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de la nouvelle invention, il baiffa promtement de prix, & regagna Mayence, pour éviter toute pourfuite ou procès de furvente.

Humble

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umble ver autre-fois & rampant fur les herbes, Maintenant je ends l'air de mes aîles superbes.

§. III.

Ce n'eft que la Fuftice de la guerre, qui rend
la victoire glorieuse.

C

E QUI peut rendre les victoires glorieuses & dignes d'admiration, c'est la justice de la guerre, & la Sageffe du Conquérant. Car il faut pofer pour principe, que la gloire ne peut jamais être féparée de la juftice, & que fi c'est la cupidité, & non l'utilité publique, qui fait affronter les périls, une telle difpofition ne mérite point le nom de courage & de force, & ne peut être apellée qu'audace & férocité.

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Une parole célèbre du Chevalier Bayard mourant, montre bien la vérité de ce que j'avance. Il avoit été bleffé mortellement en combattant pour fon Roi, & étoit couché au pied d'un arbre.,,Le Connétable Duc de Bourbon, qui poursuivoit l'armée des François, paffant près de lui, & l'ayant reconnu, lui dit qu'il avoit grande pitié de lui, de le voir en cec

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état, ayant toujours été fi vertueux. Le Capitaine Boyard lui répondit: Monfieur, il n'y a point de pitié en moi: car je meurs en homme de bien. Mais j'ai pitié de vous, de vous voir fervir contre votre Prince, votre patrie & votre ferment. Et peu après le Chevalier rendit l'efprit.

La gloire eft-elle ici du côté du vainqueur, & le fort du mourant ne lui eft-íl infiniment préférable?

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pas

D U TEMS que je demeurois à Stougard, j'avois loué un apartement où j'entrai à la St. Jean. Comme les fenêtres de la chambre principale avoient été ouvertes depuis Pâques que cet apartement n'avoit point été habité, les Hirondelles profitèrent de cet intervalle, pour faire leur nid à une des folives, fortifiée par ùn clou faillant. Elles furent bien embarraffées quand je vins à la St. Jean partager le logement avec elles. Mais comme je fuis de facile compofition, nous fimes tacitement une espèce de contract réciproque, favoir que je leur accorderois les entrées libres, & qu'en échange elles ne faliroient point l'apartement; ce qui fut exécuté affez ponctuellement de part &

*

Qui dit entrée sous-entend fortie.

d'autre.

d'autre. Mon engagement m'avoit paru de plus facile exécution qu'à elles le leur, quoi qu'il n'y eût rien à craindre pour les vieux, mais pour les petits, qui n'ofent pas falir leur nid. Elles fe tirerent cependant habilement d'affaire, & voici comment elles s'y prirent. Quand la né ceffité preffoit les petits de décharger la nature, le père ou la mère, qui fe trouvoit préfent, faififfoit du bec les excrémens avec une dextérité merveilleufe, & l'emportoit dehors avant qu'il tombât à terre. Satisfait de leur conduite je leur laiffai éclorre leurs oeufs, nourrir leurs petits & fe retirer en pleine liberté..

Il faut ajouter que depuis que les petits eurent pris l'effor, les hirondelles fe faifant peut-être fcrupule de m'incommoder davantage, choifirent un logement ailleurs.

§. V.

FABLE.

Du Milan malade.

Un Faucon qui croyoit les Dieux muets & fourds

Etant à fon heure dernière

D'un lamentable ton follicita fa Mère

D'aller en fa faveur implorer leur fecours.
Mon enfant, lui dit-elle, en mère habile & fage,
Pendant que tu te portois bien

Tu difois qu'ils ne pouvoient rien,
Ils ne peuvent pas davantage.

DANS

§. VI.

Monftre vaincu.

ANS une lettre écrite des Indes, on raporte un fait affez curieux, touchant le ftratagème dont on fe fervit pour terrasser un monftre, & qui eut un heureux fuccès.

Ce monftre énorme étoit un ferpent d'une groffeur prodigieufe, dont la trace étoit de huit ou dix pieds de longueur, & qui faifoit fa retraite dans une montagne proche du fleu- . ve. Quand il apercevoit une chaloupe, il alloit fous l'eau renverfer la chaloupe, & dévoroit à l'aife ceux qu'elle portoit. Un criminel à qui l'on promit la vie, s'avifa d'attacher à un arbre un cable par un bout, & de lier à l'autre bout du cable des hommes de paille, qui paroiffoient fur la furface de l'eau. hommes flottans étoient remplis & heriffés d'hameçons, de crocs & de harpons. Le Monftre attiré par des figures femblables à celles dont il s'étoit fouvent nourri, ne manqua pas de les faifir avidement, & de fe prendre aux harpons. Vainement il effaya de fe débarraffer; il ne fit que s'accrocher davantage. L'animal meurtrier fut déchiré par les crocs & les harpons qu'il avala; & le païs fut délivré d'un Monftre engraiffe du fang humain.

Ces

§. VII.

§. VII.

Hiftoire mémorable

DU CAPITAINE

FRANÇOIS

FRANÇOIS

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écrite par lui-même,

DE CIVILLE Gentilhomme Normand, étoit Capitaine d'une Compagnie de cent hommes de pied, dans la ville de Rouën, lorsqu'elle fut affiégée par Charles IX. Il avoit alors environ vingt-fix ans.

Le Comte de Montgommery Gouverneur de la Place l'ayant commandé pour foutenir les prémiers efforts de l'affaut, il fut bleffé à la fin de cet affaut d'un coup d'arquebufe à la joue & machoire droite; la balle fortant par derrière, proche de la foffette du cou. La force du coup l'ayant fait tomber du haut du rempart dans le foffé, quelques pionniers qui fe rencontrèrent là le mirent dans une foffe avec * un autre Corps qu'ils jettérent fur lui, & les couvrirent tous deux d'un peu de terre. fut la depuis onze heures du matin jusqu'à fix heures & demie du foir.

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Son ** valet informé du fatal accident, fongea à lui donner une plus honorable fépulture, & obtint du Comte de Montgommery la permiffion de l'aller déterrer, ayant avec lui

Claude le Forestier, Marchand Droguifte.

un

** Nicolas de la Barre, du village de Rivolet proche de Vernon.

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