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raire, c'est à dire au temps que Gresset était l'objet de tracasseries puériles de la part des amis de Boistel d'Welles. Il est permis de supposer qu'ils répandaient au dehors leur bile en des propos peu mesurés, qui exaspérèrent M. Petyst à ce point que, le 10 décembre 1749, il lut un discours « sur la nécessité de « parler et de se taire » (1).

Les timides ont parfois des hardiesses déconcertantes. Ce discours dut être une mercuriale d'autant plus cinglante qu'elle était d'un avocat à l'éloquence droite et saine, fonti quam flumini propior, d'un collègue foncièrement indulgent d'ordinaire, d'un homme enfin à qui Baron pouvait appliquer le jugement de Tacite sur Agricola : Civis et vir bonus erat.

Quand nous aurons dit que M. Petyst était d'une piété exemplaire, on comprendra comment il ne pouvait pas ne point figurer sur l'estampe, en compagnie de Gresset et du chanoine Dhangest, pour former le triumvirat qui, soutenu par Mgr de la Motte et M. le Duc de Chaulnes, avait pris à cœur l'érection de la Société littéraire en Académie.

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En résumé et selon toutes les vraisemblances : 1o L'eau-forte, sans date ni signature et d'un médiocre mérite artistique qui vous est soumise, a été inspirée par un membre de la Société littéraire.

2o Elle n'a aucun caractère satirique et n'est qu'allégorique; c'est une petite page d'histoire.

3o Malgré son titre, elle vise non pas l'Académie d'Amiens, mais la Société littéraire.

Daire place à tort ce discours en 1760.

4° Elle se situe entre le 2 mars 1750, date de la dernière séance de ladite Societé littéraire, et le 30 juin suivant, date des lettres-patentes obtenues par l'Académie d'Amiens.

5o Les trois personnages y représentés doivent être Gresset, le chanoine Dhangest et M. Petyst.

J'en aurais fini, Messieurs, s'il ne me restait à remercier M. l'abbé Le Sueur de son intéressante communication qui a entretenu ma douce manie de ramasseur de miettes de l'histoire de notre Compagnie et de déchiffreur de vieux rébus de Picardie.

Oct. THOREL.

Séance Publique du 14 Novembre 1913.

L'ARTICLE 213

ET

L'Obéissance dans le Mariage

DISCOURS DE RÉCEPTION

DE

M. Armand JUMEL

MESDAMES, MESSIEURS,

« Le mari doit protection à sa femme,
« La femme obéissance à son mari. »

C'est ainsi, qu'en termes impératifs, le législateur fixe les droits et devoirs respectifs des époux : Au mari, l'autorité; à la femme, l'humilité. Mais, je me hâte de le dire, le devoir d'obéissance, déjà bien atténué, doit, dans un avenir plus ou moins proche, disparaître du Code. Les jours de l'article 213 sont comptés; ses injonctions peu courtoises

feront place à une mutuelle confiance dans l'amour et la fidélité, et, sous la haute impulsion de M. Paul Hervieu, une Commission prépare déjà le projet libérateur.

Les auteurs de ce nouveau projet, et avec eux d'excellents esprits, pensent que l'éducation moderne qui tend à développer chez la femme les qualités de cœur, d'esprit, de dévouement dont elle a l'heureux privilège, l'élève au-dessus du rôle ingrat dont le Code, en ce moment encore, trace les limites trop étroites.

La femme est à leurs yeux l'alliée bienfaisante dont le charme et la bonté font, pour le compagnon de route, l'étape moins pénible, la vie plus douce et la lutte moins âpre.

Et le futur article 213, tout de tendresse et d'espérance, sera ainsi conçu :

« Les époux se doivent mutuellement amour, « fidélité et assistance. »

Ce sont les raisons de cette transformation, de cette évolution lente, mais certaine, que nous allons rechercher, étudier et suivre dans leurs différentes et rapides manifestations.

Ce ne sera certes pas un sujet de haute érudition, emprunté à de savantes et discrètes collaborations, mais une tranche de vie avec ses joies, ses espérances, ses déceptions, une impression fugitive, sans prétention comme sans lendemain, ressentie à l'an

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