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Portent de ses cheveux les dépouilles sanglantes :
J'arrive; je l'appelle, et me tendant la main
Il ouvre un œil mourant etc. Rac. Phèdre.

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La Topographie décrit les lieux : Voyons la dans ces hôpitaux où elle » pratiquoit ses miséricordes publiques:

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>> dans ces lieux où se ramassent toutes » les infirmités et tous les accidens » de la vie humaine; où les gémissemens » et les plaintes de ceux qui souffrent » remplissent l'ame d'une tristesse im»portune; ou l'odeur qui s'exhale de » tant de corps languissans, etc. Fléchier.

La Comparaison consiste à mettre vis-à-vis l'une de l'autre deux choses qui se ressemblent, soit par plusieurs côtés, soit par un seul,

Ruisseau, nous paroissons avoir un même sort
D'un cours précipité nous allons l'un et l'autre,
Vous à la mer, nous à la mort, etc. M. Deshoulières.

L'Antithèse oppose les mots aux mots, les pensées aux pensées.

Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,

Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire. Voltaire.

و

« La nature fait le mérite dit M. de » la Rochefoucault, et la fortune le

>> met en œuvre. »

Figures touchantes.

Les principales figures qu'on emploie pour aller au cœur, sont: L'Exclamation, qui éclate terprétations: ó, mon fils ! ô 6, l'honneur de mes jours!

par des inma joie !

La Confession qui avoue le crime pour en obtenir le pardon. Il y en a un exemple fameux dans le Sonnet de Desbarreaux, , que nous avons cité dans le volume précédent (1).

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La déprécation s'emploie quand n'espérant plus rien des autres moyens, on a recours aux prières et aux larmes. Par ces pleurs que vous me voyez répandre , par la foi que vous m'avez jurée etc. Je vous conjure, etc.

La Commination s'emporte en me

maces:

On sait ce que je puis, on verra ce que j'ose:
Je deviendrai barbare: et toi seul en est cause. Volt.

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L'imprécation est l'expression de la fureur et du désespoir. Il n'en est point d'exemple plus fort que dans ces vers de Cléopatre à son fils Antiochus qui va épouser Rodogune:

Règne, de crime en crime enfin te voilà roi.

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(1) Dans le Traité de l'Epigramme.

Je t'ai défait d'un père, et d'un frère et de moi:
Puisse le ciel tous deux vous prendre pour victimes,
Et laisser cheoir sur vous la peine de mes crimes !
Puissiez-vous ne trouver dedans votre union
Qu'horreur, que jalousie, et que dissension !
Et pour vous sonhaiter tous les malheurs ensemble
Puisse naître de vous un fils qui me ressemble! Corn.

L'Interrogation s'emploie très-souvent dans le style véhéinent. Elle tient l'auditeur en haleine, le force d'écouter de prendre l'impression:

Quoi Rome et l'Italie en cendre
Me feront honorer Sylla?

J'adorerai dans Alexandre

Ce que j'haborre en Attila? Rousseau.

et

Mais parmi toutes les Figures oratoires il n'en est point qui contribue plus que l'Amplification à l'expression des sentimens, dans quelques sens qu'on la prenne. Car quelquefois on lui donne le mème caractère qu'à l'hyperbole, et alors elle consiste à faire paroître grand ce qui est petit, et petit ce qui est grand; ou, comme dit Montaigne, à faire de petits souliers pour de grands pieds, et de grands pour de petits.

Le vent redouble, et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel étoit voisine,

Et dont les pieds touchoient à l'empire des morts.

Job La Fontaine.

» Pompée a fait plus de guerres que les » autres n'en ont lu, etc. Cic.

Quelquefois on confond l'Amplification avec la Gradation : « C'est un » crime d'empoisonner un citoyen ro» main: cest presque un parricide de le >> faire mourir ; que dirai-je de ceux qui le mettent en croix? »

D'autrefois ce mot ne signifie qu'une certaine étendue qu'on donne à une pensée, présentée sous différentes faces, pour faire une impression plus forte et plus profonde. L'ame est ébranlée par la première impulsion; la seconde la déplace; la troisième la renverse. C'est ce qu'on appelle, appuyer. C'est ainsi que Rousseau amplifie cette pensée Serons-nous toujours la dupe de la for

tune?

Fortune, dont la main couronne
Les forfaits les plus inouis,
Du faux éclat qui t'environne
Serons-nous toujours éblouis!

:

Voilà un premier coup porté le second suit avec la même pensée.

Jusques à quand, trompeuse idole,

D'un culte honteux et frivole

Honorerons-nous tes autels?

Le troisième est encore la même pensée :

Verra-t-on toujours tes caprices
Consacré par les sacrifices
Et par l'hommage des mortels ?

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Une pensée importante qui passe comme un éclair n'est gueres qu'apperçue. Si on la répete sans art, elle n'a plus le mérite de la nouveauté. Que faire? Il faut la présenter plusieurs fois, et chaque fois avec des décorations différentes; de manière que l'ame occupée par cette sorte de prestige, s'arrête avec plaisir sur le même objet, et en prenne toute l'impression qu'on se propose de lui donner. Qu'on observe la nature, quand elle parle en nous et que la passion seule la gouverne, la même pensée revient

presque sans cesse souvent avec les mêmes termes. L'art suit la même marcha, mais en variant un peu les dehors:

Hé quoi ! vous ne ferez nulle distinction
Entre l'hypocrisie et la dévotion?

Vous les voulez traiter d'un semblable langage?
Et rendre même honneur au masque qu'au visage ?
Egaler l'artifice à la sincérité,

Confondre l'apparence avec la vérité},
Estimer le fantòme autant que la personne,
Et la fausse monnoie à l'égal de la bonne?

Molière.

Il n'est point d'inattention qui tienne contre une pensée si obstinée à repa

roître :

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