aussi belles et de ces souhaits aussi bons que vous. (Elle dépose son bouquet sur la table et embrasse ses filles, en commençant par Louise qui est à droite; regardant encore le bouquet:) Dieu vous le rende!

LOUISE. Vous nous le rendez tous les jours!

MATHILDE. Voici la première fois que cette heureuse circonstance se présente depuis notre retour des colonies.

CAROLINE. Nous ne pouvions, chère maman, la laisser échapper.

MME DELAUNAY. Moi aussi, j'ai voulu que ce jour fût marqué par une petite surprise qui vous sera agréable; j'ai fait venir de Paris, et pour chacune de vous, une toilette délicieuse.

MATHILDE. Vraiment?

CAROLINE. Quel bonheur!

LOUISE. Vous êtes si bonne !

MME DELAUNAY. Et vous la mettrez ce soir, au bal....

TOUTES TROIs. Un bal?...

MME DELAUNAY. Que je donne à vos cousins, à vos cousines, à vos meilleures amies....

MATHILDE ET CAROLINE. Quel bonheur!

LOUISE. Merci, chère maman!! (Elle l'embrasse.) MME DELAUNAY. Toute la famille se trouvera réunie....

CAROLINE. Je jouerai tous mes quadrilles !...
MATHILDE. Nous les danserons!......

LOUISE, à Mme Delaunay. Et nous vous verrons fêtée par tout le monde !!

JEANNETON, s'avançant. Ah! madame, vous êtes bien.... bien bonne!

MME DELAUNAY. Cette pauvre Jeanneton! J'avais oublié que tu étais là.

JEANNETON. Ah! madame, je suis contente de savoir que nos demoiselles vont bien s'amuser.

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Ah! ah! ah! quel bonheur! Ah! ah! ah! quel plaisir! Ah! ah! ah! qu'à ce bal on va se divertir!

Elle prend d'une main Mme Delaunay, de l'autre Louise; tout le monde danse en rond en chantant :

Ah! ah! ah! quel bonheur! Ah! ah! ah! quel plaisir ! Ah! ah! ah! qu'à ce bal on va se divertir!

MME DELAUNAY. Mesdemoiselles, il faut maintenant s'occuper de choses sérieuses; j'ai aussi ma toilette à préparer.

MATHILDE. Nous vous aiderons; le voulez-vous?
CAROLINE ET LOUISE. Oui! Oui!

MME DELAUNAY. Je n'ai pas besoin de vous toutes; on se gène quand on est trop nombreux; je ne prendrai que Louise; toi, Mathilde, et toi, Caroline, vous surveillerez les préparatifs de notre petite fête, et si vous tenez à vous en bien acquitter, vous ne manquerez pas de besogne.

CAROLINE. C'est cela! Je me charge du thé et des gâteaux.

MATHILDE, bas à Caroline. Gourmande!

CAROLINE, bas à Mathilde. J'en conviens, et tu te caches; voilà la différence entre nous.

MME DELAUNAY. Eh bien! mesdemoiselles, qu'estce donc que ces vilaines disputes entre sœurs? MATHILDE. Oh! nous rions!

CAROLINE. Oui. (A part.) Dans ce moment, mais quelquefois c'est pour tout de bon!

MME DELAUNAY, à la cantonnade. Madelon!... vous vous mettrez à la disposition de ces demoiselles. (A) Louise.) Viens, Louise. (A Caroline et à Mathilde.) A bientôt.

CAROLINE. A bientôt ! (A Mathilde qu'elle entraîne sur le devant, à droite.) Un mot très-important! (Elles causent bas.)

JEANNETON, courant après Mme Delaunay. Et moi, madame, que ferai-je?

SCÈNE IV.

CAROLINE, MATHILDE, JEANNETON, MADELON.

MADELON, arrivant. Toi? (Riant.) Ah! ah! ah! va récurer tes casseroles! (Elle rit encore.) Ne voilà-t-il pas une belle mijaurée !

JEANNETON, d'un ton piqué. Tiens! cette gardeuse de dindons!

MADELON. Avec cela qu'il y a longtemps que tu as quitté les tiens pour devenir laveuse de vaisselle! JEANNETON. Je sais ce qui te fait parler. MADELON. Pardi! c'est ta sottise! JEANNETON. C'est l'envie!

MADELON. Il y a vraiment de quoi!... Voyez cette duchesse.... de basse-cour, qui fait la bouche en cœur pour se rendre aimable! « Madame veut-elle ci?... Madame désire-t-elle cela?... »

JEANNETON. Vilaine jalouse! Tu crèves de dépit. MADELON. Vieille vaniteuse, l'orgueil te détraque la cervelle! (Elles se disputent bas.)

MATHILDE, à Caroline. L'envie et l'orgueil, deux vilaines choses!

CAROLINE. Et bien placées, surtout. (Riant.) Ah! ah! ah!

MADELON, vivement, à Jeanneton. Voilà qui est bien fait; mademoiselle rit de toi.

JEANNETON. Tu vois la poutre dans l'œil de ton voisin, et tu ne vois pas.... non, je me trompe, c'est la paille....

MADELON. La poutre?... Pédante!

JEANNETON. La paille !... Malhonnête!

MADELON Ah! le pauvre esprit, qui ne sait même pas appeler à propos à son secours la sagesse des nations....

JEANNETON. Va le demander à M. le curé, qui nous a prêché cela dimanche.

MADELON, Si tu écoutais mieux M. le curé, tu ne serais pas si orgueilleuse.

JEANNETON. Et toi, si jalouse!

CAROLINE, à Mathilde. Sont-elles amusantes! (Elle rit) Ah! ah! ah!

MATHILDE, à Jeanneton et à Madelon. Allons, en voilà assez! Que chacune de vous aille à sa besogne. JEANNETON, se disposant à sortir à gauche. Mademoiselle, je suis à vos ordres.

MADELON, contrefaisant Jeanneton en la suivant. Mademoiselle, je suis à vos ordres.... (A part et de sa voix naturelle.) Flatteuse, va! (Jeanneton sort.)

SCÈNE V.

CAROLINE, MATHILDE, MADELON.

MADELON, revenant à Mathilde, d'une voix très-douce. Mademoiselle se rappelle que madame m'a chargée de venir près d'elle....

MATHILDE. Je n'ai pas besoin de vous pour le moment.... Je vous appellerai....

CAROLINE, avec un signe d'intelligence. Oui, plus

tard.

MADELON. C'est bien, mademoiselle. (A part et s'en allant.) Elles ont à se parler.... mais on aura besoin de moi. (Elle sort.)

SCÈNE VI.

CAROLINE, MATHILDE.

CAROLINE, riant. La poutre et la paille, était-ce

amusant!

MATHILDE. En apparence; mais, en réalité, ces querelies tournent souvent très-mal.

CAROLINE. Ne vas-tu pas aussi me débiter des sermons? Au fait, tu es l'aînée.... Me voilà bien plantée ! J'ai deux sœurs; l'une fait la moraliste, et l'autre.... l'intrigante.

MATHILDE. Ah! Caroline, que dis-tu? Louise est un excellent cœur, et jamais elle n'eut les intentions que tu lui supposes.

CAROLINE. J'admire ta simplicité! Ne vois-tu pas où tendent tous les efforts de Louise? A se faire préférer; elle n'y réussit que trop bien, c'est ce dont j'enrage! Louise par-ci, Louise par-là.... Je n'entends parler que de Louise! On l'embrasse la première; elle obtient toutes les préférences comme elle a tous les mérites. Qui entend le mieux les détails du ménage?

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Ve- nez, di-vin Mes- si- e, Chan-ger nos jours in- for- tu-nés; Ve- nez, source de vi- e,

Ve-nez, ve- nez, ve-nez. Ah! des-cen- dez, hà-tez VOS pas, Sauvez les hommes du tré-pas; Se

courez- nous, ne tardez pas : Pour nous li-vrer la guerre, Tous les en-fers sont déchaînés; Des

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