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ERASTE.

Mon Moufqueton, mes Pistolets,
A moi, mes gens! arrête! arrête!
N'eft-il ni poignard, ni ftilets?
Mon mousqueton, mes piftolets!
Au plus infolent des valets,
Il faut que je caffe la tête.

Mon

A moi

VALE'RE fuyant,

Zèle imprudent! Zèle maudit!
Tachons d'éviter fa colère.

Mon cœur tu me l'avois bien dit,
Zèle impudent! zèle maudit!
Saturne y perdroit fon crédit,
Mes jambes tirez-moi d'affaires.
Zèle impudent! zèle maudit!
Tâchons d'éviter la colère.

§. XIII.

Probité d'un Grand-Vifir.COUPROUGLY, Grand-Vifir de la Porte, étoit un homme d'une probité rigide: on dit qu'elle fut cause de fa difgrace. Son prédécef feur ne payoit point les Janniffaires du tréfor impérial, mais de l'argent qu'il faifoit venir par fes extorfions. Achmet lui reprocha un jour qu'i

pré.

préféroit l'intérêt des fujets à celui de l'Empereur: Ton prédéceffeur Chourlouly, lui dit-il, fa-, voit bien trouver d'autres moyens de payer mes Le Grand-Vilir répondit: S'il avoit

troupes.

l'art d'enrichir ta Hauteffe par des rapines, c'eft un art que je fais gloire d'ignorer.

L'A

§. XIV.

De l'Aim an.

'AIMAN n'eft ordinairement qu'une pierre noirâtre & ferrugineufe, qu'on trouve dans les mines de fer, mais plus dure que le fer même. Cette forte de pierre a des propriétés étonnantes, favoir la direction, le tourbillon magnétique, l'attraction, la communication, l'inclinaifon, la déclinaifon.

Un aiman libre & fufpendu par un fil, femble affecter de tourner toujours les mêmes côtés vers les mêmes pôles de la terre; & c'eft ce qu'on apelle la direction de l'aiman. Une / matière imperceptible tourne toujours autour de lui, fortant de l'un de fes côtés opofés, rentrant par l'autre, & laiffant dans de la limaille d'acier ou de fer, éparpillée fur un papier, qu'on aproche de lui, des traces qui répréfentent fon mouvement, circulaire; c'eft le* tourbillon magnétique. L'aiman, le fer, & l'acier, libres & placés à une certaine diftance, vont, comme d'eux-mêmes, s'attacher à l'aiman; c'eft l'attraction. Au moment de

certe

On apelle tourbillon une matière liquide, qui circule autour d'un corps sphérique.

cette union merveilleufe, l'aiman fait, paffer tout d'un coup fes propriétés dans le fer, & dans l'acier, dans la lame d'un couteau, dans une aiguille de bouffole; c'eft la communication. Aproche-t-il d'un pôle de la terre? le côté qui regarde ce pôle panche, s'incline vers la terre, c'est l'inclinaison. L'inclinaifon eft fenfible, furtout dans une aiguille aimantée. Enfin la direation de l'aiman, & des corps aimantés, vers les pôles de la terre, n'eft pas tellement fixe, qu'ils ne déclinent de quelques degrés vers l'Orient; & c'eft la déclinaifon de l'aiman.

En 1702 quelqu'un vouloit vendre 5000 livres un aiman, qui fans pefer plus de onze onces levoit 28 livres de fer.

ON

§. XV.

De JULIEN l'Apoftat.

N APELLE cet Empereur Julien l'Apoftat, parce qu'il abandonna la Réligion Chrétienne dont il avoit fait profeffion. Il étoit fils de Conftance, frère de Conftantin le grand.. Il nâquir à Conftantinople l'an 331, & fe nomme dans fes Médailles Flavius Claudius Julianus. Il fut élevé dans cette ville, pendant les prémiè.. res années de fa jeuneffe. L'Empereur l'ayant envoyé à Nicomédie, afin que l'Evêque Eusebe le fit élever dans la pieté, il aprit la Grammaire de l'Eunuque Mardonius, payen, & eut pour Maître de Rhétorique Ecebolius homme fort inconftant dans la

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foi. Malgré les foins de l'Evêque, ce jeune Prince fut entièrement perverti par le Philo sophe Maxime d'Ephèle.

Son coufin Conftance fut averti de fa conduite; & Julien craignant fon indignation fe fit Moine; mais en contrefaifant l'homme de bien en public, il pratiquoit le Paganisme en fécrèt. Avant cela, Gallus fon frère, & lui, avoient exercé l'Office de Lecteur dans les affemblées eccléfiaftiques.

Gaules.

Dans la fuite Conftance, à la follicitation de fa femme Eufebie, le fit Céfar l'an 355, lui fit époufer Hélène fa fœur, & lui confia le commandement général des troupes, dans les La conduite de Julien dans ce païs lui fait fans contredit beaucoup d'honneur. Quoi qu'il n'eut encore aucune connoiffance de la guerre, & que les principaux Officiers fiffent fort mal le fervice, il ne laiffa pas que d'entreprendre de chaffer les Barbares des Gaules, & il en vint à bout en très-peu de tems, ayant remporté auprès de Strasbourg une des plus célèbres victoires de ce fiècle, où il eut à combattre fept Rois Allemands. La défaite des Saliens & des Chamaves, Peuples François, fuivit de près cette victoire. Les Allemands encore battus furent contraints de demander la paix; & tout continuoit à lui réaffir, lorsque Conftance, qui foutenoit avec beaucoup de peine les efforts des Perfes s'avifa de vouloir groffir fes troupes d'une partie de celles qui fer

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voient dans les Gaules. Julien profitant de l'éloignement qu'avoient les Soldats d'aller faire la guerre hors de leur païs, fe fit déclarer Empereur, & n'ayant pu obtenir de Conftance qu'il le reconnûr en cette qualité, il eut l'adreffe de fe faire fuivre de ces troupes-là, même jusques dans l'Illyrie, où il aprit la mort de Conftance, arrivée le 3 Novembre de l'an 361.

Lorsqu'il fe vit Maitre du monde, il fignala fon avènement à l'Empire par l'ouverture des Temples des faux Dieux, & par le rétabliffement de leur culte. Il prit la qualité de Souverain Pontife, avec toutes les cérémonies payennes. Il rapella d'éxil tous les hérétiques, rétablit les Donatiftes en Afrique, & ne laiffa paffer aucune occafion de nuire aux Chrétiens, qu'il apelloit par mépris Galiléens. C'est ce qui lui fit violer jusqu'au Droit des gens, en la perfonne de deux Ambaffadeurs de Perfe, qu'il fit mourir, parce qu'ils étoient Chrétiens. Il préféra toujours les idolâtres aux fidèles, auxquels il défendoit d'enseigner les Belles Lettres, tâchant de transporter les Saintes Loix de l'Eglife dans le Paganifme, pour la police.

Il s'efforça particulièrement de faire changer de Réligion aux Soldats Chrétiens, & furtout à ceux de la Garde Prétorienne; mais la pluspart aimèrent mieux vivre fans emploi, que d'apoftafier. Maris, Evêque de Chalcédoine lui ayant reproché publiquement fon impieté,l'Em

Tome II.

M

pereur

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