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donner jufqu'à deux cens livres de chair qu'on fale; & près de trois cens oeufs fort gros, & qui font de garde.

Le carret eft une autre tortue très-groffe, auffi bien que la franche, d'une chair à la vérité moins délicate; mais elle eft irès - recherchée pour fon écaille, qu'on façonne comme on veut, en l'amoliffant dans Peau chaude, puis la mettant dans un moule, dont on lui fait prendre exactement & fur le champ la figure, à l'aide d'une bonne preffe de fer. On la polit enfui te, & on y ajoute des cizelures d'or & d'argent, ou d'autres ornemens.

La tortue paît l'herbe fous l'eau & hors de l'eau. Elle fait fa de eure ordinaire, & trouve fa nourriture dans de certaines prairies, qui font au fond de la mer, le long de plufieurs ¡les de l'Amérique. Il y a peu de braffes d'eau fur quelques-uns de ces fonds, & les voyageurs raportent que quand la mer eft calme, & le tems ferein, on voit ce beau tapis verd au fond de l'eau, & les tortues qui s'y proménent. Après qu'elles ont mangé, elles vont à l'embouchure des rivières chercher l'eau douce. Elles viennent refpirer, puis s'en retournent au fond. Quand elles ne mangent point, elles ont ordinairement la tête hors de l'eau, à moins qu'elles ne voient remuër quelque chaffeur, où quelque oifeau de proie, auquel cas elles s'enfoncent bien vite.

Elles

Elles vont tous les ans à terre pondre leurs oeufs, dans des trous qu'elles fe font fur le fable, un peu au deffus de l'endroit cù * la lame vient battre. Elles les couvrent très-légèrement, afin que le Soleil les échaufe, & faf fe éclorre les petits; & en travaillant pour leur famille, elles préparent une provifion abondante aux hommes & aux oifeaux; car elles vont pondre de quinze jours en quinze jours jusqu'à trois fois, & mettent bas chaque fois quatrevingt ou quatre-vingt-dix oeufs & plus. Au bout de vingt-quatre ou de vingt-cinq jours, on voit fortir du fable de petites tortues, qui fans leçons & fans guide, s'en vont tout doucement gagner l'eau. Mais malheureufement pour elles la lame les rejette les premiers jours. Les oifeaux accourent qui les enlèvent la pluspart, avant qu'elles foient affez vigoureufes pour te nir contre le flot, & pour fe gliffer au fond. Auffi de trois cens oeufs, il n'en échape quel que-fois pas dix; quelque fois point-du-tout.

L

S. LVI.

De la Ville de Londres.

A VILLE de Londres eft une des plus grandes, des plus riches & des plus florissantes villes du monde. C'eft la capitale de la GrandeBretagne, & le fiège de la monarchie d'Angle. E 4

.

terre.

Ce font les vagues de la mer, qui roulent les unes fur

les autres.

terre. Elle a un célèbre Parlement, & une Soeieté Royale des Sciences, établie par Charles II. en 1663. Il y a des écoles publiques où l'on enfeigne toutes fortes de métiers, gratis, aux pauvres, une Ecole de Mathématique, où l'on enfeigne la navigation, une maifon publique où l'on fait travailler les vagabonds & gens de mauvaife conduite. Il y a auffi des hôpitaux magnifiques, un grand nombre de belles & grandes places & des rues très- propres. On y trouve un grand nombre de Collèges & d'Eglifes, dont les principales font S. Paul, Cathédrale, & la Collégiale de Westminster, environ 80 Temples pour les Non-Conformistes, 30 pour les Proteftans étrangers, une belle Synagogue pour les Juifs, & environ un million de perfonnes.

On remarque outre cela à Londres, la Tour, qui eft une fortereffe proche la 'Tamise, où eft le grand Arsenal de la Nation, la fabrique de la monnoie, les joyaux & les Archives de la Couronne, & qui eft la prifon des Pairs & des Membres de la Chambre-baffe du Par lement. Labourfe* eft un des plus beaux êdifices en ce genre.

& LVII.

* On apelte bourfe en plufieurs Villes, le lieu où s'asfemblent les Marchands & les Banquiers, pour traiter de leurs affaires..

S. LVII.

REFLEXIONS MORALES,

Il est mal-aisé d'être joueur de profession, &.

U1

honnête-homme en mêmetems.

n Joueur d'un commun aveu,

N'a rien d'húmain que l'aparence;

Et d'ailleurs it n'est pas fi facile qu'on pense,
D'être fort honnête-homme & de jouer gros jeu:
Le défir de gagner, qui nuit & jour occupe,
Elt un dangereux aiguillon.

Souvent quoique l'efprit, quoique le coeur foit bon
On commence par être dupe,
On finit par être fripon.

LES

§. LVIII.

De CESAR AUGUSTE.

ES NOMS de cet Empereur étoient Cajus Julius Cefar Octavianus Augufte. Il étoit fils d'Octavius & d'Accia, fille de Julie, foeur de Jules Cêfar, & fut apellé d'abord Octavius. Il nâquit fous le Confulat de Cicéron & d'Antoine, l'an 691 de la fondation de Rome.

Il n'étoit âgé que de quatre ans, lors qu'il perdit fon père. A douze ans il fit publiquement l'oraifon funèbre de fon aïeule Ju lie, & a dix-huit, après avoir apris à Apollonie l'affaffinat commis à Rome en la perfon-.

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ne de Jules- Céfar fon oncle, qui l'avoit adopté, il traverfa d'Epire en Italie, où il fut reçu par une armée qui vint au devant de lui à Brindes, & qui s'attacha à fa perfonne, comme au véritable fils de Jules Céfar., M. Antoine qui étoit alors Conful, jaloux de l'autorité qu'il vouloit réserver toute entière pour foi, reçut affez mal Augufte, qui arma contre lui, & qui l'obligea, par la crainte, à en ufer autrement, mais ce calme ne dura pas long-tems. Augufte, après avoir célébré des Jeux à fes dêpens, pour la dédicace d'un Temple bâti par J. Cêfar, & s'être acquis par cette action la faveur du peuple, ne fongea plus qu'à la guer re contre Antoine, qui mettoit tout en usage pour perdre Augufte, & pour le faire décla rer ennemi public.

Augufte fut créé Vice- Prêteur, avec une autorité égale à celle des Confuls, & on le déclara capable d'exercer le Confulat, dix ans avant l'âge préfcrit par les Loix.

Après avoir reçu ordre de pourfuivre Antoine, avec les Confuls Hirtius & Panfa, it vint à bout en trois mois de cette guerre, dégagea Décimus Brutus, qui étoit affiégé dans Modène, chaffa Antoine de toute l'Italie, l'an 711 de Rome, & 43 ans avant Jésus-Chrift. Nonobftant ce fuccès, il aprit que le Sénat ne le mettoit aux prifes avec Antoine que pour ruïner l'un par l'autre, & le Triomphe

pour

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