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REVUE

NATIONALE

1

Paris. · Imprimerie de P.-A. BOURDIER et Cie, rue des Poitevins, 6

NATIONALE

ET ÉTRANGÈRE

POLITIQUE, SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE

TOME VINGT-DEUXIÈME

PARIS

AU BUREAU DE LA REVUE NATIONALE

28, QUAI DE L'ÉCOLE, 28

1865

Réserve de tous droits

AP
26
.f715

V.32

Samsoni

4.6.54

86672

L'UTILITAIRIANISME

ου

THÉORIE DU BONHEUR

CHAPITRE I

REMARQUES GÉNÉRALES.

Parmi les faits qui constituent actuellement l'ensemble des connaissances humaines, il n'en est guère de plus inattendus, il n'en est pas qui accusent plus clairement l'état arriéré où est encore la spéculation appliquée aux questions les plus graves, que le peu de progrès qu'a fait la solution de la controverse sur le criterium du bien et du mal. Depuis la naissance de la philosophie, la question du summum bonum, ou, ce qui revient au même, des bases de la morale, a occupé les plus belles intelligences, et les a divisées en sectes et en écoles toujours acharnées à se combattre. Depuis deux mille ans, les mêmes discussions continuent, les philosophes se rangent sous les mêmes bannières adverses, et, ni les penseurs, ni l'humanité en général, ne semblent être plus près de s'entendre sur ce sujet qu'au temps où le jeune Socrate écoutait le vieux Protagoras, et opposait (si toutefois le dialogue de Platon s'appuie sur une véritable conversation) la théorie de l'utilitairianisme à la morale vulgaire du prétendu sophiste.

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Il est vrai qu'une confusion et une incertitude de ce genre, et, dans quelques cas, un semblable désaccord, existent à l'égard des premiers principes de toutes les sciences, y compris celle même qui passe pour la plus exacte de toutes: la science des mathématiques, sans que cela porte un grand tort, ou plutôt sans que cela porte le moindre tort à la confiance que méritent les conclusions fournies par ces sciences. Cette anomalie apparente s'explique si l'on considère que les doctrines particulières d'une science ne sont pas, en général,

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