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Les Rois d'Egypte ayant amaffé à Aléxandrie une nombreufe Bibliothéque, ceux de Pergame voulurent imiter cet exemple. Mais les Rois d'Egypte par jaloufie, ou autrement, défendirent le tranfport du papier hors de leurs Etats; ce qui obligea les Rois de Pergame d'inventer le parchemin, nommé pergamenum, à caufe de la ville de Pergame; ou membrana, à caufe qu'il eft fait de la peau, qui couvre les membres des animaux: On le nomme auffi velin, du mot veau ou Vitellum, comme qui diroit peau de veau. De ces feuilles de velin ou de parchemin, on fit des livres de deux fortes. Les uns étoient des rouleaux, compofés de plufieurs feuilles de velin, collées, où coufues l'une à l'autre, bout à bout. Ces Livres ne s'écrivoient que d'un côté, & pour les lire, il faloit les dérouler, & les étendre. Les autres livres étoient comme les nôtres, compofés de plufieurs feuillets liés les uns auprès des autres, écrits des deux côtés, & qui s'ouvroient comme nous ouvrons nos livres. Les Juifs fe fervent encore de rouleaux dans leurs Synagogues, & lès Bibles qu'ils y lifent en folennité, font faites à la manière des anciens volumes

Les Anciens écrivoient auffi fur le linge. Pline dit que les Parthes, encore de fon tems, écrivoient fur leurs habits.

Pour tracer légèrement les figures des fons de la voix ou fur les écorces, ou fur le papier, ou

fur

fur le parchemin, an employoir quelque liqueur colorée, à l'aide d'un rofeau, aplani en bifeau ou en pointe, avec une légère entaille dans la pointe, qui fe partageoit de la forte en deux becs, pour donner l'écoulement à la liqueur. Les plumes des oifeaux dont l'interieur eft mieux évuidé, & dont la matiére eft fouple, fans être caffante, ont à peu près pris la place des rofeaux.

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Le papier d'Egypte, fit long tems la grande richeffe d'Alexandrie, dans tous les environs de la Méditêránée, & caufa enfuite par fa chute la décadence de cette puiffante ville, aujourd'hui réduite presque à rien. Il commença au huit & neuvième fiècle à être moins en ufage, & fut entièrement abandonné par l'in troduction d'un papier de meilleure étoffe. C'est celui qui fe faifoit alors avec du cotton broyê & réduit en bouillie, puis féché dans des formes où il prenoit la confiftance d'une légère feuille de feutre.

Mais les Europeans qui n'en avoient pas la matière, & qui envoyoient de grandes, fommes d'argent en Afie, pour en tirer cette marchandife fi ufuelle, effayèrent s'ils pourroient faire avec leur lin & leur chanvre quelque-chofe d'auffi bon que ce qui fe faifoit en Orient avec les fils trèscourts & très - fragiles de la gouffe du cotonnier. Les filamens du lin & du chanvre leur parurent d'abord intraitables, par l'excès de leur longueur, & de leur dureté. Mais enfin on s'aper çut que quand ils avoient été employés en toile,

& af

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& affouplis par l'ufage, ils fe trituroient parfaitement. Enfin l'on en fit un papier, qui ne le cédoit qu'au parchemin pour la force, mais qui l'emportoit fur tous les précédens pour la blancheur. Découverte heureufe! qui prolongea la durée des livres, par la bonté de la matière; qui en aida la multiplication, par la modicité du prix; & qui en facilita la lecture, par l'opofition des couleurs.

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§. XCIV.

De la Ville de Rome.

O ME, autre-fois la capitale de l'Univers, à caufe de la grande puiffance que fes maîtres ont exercé autre-fois fur la pluspart des nations du monde, eft encore aujourd'hui une des plus fameufes villes, & le fiège de l'Archevêque de Rome, Chef de l'Eglife Romaine. C'est la capitale de toute l'Italie, dans la province apellée la Cam

pagne de Rome. Elle fut fondée par Romulus,

& donna le nom au célèbre Empire Romain. On y voit une infinité de précieux restes de fon ancienne fplendeur, tels que font les bains, les obélifques, les amphithéâtres, les cirques, les colonnes, les maufolées, les arcs de triomphe, & une quantité prodigieufe de belles ftatues.

Parmi un grand nombre d'Eglifes, de Palais & d'Edifices magnifiques, on remarque furtout la fuperbe Eglife de St. Pierre, celle de St.

Jean

Jean de Latran, celle de Ste. Marie Majeure, & auprès de St. Pierre le Vatican, où logent les Papes pendant une grande partie de l'année, & où l'on voit une fameufe Bibliothèque, & le grand Hôpital du S. Efprit, qui eft un des plus beaux de l'Europe. On y voit auffi le Palais de Monte-Cavallo, la Villa du D. Matthæi, le Capitole, la Rotonde, les Palais de S. Marc, de Cancellaria, de Farnèfe, & près de la place d Espagne le Palais du Grand-Duc. Le Collège de la Sapience eft le plus fameux des Collèges de Rome, & le Chateau St. Ange fait toutes fes fortifications.

On ne compre dans cette ville qu'environ 150000 ames. Elle eft auffi grande que Paris, fi on la mesure par l'enceinte de ses murailles, mais ces murailles renferment un terrain fpacieux qui n'eft point habité, y ayant des jardins, des vignes & terres à d'autres ufages. Elle eft fituée fur le Tibre, qui la traverse en partié, & contient dans fon territoire 12 Montagnes ou collines.

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Epitaphe de M. de la Rivière, Evêque
de Langres.

Ci git un tres-grand Personnage,

Qi fut d'un illuftré lignage,

Qú pofféda mille vertus;

Qu ne trompa jamais, qui fut toujours fort fage,

Je

Je n'en dirai pas davantage,

C'est trop mentir pour cent écus.*

• Il avoit légué cette fomme à celui qui feroit fon Epita phe. Son vrai nom étoit Louis Barbier. ́ ́ Il avoit été Régent au Collège du Pleffis, & enfuite Aumonier de M. Habert, Evêque de Cahors, qui le mit auprès de Ga= fton, Duc d'Orléans. Il entra fi habilement dans toutes les inclinations de ce Prince, qu'il devint bientôt le Maitre abfolu de fon cœur & de fon efprir. Il obtine bientôt l'Abbaye de la Rivière, & en 1655 l'Abbé de la Rivière fut fait Evêque de Langres, Duc & Pair de France. Il mourut en 1670. Peu de tems avant fa mort il avoit été élevé au Cardinalat.

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N

§. XCVI.

Examen necefaire.

ON-SEULEMENT il eft d'une grande utilité le falut de l'amé de s'examiner fur pour la fin de la journée, mais encore pour fa conduire dans la vie civile & dans le commerce du monde. En fe faisant rendre compte tous les jours à foi-même de fes paroles & de fes actions, on connoît fes fautes, & par conféquent on fe met en état de s'en corriger; car fouvent nous demeurons imparfaits dans le monde, parceque nous ne faifons pas affez d'attention fur nous-m mes, pour connoître les fautes que nous y ́faifons; & fi nous ne les connoiffons pas, comment pourrons-nous les réparer? Sénéque Sénéque dit qu'il

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