présent le plus usité. Quoi qu'il en soit, on doit | Le Mexique. toujours dire les nations de l'Asie. 2° En parlant des quatre parties du monde, l'usage paraît avoir prévalu de faire précéder les noms par l'article, même dans les cas où l'on en parle comme en étant de retour : j'arrive de l'Amérique, je viens de l'Afrique, etc. Néanmoins plusieurs bons écrivains s'expriment différemment. Avec la préposition en, ils ne prennent jamais l'article. 3° On met l'article avant les noms de contrées éloignées et peu connues : j'arrive du Japon, de la Chine, du Pérou, etc.; comme aussi devant quelques noms de villes et de lieux particuliers, qui, formés de noms communs, conservent toujours l'article, qui en est une portion inséparable. Tels sont le Perche, le Havre, etc. 4° Par rapport aux noms de montagnes, le plus grand nombre n'offre aucune difficulté: il nous suffira d'observer que quelquefois on dit, par apposition le mont Valérien, le mont Parnasse, les monts Pyrénées, etc.; et quelquefois les Alpes, les Cordillières. On dit la montagne de Tarare, etc., et non pas le mont. Nous ne pouvons que renvoyer à l'usage. Quant aux noms de rivières, on dit: l'eau de la Seine est bourbeuse; je bois de l'eau de Seine. L'abbé Régnier prétend qu'on doit toujours dire l'eau de la mer; mais puisqu'on dit c'est du poisson de mer, quand on veut seulement le dis. tinguer du poisson de rivière, l'analogie n'autorise-t-elle pas à dire l'eau de rivière est douce, et l'eau de mer est salée? Cette réflexion de l'abbé de Condillac nous paraît juste. : Le Paraguay. Le Pérou. Le Brésil. Le Canada. La Louisiane. CAS DANS LESQUels l'on ne doIT POINT FAIRE RÈGLE Ire. On ne met point l'article devant les noms communs, si, en les employant, on ne veut désigner ni un genre, ni une espèce, ni un individu, ni une partie quelconque d'un genre ou d'une espèce; c'est-à-dire quand on ne veut rien déterminer sur l'étendue de leur signification, Les chemins y sont bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins, et d'autres arbres toujours perts et toujours fleuris. Les montagnes sont couvertes de troupeaux qui fournissent des laines fines, recherchées de toutes les nations connues. (FÉNELON.) Les flottes de Salomon, sous la conduite des Phé- Des ministres du dieu les escadrons flottants (LA FONTAINE.) Pour bien entendre cette règle, on doit distinguer deux choses dans les noms communs; la signification, et l'étendue de cette signification. La signification est ordinairement fixe, car ce n'est que par accident qu'on change quelquefois l'acception du mot: mais l'étendue de cette significa tion varie selon que les noms expriment des idées générales, particulières, ou singulières; et, dans ces trois cas, elle est déterminée. C'est par rapport à cette étendue, disent MM. de Port-Royal, qu'on dit qu'un nom est indéterminé; et il est indéterminé toutes les fois qu'il n'y a dans le discours rien qui marque qu'on doit le prendre généralement, particulièrement ou singulièrement, comme les mots: grenadiers, lauriers, jasmins, troupeaux, or, argent, ivoire, pierres précieuses, bergers, cabanes, des exemples que nous avons rapportés : aussi ne sont-ils pas précédés de l'article. REMARQUE. Les noms communs sont souvent de purs qualificatifs; mais alors il faut distinguer le qualificatif adjectif d'espèce ou de sorte, du qualificatif individuel. Dans ces phrases: une table de marbre est belle; une tabatière d'or est précieuse, ces substantifs, de marbre, et d'or, sont des qualificatifs d'espèce ou de sorte, parce qu'à l'aide de la préposition de, ils ne servent à désigner qu'un tel individu, savoir: qu'une table, une tabatière, est d'une telle espèce : on n'a donc pas besoin de l'article. Mais dans ces phrases: une table du marbre qu'on tire de Carrare est belle; une tabatière de l'or qui vient d'Espagne; ces mots, du marbre, de l'or, sont des qualificatifs individuels, puisqu'ils sont réduits à l'individu par les propositions incidentes; et c'est pour cela qu'ils sont précédés de l'article. De cette conséquence il résulte que les noms communs sont sans article: 1° Quand ils sont placés en forme de titre ou d'adresse observations sur l'état de l'Europe; réflexions générales; préface; il demeure rue Piccadilly, quartier St-James. 2o Quand ils sont sous le régime de la préposition en : être en ville, regarder en pitié, raison ner en homme sensé. 3° Quand ils s'unissent aux verbes avoir, faire, et quelques autres, pour n'exprimer avec eux qu'une seule idée : avoir envie, faire peur. 40 S'ils sont en apostrophe ou en interjection: O rives du Jourdain, ó champs aimés des cieux! Ciel! quel nombreux essaim d'innocentes beautés! (RACINE.) 50 Quand ils passent de leur qualité primitive à celle de qualification, ce qui arrive de différentes manières. Êtes-vous étonnés de ce que les hommes les plus estimables sont encore hommes, et montrent encore quelques restes des faiblesses de l'humanité parmi les pièges innombrables et les embarras inséparables de la royauté? (FÉNELON.) Notre esprit n'est qu'un souffle, une ombre passagère, Comine n'ayant jamais été. Nous considérions avec plaisir les vastes campagnes couvertes de jaunes épis, riches dons de la féconde Cérès. (FÉNELON.) Dans le premier exemple, le mot hommes est pris adjectivement; dans le second, le mot cada vres modifie le sujet nous; et dans le troisième, riches dons modifient jaunes épis. 6o Lorsqu'ils amènent une réflexion unie par ellipse à une phrase précédente. Jetez les yeux sur toutes les nations du monde; parcourez toutes les histoires. Parmi tant de cultes différents, parmi cette prodigieuse diversité demœurs et de caractères, vous trouverez partout les mêmes idées de justice et d'honnêteté, partout les mêmes principes de morale, partout les mêmes notions du bien et du mal : preuve evidente qu'il est au fond des ames un principe inné de justice et de vertu, sur lequel nous jugeons nos actions et celles d'autrui. (J. J. ROUSSEAU.) 7° Quand ils sont sous le régime des mots sorte, genre, espèce, et semblables. Le méchant se laisse entraîner dans toute sorte d'excès par l'habitude de ne jamais résister à ses passions. De cette caverne sortait, de temps en temps, une fumée noire et épaisse, qui faisait une es èce de nuit au milieu du jour. (FENELON.) 80 Enfin quand ils sont unis par la préposition à ou de à un mot qui précède, pour en exprimer un mode, une manière d'être, comme cheminée de marbre; tabatière d'or, etc.; table à tiroirs; lit à colonnes, etc. Pour bien entendre ceci, il faut distinguer, › dit Duclos, le qualificatif d'espèce ou de sorte, du › qualificatif individuel. Dans ces mots : un salon › de marbre; de marbre est un qualificatif spéci› fique adjectif : au lieu que si l'on dit : un salon du • marbre qu'on a fait venir d'Égypte, du marbre est un qualificatif individuel: c'est pourquoi on y joint l'article avec la préposition. > REMARQUE. On ne doit pas confondre les phrases dont nous venons de parler avec celles dans lesquelles le goût supprime l'article, afin de leur donner plus de rapidité et plus de feu. Citoyens, étrangers, ennemis, peuples, rois, empereurs, le plaignent et le révèrent. (FLÉCHIER.) Anglais, Français, Lorrains, que la fureur assemble, Avançaient, combattaient, frappaient, mouraient ensemble. (VOLTAIRE.) Il faut avouer, dit encore Duclos, qu'il y a beaucoup d'occasions où l'article pourrait être ⚫ supprimé, sans que la clarté en souffrit; ce n'est que la force de l'habitude qui ferait trouver bi› zarres et sauvages certaines phrases dont il serait ôté, puisque, dans celles où l'usage l'a supprimé, › nous ne sommes pas frappés de sa suppression; > au contraire le discours n'en parait que plus vif, • sans en être moins clair. Tel est le pouvoir de l'habitude, que nous trouverions languissante cette phrase: la pauvreté n'est pas un vice, en comparaison du tour proverbial: pauvreté n'est pas vice. Si nous étions familiarises avec une infinité d'autres phrases sans article, nous ne nous > apercevrions pas même de sa suppression. Cela est vrai, mais ce ne serait que lorsque la détermination des noms serait suffisamment connue par la nature de la chose ou par les circonstances. RÈGLE II On ne met l'article ni devant les noms précédés des adjectifs pronominaux : mon, ton, son, notre, votre, leur, ce,nul, aucun, quelque, chaque, | Au milieu des clartés d'un feu pur et durable, Une coutume nouvelle était un prodige en Égypte; tout s'y faisait toujours de même : aussi n'y eut-il jamais de peuple qui ait conservé plus long-temps ses usages et ses lois. L'ordre des jugements servait à entretenir cet esprit. Trente juges étaient tirés des principales villes pour composer la compagnie qui jugeait tout le royaume. On était accoutumé à ne voir dans ces places que les plus honnêtes gens du pays, et les plus graves. (Bossuet.) Vaucluse, heureux séjour, que sans enchantement (DELILLE.) Ces pronoms et ces noms de nombre excluent l'article, parce qu'ils en font eux-mêmes la fonction. Ils annoncent leurs substantifs, et désignent des individus déterminés dans l'esprit de celui qui parle. Aussi quelques Grammairiens leur donnentils le nom d'articles. On doit néanmoins observer, relativement aux adjectifs de nombre, comme dit du Marsais, que si l'adjectif numérique et son › substantif font ensemble un tout, et que l'on › veuille marquer que l'on considère ce tout sous › quelque vue de l'esprit, autre encore que celle › du nombre, alors le nom de nombre est précédé › de l'article ou prénom, qui indique ce nouveau › rapport. Dans le miracle de la multiplication des › pains, les apôtres dirent à Jésus-Christ: Nous › n'avons que cinq pains et deux poissons; voilà les › cinq pains et les deux poissons dans un sens nu› mérique absolu. Mais ensuite l'évangéliste ajoute › que Jésus-Christ, prenant les cinq pains et les › deux poissons, les bénit, etc.; voilà les cinq pains › et les deux poissons en rapport avec ce qui pré› cède. Dans ce cas il doit être toujours précédé de l'article. > RÈGLE III Les noms propres de divinités, d'hommes, d'animaux, de villes et de lieux particuliers, n'ont point d'article, s'ils sont employés dans un sens limité : Chaque vertu devient une divinité : La Fable offre à l'esprit mille agréments divers. (BOILEAU.) Rome enfin se découvre à ses regards cruels, Ces mots ne sont point soumis à l'article, parce que tout nom propre, ne signifiant qu'une chose singulière, est tellement déterminé par lui-même qu'on ne peut pas se méprendre sur sa détermination. Mais si l'on veut restreindre ce nom, on ne le regarde plus comme nom propre; on le considère d'abord, dit l'abbé de Condillac, comme un nom commun, qu'on restreint ensuite à un seul individu. Voilà pourquoi l'on dit : Et, fabuleux chrétiens, n'allons point dans nos songes (BOILEAU.) Deux des plus belles statues qui nous restent de l'antiquité sont l'Apollon du Belvédère et la Vénus de Médicis. Bien des personnes regardent le Tasse comme l'Homère de l'Italie. On ne doit point regarder comme une exception l'usage où nous sommes de joindre l'article aux noms des poètes et des peintres italiens. Nous ne le faisons que parce qu'il y a ellipse dans cet emploi; car ce n'est pas à ces noms que nous les joignons, c'est à un substantif sous-entendu. Nous imitons en ceci l'italien, qui dit : la Malaspina, il Tasso, pour la contessa Malaspina, il poeta Tasso. Il y a également ellipse dans le tour de phrase que nous employons quand notre dessein est de placer la personne dont nous parlons dans une classe sur laquelle on a attaché à tort du mépris, ou pour laquelle on a du moins peu d'estime, comme : la Lemaure soutenait par la beauté de sa voix la plus mauvaise musique; —la Guimard n'était pas moins étonnante par sa légèreté que par sa grace; · - c'est un tour de la Gaussin. Mais l'urbanité française a Dans les règles que nous venons d'établir, nous avons embrassé la généralité de l'usage sur l'emploi ou sur la suppression de l'article avant Comme l'emploi de l'article est une des plus grandes difficultés de la langue française, nous allons, à l'exemple de du Marsais, mettre sous les yeux du lecteur une table comparative dans la quelle les mêmes mots seront employés, selon les circonstances, avec l'article et sans l'article. Ces Le but des bons maî- (Sens individuel; l'adjec- Le goût des hommes tion, une idée de sorte, c'est le sentiment des Il y a au Pérou une Des biens de fortune. Il y a dans ce livre un re de faits, et il ne re- tient aucun raisonne- Il a un air de maître 1° Avoir faim, soif, dessein, honte, coutume, pi- 2° Chercher fortune, malheur, etc. 3° Courir fortune, risque, etc. 5o Dire vrai, faux, matines, vêpres, etc. 7° Echapper: Il l'a échappé belle; c'est-à-dire, 80 Entendre raison, raillerie, malice, etc. 9o Faire vie qui dure, bonne chère, envie, ré- 10° Gagner gros. On disait encore il n'y a pas d'hui. 11o Mettre ordre, fin, etc. 12o Parler vrai, raison, bon sens, anglais, fran- 13o Porter envie, témoignage, coup, bonheur, 140 Prendre garde, patience, séance, médecine, 150 Rendre service, amour pour amour, visite, 46° Savoir lire, vivre, chanter, etc. 170 Tenir parole, prison, ferme, bon. Il y a aussi des noms qui se construisent avec une Changez ces pierres en pains. L'éducation que le père d'Horace donna à son A Rome; à bras ouverts. Il est arrivé à bon port, à minuit. Vivre sans pain; une livre de pain; il n'a pas de Dans toutes ces phrases les noms d'espèce sont J'ai un coquin de frère; phrase elliptique qui Cet emploi, dit à ce propos l'abbé d'Olivet, 4o Demander raison, vengeance, justice, grace, précède : C'est un fripon d'enfant qui...; le qui se rapporte à un fripon. |