Page images
PDF
EPUB

Figure de la lettre.

DE L'ASPIRATION.

L'aspiration, dit Lévizac, exprime une émission de voix gutturale et plus marquée que celle de la voix ordinaire. Elle a lieu avant les voyelles dans certains mots; mais elle ne se pratique pas en d'autres, quoique avec la même voyelle, et dans une syllabe pareille. On dit avec aspiration, le héros; et sans aspiration, l'héroïne. Dans le héros, la lettre h fait prononcer du gosier la voyelle qui suit; et alors on l'appelle h aspiré. Dans l'héroïne, au contraire, la lettre h ne se prononce point; et on l'appelle h muet. Comme on le voit, l'aspiration n'a d'autre effet que celui de communiquer à la voyelle aspirée les propriétés de la consonne; d'où il résulte que si c'est une voyelle qui termine le mot précédent, elle ne s'élide point, et que si c'est une consonne, cette dernière n'est point sonore. Ainsi, quoiqu'on prononce l'héroïne, les-héroïnes, on dira sans élision le héros, et sans liaison au pluriel, les héros.

Cette aspiration s'appelle aussi esprit rude; d'où l'on distingae dans les langues deux csprits : le rude, dont nous parlons, et le doux, qui n'est autre chose que la prononciation d'une syllabe sans aspiration, comme de la première dans apôtre. Cet esprit doux n'a pas de signe particulier dans notre langue, et n'en a pas besoin; dès que l'esprit rude en a un, il est aisé de voir que celui-là doit être partout où celui-ci n'est pas.

[blocks in formation]

Halage.
Halbrener.
Hâle, et ses dérivés.

Hålement.

Halener.
Haletant, baleter.
Hallage.
Halle.
Hallebarde.

Hallebreda.
Hallier.
Haloir.
Halot.
Halotechnie.

Halte.
Hameau.
Hampe.

Hamac.

Han.
Hanche.

Hanneton.

Hanscrit.

Hansière.

Hanse.
Hansgrave.
Hanter.
Happe.

Hochet.

Hollandais.

Hollande.

Homard.

Hongre.

Hate, et ses dérivés.Hollander.

[blocks in formation]

Honoir.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Houblon, et ses dé

rivés,

Hautbois.

Haut-bord.

Haut-de-chausses.

Haute-contre.

Houe.

[blocks in formation]

C'est par un h que l'esprit rude est marqué dans les syllabes où il doit se faire sentir; ce h se met devant la voyelle aspirée. Cette lettre n'a pas même d'autre usage quant à la prononciation, si ce n'est entre un c et une voyelle, comme dans : péché, pêchait, hacher, gachis, cachot, fourchu, pêche, etc., et dansph. Il n'y aurait aucun embarras, si cette lettre était toujours le signe de l'aspiration; mais Hantise. elle n'est souvent qu'un signe d'étymologie Happelourde. dans une infinité de mots où elle demeure Happer. Haquenée. absolument muette. Plusieurs Grammairiens Haquet. ont cherché à établir des règles là-dessus. Haquetier. Voici celles que donne l'Académie : ‹ H n'a Harangue, et ses dé-Henri. rivés. › aucun son, dit-elle, et ne s'aspire point dans › la plupart des mots qui viennent du latin, › et qui ont un h initial, comme habile, habitude, etc. Il faut excepter de cette règle plusieurs mots, tels que haleter, hennir, etc. › Il n'a pareillement aucun son dans certains › mots français qui ont un hinitial, quoiqu'il › n'y en ait pas dans le latin d'où ils viennent, › comme huile, huttre, etc. Il s'aspire au com⚫ mencement des autres mots français qui

[blocks in formation]

Houppe.

Houppelande.
Hourdage.
Hourdée.
Houri.

Hourvari.

Houssard.

Houspiller.
Houssaie.

Housse, et ses déri

[blocks in formation]

Hardi, et ses dérivés. Héros.

Hardilliers.
Harem.
Hareng.
Harengère.
Harengerie.
Hargneux,
Haricot.

Herse, et ses dérivés.Hure.

Hètre.

Heurt:

Heurtoir, et ses dé-Hurler.

rivés.

Hibou.

Hic.

Figure de la lettre.

On voit que tous les mots dérivés de ceux que nous venons de nomenclaturer, et qui commencent par h, ont cette lettre aspirée. On ne doit excepter que les dérivés de héros, qui sont tous sans aspiration. Ce sont : héroïde, héroïne, héroïque, héroïquement, héroïsme.

Presque tous les noms de pays et de villes qui commencent par h sont aussi aspirés.

Figure
de la
lettre.

nonce aussi avec aspiration le mot une, dans cette phrase: sur les une heure, C'est Lévizac qui fait cette dernière citation: nous sommes fâchés d'avoir à relever ici un énorme solécisme. On ne doit et ne peut dire que vers une heure; les ne saurait figurer à côté d'un singulier: par la même raison, il ne serait pas plus permis de dire: sur les midi.

H au milieu des mots conserve son aspiration dans ceux qui sont composés, comme déharnacher, enhardir, rehausser, etc. On n'excepte qu'exhausser, exhaussement, où h perd son aspiration. Dans les autres mots qui ne sont pas composés, h produit l'effet du tréma, et sert seulement à annoncer que la voyelle qui suit cette lettre ne s'unit pas en diphthongue à la voyelle qui la précède, comme trahir, envahir, etc.

A la fin des mots, il n'y a aspiration que dans ces trois interjections: ah! eh! oh! H ne change rien à la prononciation du t.

j. Son unique : je : jamais, jeter, j'irai, joli, jupe.

Jinitial, ou au milieu du mot, conserve donc toujours ce son.

sonne

1° On aspire Henri dans le discours soutenu, mais on peut ne pas l'aspirer dans la conversation. 2° Bien des personnes n'aspirent pas h dans huguenot, mais c'est une faute; l'Académie y marque l'aspiration. 3o Autrefois on prononçait hésiter avec aspiration: d'après l'usage actuel, il n'y a plus d'aspiration. 4° On doit aspirer h dans Hollande et Hongrie; excepté dans ces phrases qui ont passé du langage du peuple dans le langage commun: toile d'Hollande, fromage d'Hollande, du point d'Hollande, eau de la reine d'Hongrie; encore est-il mieux d'y conserver l'aspiration. 5° Quelques Grammairiens ne veulent point qu'il y ait une vraie aspiration dans huit; mais c'est sans fondement, puis-J. qu'on écrit et qu'on prononce, sans élision ni liaison le huit, les huit volumes, le ou la huitième du ou de la huitième, à la huitaine; l'Académie ne laisse aucun doute sur l'aspiration de ce mot et de ses dérivés : cependant dix-huit, vingt-huit se prononcent di-zuit, vingt-huit. 6o Les mots onze et onzième ont cela de particulier, que, bien qu'ils commencent par une voyelle, cependant il arrive quelquefois, et surtout quand il est question de dates, qu'on prononce et qu'on écrit sans élision l'article ou la préposition qui les précède de onze enfants qu'ils étaient, il en est mort dix; de vingt, il n'en est resté que onze. Dans la liberté de la conversation, l'usage autorise néanmoins à dire : il n'en est resté qu'onze. Si le mot qui précède onze finit par une consonne, on ne prononce pas plus la consonne finale que s'il y avait une aspiration: vers les onze heures se prononce vers lè onze heures. Il en est de même dans un onzième; on ne fait pas sonner n du mot K k. Son naturel ke ou qu. Kajou, Kermès, un; on prononce comme si la première syllabe du mot onzième était aspirée. Mais lors. qu'il est adjectif, on dit indifféremment l'onzième et le onzième, à la onzième page, quoiqu'on dise: dans sa onzième année; il vivait au onzième siècle. 7° Oui, pris substantivement, se prononce comme s'il y avait une aspiration; on dit le oui et le non: tous vos oui ne me persuadent pas; un oui; néanmoins on dit sans aspiration: je crois qu'oui. On pro

Cette consonne, dit Demandre, comme le g doux; elle a fort peu de difficulté pour son orthographe; seulement nous n'avons pas de règle assez précise pour marquer les cas où elle cède le pas au g; cependant cej ne se place jamais devant un i, si ce n'est par élision, lorsque le pronom je se trouve devant un mot qui commence par i, comme j'y vais, j'ignore, j'imite. Pour le reste, il faut consulter l'usage et les Dictionnaires. Jamais cette consonne ne se redouble; jamais elle ne termine un mot; jamais elle n'est oiseuse.

Anciennement on confondait abusivement j consonne avec i voyelle.

kiosque.

Cette lettre n'est point française, à proprement parler; car nous ne l'employons dans aucun terme de notre langue, si ce n'est dans kyrielle, qui encore vient de kyrie; mais elle ne nous en est pas moins utile pour conserver aux mots étrangers cet air qui les distingue des mots nationaux; ainsi nous écrivons: Sobieski, Stockholm, kan, kermès, etc.

La lettre k ne se double jamais.

[blocks in formation]

Son accidentel: L et LL mouillés. (Voir plus bas.)

Cette lettre conserve toujours le son naturel au commencement du mot, mais elle le perd au milieu et à la fin, quand elle prend le son mouillé, dont nous parlerons à la fin de cet article.

Finale, elle se prononce ordinairement : moral, mortel, Mogol, seul, puéril, etc. On ne doit excepter que baril, chenil, cul, nombril, fusil, persil, outil, fournil, soul, sourcil et gentil (ce dernier, pris isolément ou suivi d'une consonne; car si cet adjectif est suivi d'une voyelle, elle prend le son mouillé : gentil enfant, gentilhomme). Elle est muette au pluriel gentilshommes, ainsi que dans fils.

Quand elle est redoublée, on n'en prononce ordinairement qu'une : allumer, collège, collation (léger repas), etc. Mais les deux sonnent dans allusion, allégorie, appellatif, belliqueux, collation de bénéfice, collègue, vaciller, millénaire, collusion, constellation, gallican, et quelques autres. Elles se prononcent aussi dans tous les mots qui commencent par il, illustre, illuminer, etc.

Cette lettre se redouble après la voyelle e toutes les fois que celle-ci se prononce avec un son ouvert; ainsi l'on écrit : j'appelle, je renouvelle, chancellerie, moelle, sentinelle, etc., quoiqu'on écrive appeler, renouveler, chancelier, etc. L'étymologie fait aussi conserver bien des doubles qui sont inutiles à la prononciation, comme sibylle, imbécillité, inalliable, installer, intervalle, més alliance, etc. Cette lettre se double encore dans les mots composés de la préposition à et d'un simple, qui commence par l, comme : allier, alléger, allouer, allumer, allécher, allaiter, etc., qui viennent de à, et de lier, léger, louer, mière, lécher et lait.

lu

Quoiqu'on écrive chandelle, châtellenie, chancellerie, etc., par deux, à cause de l'e ouvert, on écrit néanmoins avec un seul l, fidèle, fidèlement, modèle, et quelques autres, bien que l'e Y soit ouvert comme dans les premiers. L'étude de l'usage est presque le seul moyen de s'assurer de l'orthographe de

cette consonne.

Demandre donne quelques préceptes d'orthographe relatifs à cette lettre, qui pourront ne pas paraître dénués d'intérêt ; les voici :

Les adjectifs terminés en al n'ont jamais d'e muet à leur masculin, et par conséquent n'y prennent qu'un ; à leur féminin ils pren

Figure de la leitre.

nent l'e muet, mais ne s'y double point. Cette règle est sans exception : libéral, rival, final, banal, etc.: libérale, rivale, finale, banale, etc.; parmi les substantifs que le son al termine: animal, amiral, archal, arsenal, bal, bocal, canal, caporal, cérémonial, cheval, corporal, crystal, diurnal, fanal, hôpital, madrigal, mal, métal, maréchal, official, pal, piédestal, pluvial, présidial, régal, santal (bois des Indes), sénéchal, signal, tribunal, val, vassal, carnaval, ne prennent qu'un : tous les autres y ajoutent un e muet, comme scandale, sandale, etc.; excepténéanmoins balle à tirer, dalle (table de pierre), noix de galle, halle, malle (coffre), intervalle, salle (d'une maison), stalle, et le présent du verbe installer, installe, qui prennent deux l.

Tous les adjectifs terminés par le són el ont leur masculin sans e muet, et doublent 1, en le faisant suivre de l'e muet pour leur féminin, comme mortel, mortelle; cruel, cruelle; mutuel, mutuelle, etc.; il faut en excepter fidèle, qui prend l'e muet au masculin.

Tous les substantifs de cette terminaison prennent deux l avec un e muet, comme prunelle, etc., excepté : hydrocèle, parallèle, tutèle, zèle, modèle, où l est simple; et appel, arc-en-ciel, ciel, autel, carrousel, cartel, colonel, dégel, duel, fiel, hôtel, hydromel, lambel, miel, missel, noël, pastel, scel, sel, où l simple ne prend point d'e muet.

Le présent des verbes celer, chapeler, ciseler, démanteler, geler, harceler, marteler, peler, révéler, ruisseler, fait : je cèle, chapèle, cisèle, démantèle, gèle, harcèle, marièle, pèle, révèle, ruissèle; les autres doublent ordinairement, comme : il appelle, etc.

Il y a quelques adjectifs terminés par le son il, qui s'écrivent par un seul et sans e à leur masculin. Ce sont bissextil, civil, incivil, puéril, sextil, subtil, vil, viril et volatil; ce dernier en qualité seulement de termede chimie, car ailleurs on écrit volatile, etc. Tous ces noms font ile à leur féminin. Servile s'écrit de même par ile aux deux genres. Dans gentil, l qui est seul au masculin, y est muet: au féminin, ce nom fait gentille, les ll mouillés. Tous les autres adjectifs de cette sorte ont le masculin en ile, et le féminin de même, excepté imbécille et tranquille, qui prennent les deux laux deux genres.

Les substantifs, alguazil, exil, fil, mil (nombre), Nil, morfil et profil prennent un seul. Cette consonne est suivie d'un e muet dans tous les autres, comme concile, etc., excepté : mille (nombre), pupille, sibylle et ville. De

Figure de la lettre.

tous les verbes, il n'y a que distille, venant de distiller, et vacille de vaciller, qui prennent deux l. Nous ne parlons pas encore des mots où lest mouillé.

Autrefois on écrivait toujours fol, mol; aujourd'hui on ne le fait plus que devant une voyelle pour éviter l'hiatus; ailleurs on écrit et l'on prononce mou, fou. Ces deux adjectifs font au féminin molle, folle. Espagnol fait Espagnole. Parmi les substantifs dont le son of forme la terminaison: bémol, bol, caracol, terme d'architecture, col ou cou, dol, hausse-col, licol ou licou, sol ou sou, sol, note de musique, sol, terrain, tournesol, viol, vitriol, vol d'oiseau, vol, larcin, s'écrivent par un seul. Tous les autres s'écrivent par ole, comme école, boussole, parole, etc.; colle et bouterolle sont les seuls qui aient deux l. ll accolle, venant d'accoler; il colle, de coller, il décolle, de décoller, il trolle, de troller, sont les seuls verbes qui doublent l. Les autres ne le prennent que simple, comme : il console, il désole, il immole, etc.

Il n'y a pas d'autre adjectif terminé en ul que nul, qui fait au féminin nulle. Crédule, incrédule, majuscule, minuscule, ridicule, prennent l'e muet aux deux genres, et ne doublent jamais. Entre les substantifs, il n'y a que bulle où l se double; tous les autres font ule, comme cédule, cellule, mule, scrupule, etc., excepté : accul, calcul, consul, proconsul, recul, où est seul. Les autres qui prennent un I ne le font point prononcer. Tous les verbes en uler font ule au présent, comme : il dissimule, il calcule, il stipule, etc., de dissimuler, calculer, stipuler, etc.

Nous n'avons d'adjectif terminé en oul que soul, (pr. sou), qu'on écrivait saoul, et qui fait au féminin soûle. Tous les autres mots de cette terminaison s'écrivent par oule, comme moule, coule, etc., excepté quelques substantifs et quelques noms propres qui sont en oul, comme capitoul, Saint-Papoul, Toul, Vesoul, etc.

Du son mouillé L et L.

Abordons maintenant le son de l mouillé, que nous eussions pu peut-être reporter aux consonnes doubles, ou même mentionner comme diphthongue. Nous avons déjà traité cette question dans notre Dictionnaire avec assez d'étendue; mais comme elle nous paraît des plus importantes, nous ne pouvons faire autrement que de la rapporter ici. Après avoir déclaré que le son dit mouillé est une des plus grandes difficultés de notre langue,

| Figure

de la lettre.

nous avouons que les avis sur cette matière sont plus que partagés, qu'ils sont même en opposition directe. Jusqu'ici les lexicographes n'ont point osé se prononcer franchement sur le double, précédé d'un i, ou sur l final, dont l'articulation doit, disent-ils, être mouillée. Les uns se sont contentés d'écrire à côté du mot: ll mouillés; à vous de prononcer, si vous savez, si vous comprenez ce que c'est que ll mouillés; le savant Gattel, celui qui a le plus approfondi la question de prononciation, donne l'avis de prononcer ces ll à la manière des Italiens, comme ils prononcent le gli; mais, s'il vous plaît, comment prononcent-ils le gli? Nous devons supposer qu'on n'en sait rien. C'est donc à nous de l'orthographier de notre mieux, cette infernale prononciation; infernale est le mot, car personne ne la fait sonner d'après les lettres qui servent à l'écrire. Nos puristes français veulent qu'en même temps que l'on fait entendre le ie dont nous avons parlé, on fasse un peu sentir l'un des deux qui composent le mot. Cette méthode peut être fondée sur la raison, car les lettres sont faites pour être prononcées; mais nous, nous ne craindrons pas de proclamer hautement que la généralité des Français qui parlent leur langue simplement et sans aucune espèce de prétention font sonner ie les vulgairement dits mouillés; son peu harmonieux, il est vrai, mais simple, mais facile. C'est aussi l'opinion de Beauzée, qui dit que dans les mots paille, abeille, va

nille, feuille, rouille, et autres, terminés par » lle, quoique la lettre ne soit suivie d'au> cune diphthongue écrite, on y entend aisé› ment une diphthongue prononcée ie. » Voilà la règle que nous avons suivie, et que nous proposons; cette règle nous a semblé établie sur la base généralement adoptée; cependant nous nous servirons du mot mouillé, parce que ce terme est généralement compris, quoiqu'il ne rende pas absolument ce qu'on veut exprimer. On dit que l'articulation est mouillée par ill dans les mots tels que fille, pillage, cotillon, pointilleux, etc. (Voir la prononciation de chaque mot au Dictionnaire.) Nous faisons prononcer file, piiaje, coliion, poeintiieu. Certes, nous ne croyons pas, et nous en appelons ici à tous ceux qui n'ont pas d'intérêt à accepter telle prononciation plutôt que telle autre, nous ne croyons pas, disons-nous, que le plus grand nombre des Français prononce fileie, pileiage, kotileion, poeintileieu. Après tout, ceci est peut-être un sys

Figure de la lettre.

tème de notre part; nous le soumettons
sans amour-propre, sans orgueil, à la sa-
gesse expérimentée des plus éclairés, des
plus habiles. Nous ne l'avons franchement é-
noncé que parce qu'il est de notre part l'ex-
pression de l'opinion que nous avons émise
plus haut. Nous n'avons entendu aucun offi-
cier-général, en parlant de ses bataillons,
prononcer des bataielion, mais des batâ-
ion.
Continuons quand cette lettre est
double, et qu'elle est précédée de ai, ei, oui,
elle se prononce mouillée, comme dans ces
mots travailler, maille, bailler, veiller, re-
cueillir, fouiller, grenouille; nous faisons
dire, d'après notre principe: travaier, maie,
baié, vèié, rekeuieir, fouié, guerenouie;
la même prononciation est suivie dans les
mots qui finissent en ail, eil, ueil et ouil, par
I simple, comme travail, réveil, cercueil,
œil, fenouil, etc.; nous écrivons cette manière
de dire travaie, révèie, cèrkeuie, euie,
fenouie. L'Académie et plusieurs lexico-

Figure
de la
Lettre.

mots où elle est suivie de n; ce sont : amnistie; hymne, automnal, calomnie, somnambule, Agamemnon, indemniser, indemnité, Elle ne se prononce pas dans automne, damner et leurs composés.

M final ne rend qu'un son nasal dans les mots. On excepte la plupart de ceux qui sont étrangers. On prononce Abraham, Jérusalem, Stockholm, Amsterdam, etc., comme si m était suivi d'un e muet. Il a néanmoins le son nasal dans Adam; mais il se prononce selon le son qui lui est propre dans hem, item, septemvir, et quelques autres mots purement latins.

Lorsque cette lettre est redoublée, on n'en prononce qu'une commis, commode, etc. On excepte; 1° les noms propres Ammon, Emmanuel, etc.; 2o les mots qui commencent par imm: immortel, immobile, immoler, etc.; 3o les mots où em est suivi d'un m: emmener, emmailloter, etc.; mais, dans ce dernier cas, em prend le son nasal.

vice, nudité, nourrice, neutre. (Voir ce que nous avons dit aux syllabes nasales.

Cette lettre conserve toujours le son qui lui est propre au commencement du mot; elle l'a aussi au milieu du mot, lorsqu'elle est suivie d'une voyelle, comme dans ânerie; mais elle perd ce son, pour prendre le son nasal, si elle est suivie d'une consonne, comme dans : ancre, engraver, ingrédient, etc.

graphes prétendent que / final doit avoir le N n. Son propre, ne : nager, Néron, Nicole, noson mouillé dans péril; nous ne sommes point de cet avis: si mil, sorte de graine, se prononce miie, c'est parce que ce mot a servi sans doute à former celui de millet, qui est son diminutif, et dans lequel les ll sont mouillés; c'est aussi surtout pour distinguer ce mot du nom de nombre mil; mais il n'en est pas de même de péril, qui n'offre aucune raison plausible de le prononcer autrement que périle. Quelques-uns veulent que il de péril soit mouillé, à cause de l'adjectif périlleux; nous affirmons, nous, que nous entendons toujours prononcer périle. Nous dirons aussi que nous ne savons pourquoi le nom propre Sully est indiqué devoir se prononcer çuiei; nous avons, depuis que nous entendons lire et parler, entendu prononcer çule-li dans le langage et dans la lecture.)

M m. Son naturel, me. Machine, méthode, midi, mode, muse, moulin, meunier.

Nous avons presque tout dit sur cette lettre à l'article des syllabes nasales; nous ajouterons encore avec Lévizac que, quand cette lettre est initiale, elle conserve toujours le son qui lui est propre; mais, au milieu d'un mot, elle a souvent le son nasal dont nous avons parlé, et quelquefois elle ne l'a pas. Elle le prend toujours avant b et p; on prononce emblème, emploi, comparaison, etc., comme s'il y avait enblème, enploi, conparaison, etc. Il ne faut excepter que quelques

Finale, elle sonne dans abdomen, amen, hymen. Mais elle a toujours le son nasal dans les autres substantifs, son qu'elle a également dans les adverbes, les pronoms et les adjectifs, excepté les cas dont nous avons parlé à l'article de la nasalité.

Quand elle est redoublée, et c'est une de celles qui se doublent le plus souvent, on n'en prononce ordinairement qu'une année, connaître, sonner, solennel, annuler, et leurs dérivés, etc. On excepte ennéagone, annexe, annal, et ses dérivés, annate, annotation, annihilation, annihiler, inné, innovation, innover. Dans ennemi, en a le son de l'è ouvert, mais il est nasal dans ennoblir, ennui, et leurs dérivés.

L'usage est d'écrire avec deux n; ils prennent, ils apprennent, ils entreprennent, ancienne, mienne, ennemi, innocent, etc, Cet usage a déplu à quelques auteurs, surtout pour les verbes cités, parce que le son y est le même que dans : ils mènent, ils promènent, et beaucoup d'autres, où l'on n'écrit qu'un n. Si l'on écrit: ils mènent, ils promènent, par

« PreviousContinue »