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pui, au lieu que les autres, par leur état même, font plus expofés à l'injure, & ont plus befoin de la protection des Loix.

On y

Pour éviter les furprises, les affaires étoient traitées par écrit dans cette affemblée. craignoit la fauffe Eloquence, qui éblouït les efprits, & émeut les paffions. La vérité ne

pouvoit être expliquée d'une manière trop fèche, & l'on vouloit qu'elle feule dominât dans les Jugemens, parce qu'elle feule devoit être la reffource du riche & du pauvre, du puiffant & du foible, du favant & de l'ignorant. Le Préfident du Sénat portoit un Collier d'or & de pierres précieuses, d'où pendoit une figure fans yeux, qu'on apéloit la Vérité. Quand il la prenoit, c'étoit le fignal pour commencer la féance. Il l'apliquoit à la partie qui devoit gagner fa cause, & c'étoit la forme de prononcer les fentences.

Ce qu'il y avoit de meilleur parmi les Loix des Egyptiens, c'eft que tout le monde étoit nourri dans l'efprit de les obferver.

Le meurtre volontaire étoit puni de mort, de quelque condition que fût celui qui avoit été `tué, libre ou non. En quoi les Egyptiens mon-troient plus d'humanité, & d'équité que les Romains, qui donnoient aux Maîtres droit abfolu de vie & de mort fur leurs Efclaves. L'Empereur Adrien le leur ôta dans la fuite, & crut devoir corriger cet abus, quelque ancien & quelque autorifé qu'il fût par les Loix Romaines.

Le

Le parjure étoit auffi puni de mort, parce que ce crime attaque en même temps, & Dieu, dont on méprife la Majefté, en atteftant, le nom par un faux ferment; & les hommes, en rompant le lien le plus ferme de la focieté humaine, qui est la boñne - foi.

Le Calomniateur étoit impitoyablement condanné au même fuplice qu'auroit fubi l'Accufe, fi le crime s'étoit trouvé véritable.

Celui qui pouvant fauver un homme attaqué ne le faifoit pas, étoit puni de mort, auffi rigoureufement que l'Affaffin. Que fi on ne pouvoit fecourir le malheureux, il falloit du moins dénoncer l'auteur de la violence; & il y avoit des peines établies pour ceux qui manquoient à ce devoir. Ainfi les citoyens étoient à la garde les uns des autres, & tout le Corps de l'Etat étoit uni contre les méchans.

Il n'étoit pas permis d'être inutile à l'Etat: chaque particulier étoit tenu d'infcrire fon nom & fa demeure fur un Régître public, qui demeuroit entre les mains du Magiftrat, d'y marquer fa profeffion, & de déclarer d'où il tiroit dequoi vivre. Si l'on énonçoit faux, la peine.

de mort s'enfuivoit.

Pour empêcher les emprunts, d'où naiffent la fainéantife, les fraudes & la chicane, le Roi Afychis avoit fait une ordonnance fort fenfée.

Les

Les Etats les plus fages & les mieux policés, & Athènes & Rome, ont toujours été embarraffés à trouver un juste tempérament pour réprimer la dureté du Créancier, dans l'exaction de fon prêt, & la mauvaife-foi du Débiteur qui refufe ou néglige de payer fes dettes. L'Egypte prit un fage milieu, qui fans toucher à la liberté perfonnelle des Citoyens, & fans ruïner les familles, preffoit continuellement le Débiteur, par la crainte de paffer pour infame, s'il manquoit d'être fidèle. Il n'étoit permis d'emprunter qu'à condition d'engager au Créancier le corps de fon père, que chacun dans l'Egypte faifoit embaumer avec foin, & confervoit avec honneur dans fa naifon, & qui pouvoit par cette raifon être aifément transporté. Or c'étoit une impieté, & une infamie tout enfemble, de ne pas retirer affez promtement un gage fi précieux, & celui qui mouroit fans s'être acquité de ce devoir, étoit privé des honneurs qu'on avoit coutume de rendre aux morts.

Je

§. XII.

ENIGM E,

e fuis poli, luifant & beau,

Sans que jamais je me repaiffe,

Mon corps cft fans chair & fans graille
Et n'a que la peau & les os.

Je

Je vais fouvent dans les combats;

Sans rendre les coups qu'on me donne,
Mon Maître même me bâtonne;

Mais je ne m'en ofense pas.

Je rends les hommes diligens;
Et fans avoir bouche, ni langue,
Je fais fouvent une harangue
Qui fait cheminer bien des gens.

§. XIII.

De l'Eléphant.

Le Tambour.

L'Eléphant eft un animal fauvage, qui naît en Afie, en Afrique & dans les Iles qui font aux environs des deux continens. C'est le plus gros de tous les animaux terreftres. Π eft d'une couleur qui tire fur la couleur de cendre. Il a dix-huit pieds de haut, la tête groffe, les yeux petits en comparaifon du corps: le cou fort court, les oreilles larges, une trompe qui lui pend prefque jufqu'à terre entre les défenfes de devant. Il a la bouche auprès de l'eftomac; & il fort du côté de la mâchoire fupérieure deux fort grandes dents. Ses pieds font ronds & fendus en cinq ongles, fes jambes rondes & fortes, & fa queue eft comme celle des bufles. De fon fimple pas il atteint les hommes qui courent. Il a le pied fi für qu'il ne fait ja mais un faux pas. Il nage fort bien. I fe couche & fe lève avec facilité, contre l'opinion des

anciens,

anciens, qui ont cru qu'il n'avoit point de jointures aux jambes. Les défenfes de l'éléphant font l'ivoire que nous avons. Il allaite jusqu'à

huit ans.

ges,

Cet animal a une force prodigieufe & porte un poids de 3000 livres. Quand il eft en furie, il bouleverfe tour, & feroit détranges rava-. fi on ne l'arrêtoit comme on fait, avec les feux d'artifice qu'on jette fur lui. Nonobstant cette grande force, l'éléphant eft fort docile. Son Conducteur lui fait faire avec fa trompe tout ce qu'il lui plaît, faluër ses amis, menacer & battre ceux qui lui déplaisent. On en a vû tirer un fufil, danfer, faire l'exercice du drapeau, fervir à table, & faire cent autres chofes qu'on au roit de la peine à croire. Les Eléphans vivent environ cent ans.

§. XIV.

Manière de faire les Funérailles publiques, de ceux qui avoient perdu la vie à la guerre, chez

les Athéniens.

VANT que de procéder à cette cérémonie

AVANT

on dreffoit trois jours auparavant, une tente, où l'on expofoit les offemens des morts, & chacun jettoit deffus des fleurs, de l'encens, des parfums, & autres chofes femblables. Puis on les chargeoit fur des chariots, dans des cercueils de cyprès, chaque Tribu ayant fon cercueil & fon chariot féparé: mais il y en avoit un

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