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quelque-fois un peu de fon urine. Voici un abrégé de ce qu'il a écrit lui-même de fon

avanture.

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,,Pour donner gloire à Dieu, & aux bon,, tés infinies dont il a plu à fa miféricorde d'u,, fer envers moi pauvre pécheur, lorsqu'il m'a garanti d'une manière fi admirable, le cin„quième jour de Juin, de l'année mil fix,, cens, quatre-vingt huit, & les douze jours fuivans, Moi, fouffigné Joseph Ciaborri, de ,, la Ville de Cerreto, neveu du Baron de la Gi„nefta, déclare & affirme avec proteftation de ferment, à tous gens aimant & craignant ,,Dieu, la pure & fincère vérité des chofes ci deffous énoncées.

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Le Samedi 5. jour de Juin, de l'an 1688, veille de la Pentecôte fur les * vingt heures & demie, étant dans une rue de la ,, ville, proche de la maifon de mon père, avee ,, plufieurs de mes compagnons d'Ecole, un tremblement de terre & un bruit effroyable furvinrent foudainement; ce qui nous ayant ,, tous effrayés nous fit prendre la fuite. Mais comme nous courions pour nous fauver, les maifons trébuchèrent de tous côtés, tombèrent fur nous & nous accablèrent.

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,. La clémence de Dieu permit non-feu,,lement que je fuffe confervé en vie, mais elle

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A quatre heures & un quart, ou quatre heures & demie du foir, felon notre inanière de compter.

›, me garantit comme par miracle, deforte que os je ne fus en aucune façon bleffé. Tous mes » compagnons furent tués fur le champ, à ,, l'exception d'un feul qui fe rencontra proche de moi, & qui vécut pendant un espace de » tems, que j'ai eftimé avoir été de deux jours, fans néanmoins en pouvoir bien juger. Nous », nous confolames, & nous employames le „, tems en prières: mais enfin il mourut, & ,,je demeurai toujours depuis apuyé sur sa tê,, te, & fort incommodé par la puanteur de ,,fon corps.

» Je ne perdis jamais mon bon fens, & je ,, ne ceffai jamais auffi d'implorer les compaffions de Dieu, me réfignant toute-fois de bon cœur à fa volonté. Ma pofture n'étoit ›, pas extrêmement incommode; car bien que ,,je fuffe gêné, & néceffairement apuyé fur la ,, tête de mon malheureux compagnon mort, je pouvois d'ailleurs me tourner un peu le ,, corps. La foif fut ce qui me tourmenta le plus, & j'y remédiai en quelque manière ,, tantôt en buvant ce que je pouvois porter de ,, mon urine à ma bouche, tantôt en apliquant ,, ma langue defsèchée contre une pierre vive, (pietra viva) qui fe rencontra là, pour me la rafraichir.

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Me voyant fain, mais dans la néceffité de mourir dans un fi déplorable état, on peut penfer quelles auroient été les amères afflic » tions

V 2

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tions de mon ame, fi le Dieu tout-puiffant & tout bon, qui vouloit que je le glorifiaffe ,, encore parmi les vivans, n'eût auffi voulu me ,, donner du fecours contre les détresses, qui fe préfentoient inceffamment à moi. m'envoya donc un fommeil fi long & fi pro, fond, que les treize jours de ma dure captivité m'ont Enfin le 13 paru très-courts.

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,,jour, au fort de ma plus grande angoiffe, ,, comme j'emploiois tout ce qui me reftoit de force de voix pour implorer l'assistance de mon bénin Créateur, & que je prononçois ,, auffi les doux noms de mon cher père & de ,, ma chère mère, les apellant, quoique vaine,, ment en aparence, pour me fécourir, j'entendis un bruit, & je ne fais quel remuement ,,au deffus de ma tête. Je ne puis dire fi ,,j'eus alors quelque rayon d'efpérance, mais ,,je criai, ma voix fe renforça, & on m'entendit. Dix perfonnes qui étoient là travaillè , rent incontinent à ouvrir mon tombeau: en deux heures de tems ils firent jour au travers ** de onze palmes de ruïnes qui m'environ,, noient; & m'ayant enfin déterré, me mirent vivant & dans mon bon fens entre les bras de mes père & mère, qui étoient accourus, fur la nouvelle qui leur venoit d'être portée », qu'on avoit entendu ma voix. Le Docteur

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Quand on le délivra, il dit qu'il croyoit n'avoir été là que trois jours.

** Environ 8 pieds.

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Jean Dominique d'Adoni favant Médecin, me „, nourrit les trois prémiers jours de bouillon ,, fagement difpenfé; & je fus bientôt parfai,,tement rétabli.

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Aujourd'hui que j'écris ceci, quatre ans ,,& cinq mois & demi après ma délivrance, que ,, je pourrois apeller une efpèce de réfurrection, » pour publier les bienfaits que j'ai reçus de Dieu, je me trouve par fa grace auffi sain, » que fi ce lamentable accident ne me fût point arrivé. Je rends graces immortelles à ce Dieu de charité, de ce qu'il m'a délivré des pièges de la mort, & particulièrement de ce que changeant mes inclinations naturellement mauvaises, il me met au chemin du falut. Je me dévoue & me donne à lui, & le prie du plus profond de mon ame de répandre de plus en plus fur moi fes précieufes bénédictions, afin que je ne ceffe de le glorifier, juf ,, qu'à ce que par fon immenfe amour, glorifie lui-même dans fon Paradis. Amen. Fait à Cerreto le 19 Novembre 1692.

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§. C.

Amour maternel.

il me

A REINE Blanche, mère de S. Louïs, étoit fi convaincue de l'exactitude qu'elle devoit aporter pour donner une bonne éducation à fon fils, qu'elle en voulut être elle-même la

V 3

nour

nourrice, & ne put foufrir qu'il fuçât d'autre lait que le fien. L'Histoire dit là-deffus, qu'un jour qu'elle avoit un accès de fièvre fort violent & de longue durée, une Dame de qualité, qui nourriffoit auffi elle même fon fils, voyant le petit Louis pleurer de foif, touchée de compaffion elle lui donna la mammelle, & l'allaita pendant quelque tems pour le foulager. La Reine étant revenue de fon accès, & ayant fçu ce qui s'étoit paffé, regarda cette Dame, avec un air d'indignation, mêlé de colère; & mettant fon doigt dans la bouche de fon fils, lui fit vomir tout ce qu'il avoit pris, difant, Qu'elle ne pouvoit foufrir qu'une autre femme eût droit de lui difpu ter la qualité de mère.

AMU

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