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J'attends à partir qu'il fasse moins chaud; mais elle ajoute aussitôt on dit plus ordinairement j'attends pour partir, etc.

Faudra-t-il sur sa gloire attendre à m'exercer
Que ma tremblante voix commence à se glacer?
(BOILEAU.)

S'ATTENDRE : Les mourants qui parlent dans leurs testaments, peuvent s'attendre à être écoutés comme des oracles. (LA BRUYÈRE.)

Toutefois Racine a employé de avec s'attendre :
Mes transports aujourd'hui s'attendaient d'éclater.

(Britannicus, acte III, scène 4.)

Il est facile de voir qu'il a voulu éviter un hiafus : - nous ajoutons qu'il est encore plus facile de comprendre qu'il a fait un solécisme.

ATTENDRE (différer, remettre): Il y a des hommes qui attendent à être dévots que tout le monde se déclare impie ou libertin. (LA BRUYÈRE.)

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Qui attendent pour eût été plus correct.

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Et, sans jamais t'avilir à répondre,
Laisse au mépris le soin de les confondre.

Nous croyons avec Girault-Duvivier qu'on peut se servir de cette préposition; mais nous préférerions dire: s'avilit jusqu'à se justifier; et: sans jamais t'avilir jusqu'à répondre.

AVOIR. Ce verbe sert à marquer l'état, la disposition, la volonté où l'on est de faire ce que l'infinitif du verbe signifie :

Vous avez à combattre et les dieux et les hommes. (RACINE, Iphigénie.)

BALANCER (être en suspens) :
Tandis qu'à me répondre ici vous balancez.
(RACINE.)

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SE BORNER: L'homme de bien est celui qui n'est ni un saint ni un dévot, et qui s'est borné à n'avoir que de la vertu. (LA BRUYÈRE.)

CHERCHER (tacher de): L'homme du meilleur esprit parle peu, n'écrit point; il ne cherche point à imaginer ni à plaire. (LA BRUYÈRE.)

SE COMPLAIRE :

Dieu se complaît, ma fille, à voir du haut des cieux Ces grands combats d'un cœur sensible et vertueux. (VOLTAIRE, Agathocle.) CONCOURIR (Coopérer): Toutes ces choses concourent à établir les livres divins. (BOSSUET.) CONDAMNER, suivi d'un infinitif, prend la préposition à, soit au propre, soit au figuré : Est-ce qu'à faire peur on veut vous condamner? (BOILEAU, satire X.)

SE CONDAMNER: Que serait la puissance des rois s'ils se condamnaient à en jouir tout seuls? (MASSILLON.)

CONSENTIR. Le régime de ce verbe devant un infinitif, le plus conforme à l'usage, est la préposition à :

La crainte des supplices ou d'une mort prochaine ne put le faire consentir à payer de rançon pour lui. (FLÉCHIER.) Cependant, on trouve consentir de, dans Ra

cine:

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Il consent d'être gouverné par ses amis.

De sorte qu'il paraîtrait que la préposition de peut très-bien être employée avec le verbe consentir, suivi d'un infinitif.

Devant un nom, la préposition à avec consentir est la seule qui soit autorisée.

CONSISTER: La libéralité consiste moins à donner beaucoup qu'à donner à propos. (La BRUYÈRE.)

-Disons-le encore: ce qui rend toutes ces règles presque inutiles, c'est qu'au même verbe s'adjoignent la plupart du temps des régimes diffé-rents; ainsi, vous dites bien,il est vrai : le tout consiste à savoir si...; mais vous dites aussi : la perfection de l'homme consiste dans le bon usage de sa raison; en quoi faites-vous consister la sagesse? - celle différence consiste en ce que... Nous allons plus loin, nous affirmerons qu'il est dangereux de poser des règles, qui devraient toujours passer pour principes, à côté de tant d'exceptions. Qu'on ne l'oublie pas, il n'y a que l'usage, et le sain usage, qui puisse diriger dans l'emploi du régime

à donner à tous ces verbes. Mais continuons de parcourir Girault-Duvivier; et afin que tout ce que nous écrivons dans cette Grammaire puisse profiter à nos lecteurs, discutons même sur la phrase que nous venons d'écrire : nous disons que nous allons continuer de parcourir Girault-Duvivier; nous ouvrons l'Académie et nous y lisons: continuer à faire, à dire, de dire, de faire. Qu'inférer de tout ceci? c'est que, privés de règles générales, de principes certains, sur la matière que nous traitons, nous n'avons absolument rien qui puisse nous servir de guide; ce n'est donc que par un exercice continuel que l'intelligence peut faire son profit du bon usage. Revenons :

CONSPIRER (contribuer) :

Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire.
RACINE, Phedre.)

CONSUMER (user, ruiner):

Ce peu que mes vieux ans m'ont laissé de vigueur,
Se consume sans fruit à chercher ce vainqueur.
(CORNEILLE, le Cid.)

Ce n'est point consumer, mais se consumer qu'il était question de mettre en scène, et son exemple même l'annonce; mais on doit dire aussi, et nous ne citons que les exemples de l'Académie : se consumer en procès; se consumer de tristesse et d'ennui; se consumer dans les austérités; se .consumer sur un ouvrage.

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- L'observation de Girault-Duvivier est trop raisonnable et trop sensée pour que nous n'y applaudissions pas.

COÛTER: Il n'y a rien qui coûte davantage à approuver et à louer que ce qui est le plus digne d'approbation et de louanges. (LA BRUYÈRE.)

Employé comme verbe unipersonnel, coûter prend de : le plus difficile est de donner; que coûtet-il d'y ajouter un sourire? (LA BRUYÈRE.)

Il en coûte bien moins de remporter des victoires sur les ennemis que de se vaincre soi-même. (MASSILLON.)

DÉTERMINER (porter, exciter, porter à une détermination): Ses amis, malgré leurs peines et leurs

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Je cours à vous servir encourager son âme. (VOLTAIRE, Mahomet.) ENGAGER (déterminer par la persuasior. à faire quelque chose):

L'intérêt,qui fait tout, les pourrait engager A vous donner retraite, et même à vous venger, (VOLTAIRE, le Triumvirat.) Il aurait fallu: pourrait les engager... Comme verbe pronominal, ce verbe prend la préposition à ou la préposition de, suivant que l'oreille et le goût le demandent :

Elle s'engagea par une promesse solennelle de faire toujours ce qu'elle croirait être de plus accompli. (FLÉCHIER.)

Nous répudions tout à fait pour notre compte la préposition de employée par Fléchier ; il fallait : elle s'engagea à faire. Quant à la locution: ce qu'elle croirait être de plus accompli, qui termine la phrase, nous ne pensons pas qu'on puisse dire croire être de; c'est tout au moins une manière de s'exprimer

surannée.

A la suite de la citation de Fléchier, Girault-Duvivier nous met sous les yeux un bien meilleur exemple à suivre et qui est celui-ci :

Si tout ce qui reçoit des fruits de ta largesse A peindre tes exploits ne doit point s'engager. (BOILBAU,)

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S'EXPOSER (se mettre en péril, se mettre dans le cas de).

Je m'expose à me perdre et cherche à vous servir. (VOLTAIRE.)

SE FATIGUER:

Je me fatiguerais, à te tracer le cours

Des outrages cruels qu'il me fait tous les jours.

(BOILEAU.)

Tel, qui hait à se voir peint en de faux portraits,
Sans chagrin voit tracer ses véritables traits.
(Epitre IX.)

L'Académie donne un exemple conforme à celui que Girault-Duvivier tire de Boileau : haïr à travailler; mais on dirait très-bien aussi : je hais de travailler. Nous entendons tous les jours celle locution.

SE HASARDER: Il se hasarda à passer les Alpes. (VOLTAIRE.)

Quelques écrivains ont employé la préposition de; nous n'osons (c'est Girault-Duvivier qui parle) ni condamner ni approuver ce régime, qui, au surplus, est peu usité. Nous n'avons de préférence pour l'un ni l'autre de ces regimes; mais nous réparerons une omission du grammairien mie donne cet exemple: hasarder de faire une que nous commentons; il ne dit pas que l'Acadé

chose

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Il m'instruisait d'exemple au grand art des héros.
(VOLTAIRE.)

Et dans quels lieux le ciel, mieux qu'au séjour des champs,
Nous instruit-il d'exemple aux généreux penchants?

(DELILLE, L'homme des champs, chant II.)

Et cette expression paraît à Voltaire faire un très bel effet. (2) S'intéresser, être intéressé, ont des sens très-différents :

Nous entendons dire aussi tous les jours: jel'un signifie prendre intérêt à quelque chose :

me fatigue de l'avertir; dans ce cas, se fatiguer a

le sens de trouver pénible.

S'HABITUER:

La rime...........

L'esprit à la trouver aisément s'habitue.

(BOILEAU.)

Et pour moi jusque-là votre cœur s'intéresse.

(RACINE, Britannicus, acte V, scène 1.)

L'autre signifie, avoir intérêt à une chose :

Mais parliez-vous de moi quand je vous ai surpris?
Dans vos secrets discours étais-je intéressée?

(RACINE, Bérénice, acte II, scène 4.)

Ainsi dans cette phrase : Fuyez les procès sur toutes choses: souvent la conscience s'y intéresse, la santé s'y altère, les

HAIR. Boileau s'est servi avec ce verbe, suivi biens se dissipent. Il fallait y est intéressée : l'affectation de la d'un infinitif, de la préposition à.

symétrie a peut-être produit ce contre sens,

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La terre compte peu de ces rois bienfaisants:
Le Ciel à les former se prépare long-temps.
(BOILEAU.)

PRÉTENDRE dans le sens d'aspirer est neutre:
Caton, dans tous les temps, gardant son caractère,
Mourut pour les Romains sans prétendre à leur plaire.
(VOLTAIRE.)

Que vois-je?-Votre époux.-Non, vous ne l'êtes pas, Non,Cassandre.... jamais ne prétendez à l'être. (VOLTAIRE.)

Devant un nom, prétendre, dans le sens d'aspirer, se met également avec la préposition à : Auteurs qui prétendez aux honneurs du comique. (BOILEAU.)

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