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le, les marques de fa honte, s'attirer par-là le mépris & la rifée publique, & deshonorer pour toujours fa famille.

§. XXXVIII.

FABLE

La Brebis.

La Brebis que tondoit la Maitreffe inhumaine,

Disoit de tems en tems, fe fentant écorcher,
Si vous voulez ma vie apellez le boucher;
Apellez le tondeur, fi vous voulez ma laine.

L

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E POIVRE eft le fruit d'un arbre, qui croit fur les côtes de Malabar. La tige de cet arbre eft fi foible qu'il la faut foutenir, comme on fait ici celle de la Vigne. Chaque branche porte ordinairement fix grapes, longues chacune d'environ 12 pouces, & femblables à des grapes de raifins qui ne font pas mûrs. On les cueille toutes vertes au mois de Novembre, & on les met fécher au foleil. Les grains durciffent & deviennent noirs en très peu de tems.

Il eft à remarquer que le Poivre profite davantage dans les lieux ombragés que dans ceux qui font exposés au grand air.

§. XL.

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§. XL.

Stratagème fingulier.

Lo ORSQUE l'Empereur Henri III. affiégea la ville de Presbourg, pour venger la mort de Pierre Allemand, Roi de Hongrie, à qui André avoit fait crever les yeux en 1045; Zotmonde Hongrois fe fignala. Car il fortit de la Ville pendant la nuit, & vint à la nage proche des vaiffeaux de l'Empereur, qu'il perça adroitement avec un villebrequin; deforte que dès le matin ils commencèrent de couler à fond: ce qui fut cause de la levée du Siège.

Nous devons toujours être en garde contre nos ennemis.

§. XLI.

Irrefolution touchant le Mariage,
Ami, je vois beaucoup de bien

Dans le parti qu'on me propofe';
Mais toutefois ne preffons rient
Prendre femme eft étrange chose.
On doit y penfer murement:
Gens fages, en qui je me fie,
M'ont dit que c'eft fait prudemment,
Que d'y penfer toute sa vie.

DANS

§. XLII.

Lampe inextinguible,

ANS P'Etat de la République de Venife proche de Padoue, vers l'en 1500 ̊, fut

trouvé,

trouvé, en fouïffant dans un champ, le tombeau d'Olybius, illuftre Citoyen de Padoue, dans le quel on trouva, dit-on, une lampe qui y étoit allumée depuis environ quinze cens ans entre deux vafes, l'un d'or & l'autre d'argent, remplis d'une liqueur très-claire, avec cette infcription:

Olybius confacre à Pluton ce préfent magnifique.

Quelques-uns ont cru que cet Olybius étoit un Payen fort favant & qui croyoit l'immorta lité de l'ame, qu'il avoit marquée par ce feu qui ne s'éteignoit point; & que de ces deux phioles, celle qui étoit d'or fignifioit la volonté; & l'autre qui étoit d'argent repréfentoit l'efprit. D'autres fe font imaginé, que ces phioles étoient pleines d'une effence qui conténoit les élémens Chymiques & la matière de la Pierre Philofophale.

L'

§. XLIII.

De Forgueil & de la Fierté.

'ORGUEIL, comme las de fes artifices, & de fes différentes métamorphofes, après avoir joué tout feul tous les perfonnages de la Comédie humaine, fe montre avec un visage naturel, & fe découvre par la fierté; de forte qu'à proprement parier, la fierté est l'éclat & la déclaration de l'orgueil.

S. XLIV.

§. XLIV.

Combat fingulier de Crispinus Romain, avec
Badius de Capoue.

QUINTUS

UINTUS Crifpinus, Romain, étoit lié avec un Campanien nommé Badius, & par les droits de l'hospitalité, & par une amitié étroite qui en étoit la fuite. Ce qui avoit contribué à en refferrer les noeuds, c'eft que Badius étant tombé malade à Rome chez Quintus, avant la révolte de Capoue, il avoit reçu de lui tous les fecours qu'on peut attendre d'un bon & généreux ami Ce Badius voyant les troupes des Romains campées devant les murailles de Capoue, s'avança jusques aux prémiers corps de garde & demanda à haute voix qu'on lui fit venir Crifpinus. Celui-ci ayant été averti, crut que Badius vouloit lui parler comme à un ancien ami, & s'avança avec des difpofitions pacifiques, confervant, malgré la rupture entre les deux nations, le fouvenir d'une liaison perfonelle & particulière.

.

Quand Badius vit qu'il étoit à portée de l'entendre: Je vous défie au combat, dit-il à Crifpinus. Montons à cheval,& voyons qui de vous ou de moi fera paroitre plus de courage. Crifpinus qui ne s'attendoit à rien moins, lui répondit: Que Pun & l'autre ils avoient affez d'ennemis, contre qui ils pouvoient éprouver leur valeur leurs forces. Pour moi, ajouta-t-il, quand je vous rencontrerois par hazard dans la

mêlée

mêlée, je me détournerois, pour ne point fouiller mes mains du fang de mon ami & de mon hôte; & il fe mettoit en devoir de retourner au camp. Alors Badius, plus fier qu'auparavant, commença à traiter de crainte & de lâcheté cette modération & cette honnêteté de Crifpinus, & l'accablant de reproches que lui feul méritoit: Tu feins, difoit-il, de vouloir épargner ma vie, parce que tu fais bien que tu n'es pas en état de défendre la tienne contre moi. Mais fi tu crois que la guerre qui a rompu l'alliance des deux Peuples, n'a pas fuffifammers aboli toutes nos liaisons particulières, aprens que Badius de Capoue renonce folennellement à l'amitié de Quintus Crifpinus Ro main. Je prens à témoins de ma déclaration les Soldats des deux Armées, qui m'entendent. Je ne veux plus avoir rien de commun avec un hom• me qui eft venu attaquer ma patrie & mes Dieux, tant publics que particuliers. Si tu as du coeur, viens combattre.

Crifpinus, peu fenfible à toutes ces vaines & frivoles incartades, fut long-tems fans vouloir accepter le défi; & ce ne fut que fur les inftances vives & réïtérées de fes Camarades, qui lui remontroient combien il étoit honteux de foufrir que le Campanien l'infulta impanément, qu'enfin il l'accepta. Mais avant toutes chofes, fachant que tout combat particulier lui étoit interdit par les loix de la guer re, il alla demander à fes Généraux s'ils vouloient bien lui permettre de combattre hors Tome II.

D

de

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