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bes nasales, qui ont en latin un e, en ont également | dit tout ce qui regarde le choix entre les lettres m un en français et cependant condemnare, con-et n. Peindre, craindre, etc., font au présent je demnatio, etc., s'écrivent condamner, condamna- | peins, je crains, tu peins, tu crains, il peint, il craint. tion, condamnable, etc. On sent bien que nous ne Il est peu de noms, soit adjectifs, soit substantifs, voulons pas ici accumuler les exemples qui sont terminés par cette nasale, qui prennent après elle contraires aux règles qu'on nous donne; il nous une consonne muette; en quoi l'on voit que c'est suffit d'en indiquer quelques-uns. Pour peu que ici le contraire de la nasale an. On conçoit que nous les lecteurs veuillent y faire attention, ils en trou-ne parlons pas des pluriels qui prennent s selon la veront d'autres à chaque pas, et se convaincront règle générale, comme les biens, les mains, etc. par eux-mêmes que c'est avec raison que nous rejetons des règles fausses et étrangères.

Nous renverrons donc aux Dictionnaires pour le choix des voyelles a, e, dans la première voix nasale, surtout si elle ne fait point la clôture du mot où elle se trouve; car, si elle termine le mot, nous avons une règle pour les adverbes et pour les participes actifs présents: pour les adverbes on emploie toujours l'e; et l'on se sert de l'a dans les participes, comme finement, éperdûment, lâchement, vaillamment; priant, aimant, voyant, courant, disant, etc. Pour la terminaison des adjectifs et des substantifs, on ne peut rien statuer; on dit constant, savant, présent, dolent, franc, diamant, moment, etc.

Les mots terminés par le son an ont quelquefois une consonne muette après la nasale, et quelquefois ils n'en ont point. Tous les adverbes et les participes présents prennent un t; presque tous les substantifs et les adjectifs en font de même. Banc, blanc, franc, prennent un c; rang, sang, prennent un g, etc.; prendre fait je prends, il prend. En final ne s'écrit par en que dans un petit nombre de mots, comme hymen, amen; encore y fait-on sentir la consonne n presque autant que si l'on écrivait hymène, amène.

Nous ferons observer que le mot examen, qui est d'origine latine, se prononce presque par tout le monde avec le son nasal; dites examein, et non pas examène.

On emploie aussi les deux mêmes lettres en, lorsque cette nasale est précédée d'un i, et qu'elle termine le mot sans être appuyée d'aucune con

im

in

impoli, fin.

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Comme le remarque Lévizac, les Grammairiens ne s'accordent pas sur la nature de ce son. Les uns prétendent que c'est un i très-faible ou un son particulier qui tient de l'e et de l'i; les autres veulent que ce soit l'e suivi d'un son mouillé; mais Duclos décide qu'on doit prononcer ein. « Plusieurs

Grammairiens, dit-il, admettent un i nasal, encore le bornent-ils à la syllabe initiale et négative qui répond à l'a privatif des Grecs, comme ingrat, infidèle, etc.; mais c'est un son provincial qui n'est point en usage. Lorsque le son est nasal, comme dans ingrat, inconstant, etc., c'est un e nasal pour l'oreille, quoiqu'il soit écrit avec un i; ainsi on doit prononcer eingrat, einconstant. › Cependant on conserve à l'i le son naturel qui lui appartient, 1° dans les noms propres tirés des langues étrangères, comme Sélim, Ephraïm, etc., qu'on prononce comme si la consonne m'était suivie d'un e muet; 20 dans tous les mots où in est suivi d'une voyelle, parce qu'alors l'i est pur, dit Duclos, et que n modifie la voyelle suivante, comme in-animé, in-odore, in-humain, etc.; 3° au commencement des mots en imm et en inn, soil qu'on prononce les deux consonnes, ce qui arrive toujours dans ceux en imm, soit qu'on n'en prononce qu'une, ce qui n'a lieu que dans innocent et ses dérivés, qu'on prononce inoçant, inoçance, etc.

à moins qu'elle ne le soit de s ou de t, comme mien, tien, sien, maintien, bien, lien, chré- Nous observerons que dans immense, inné, et tiens, Parisiens, tu tiens, il maintient. Partout ail- leurs pareils, la consonne m ou n y fait sentir deux leurs on se sert de in, im, ain, aim, ein ou eim. Ce fois sa véritable articulation; que quoiqu'il n'y at n'est que par des mots analogues ou par l'usage dans l'un que trois syllabes, et que deux dans l'auque l'on peut s'assurer de laquelle de ces expres-tre, il paraît néanmoins, d'après la véritable prosions on doit se servir dans les occasions particu-nonciation de ces mots, qu'il y a quatre syllabes lières, si ce n'est pour eim qui ne figure que dans dans le premier, et trois dans le second. En effet, Reims, ville de Champagne.

L'a que l'on trouve dans humanité, manuel, vanité, panetière, etc., indique ain pour les mots humain, main, vain, pain, etc. L'e qui est dans plénitude indiquera ei pour plein, etc.; mais il ne faut pas regarder cette analogie comme une règle toujours infaillible. On dit également finesse et dessiner, et l'on écrit fin, dessin, etc. Nous avons

on prononce immense, immanquable, comme s'il y avait imemense, imemanquable, et inné, comme si l'on écrivait inené; seulement il faut passer rapidement sur cet e muet, comme on le fait dans j'aimerai, nous ferons, etc. Il est vrai que cette syllabe que nous y ajoutons n'est point réelle dans l'écriture, et que, dans la prononciation, elle n'est que demi-syllabe; mais cela suffit pour rejeter l'opi

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um un

ayant le même son eun

parfum. importun. à jeun.

La première et les deux dernières de ces voix aimons, nous voulions, nous irions; ils font, ils ne se trouvent que dans fort peu de mots extraor-vont, etc. dinaires, ou même étrangers; nous nous contenterons de le faire remarquer. Quant aux autres: on se rencontre dans presque tous les mots; om ne se trouve que dans les mots où ce son est suivi de b, m, p, excepté comte (titre de noblesse) et ses dérivés. On écrit aussi nom, pronom; automne se prononce ôtone.

On n'emploie guère eon que dans les mots suivants bourgeon, badigeon, drageon, esturgeon, pigeon, plongeon, sauvageon et surgeon.

Il ne reste donc plus qu'à voir quels noms terminés par la voix on prennent une consonne muette. Il en est peu qui en admettent; on dit

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REMARQUE. 4° L'u conserve le son qui lui est propre dans les adjectifs employés au féminin, une femme importune. 2o Um se prononce ome dans certains mots pris des langues étrangères, comme duumvir, triumvir, etc. Factum se prononce factome; factotum, factôtome; et ainsi tous les mots tirés du latin qui ont la même désinence. Um n'a qu'un seul mot, qui est parfum; et eun n'en a qu'un seul aussi, qui est à jeun.

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Diphthongue vient du grec ôi, deux fois, et de | Dans le mot diacre, au contraire, la première sylgloryos, son; ce mot signifie qui a un double labe dia fait entendre très-distinctement le son de

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Une diphthongue est la réunion de deux sons qu'on fait entendre dans le même instant par une seule émission de voix ; de sorte que dans la diphthongue proprement dite il y a deux sons, ce qui la différencie d'avec les voix simples qui n'en ont qu'un, quoiqu'on les écrive avec plusieurs caractères ou voyelles. L'une et l'autre de ces voix sont simples, ce qui distingue la diphthongue d'avec la voix articulée par quelque consonne; enfin l'une et l'autre sont produites par une seule émission de l'air des poumons, ce qui fait que la diphthongue n'est que d'une syllabe.

Dans la première syllabe du mot aimer, il y a deux voyelles ou deux caractères; mais ces deux voyelles ne donnent qu'un son, et par conséquent ne forment point une diphthongue. Cela est si vrai qu'on dirait le même mot, à n'en juger que par les oreilles, si l'on écrivait èmer, où la même syllabe ne serait formée que par une seule lettre.

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l'i et le son de l'a; voilà le double son qui forme la diphthongue. Dans la même syllabe dia, si l'on retranchait le d, la diphthongue ia resterait toujours. Si l'on y fait attention, on verra que dans la prononciation ordinaire, diacre n'exige et ne prend que deux émissions de l'air qui sort des poumons. Il est vrai que si l'on voulait dire di-a en poussant l'air à deux reprises, on ferait disparaître la diplthongue; mais on parlerait mal. Pour prononcer ces sortes de diphthongues, il faut couler rapidement sur le premier son, et ne s'arrêter que sur le second.

Il faut avoir l'oreille bien juste pour distinguer la diphthongue propre d'avec deux sons produits par deux émissions de voix, surtout dans certains mots qui n'ont entre eux que peu de différence, comme dans bien, qui n'est que d'une syllabe, et dans lien, qui en a deux, et par conséquent ne forme point une diphthongue.

Les diphthongues n'étant que de simples voix réu

nies, les caractères qui expriment les unes peuvent varier comme ceux qui expriment les autres. On comprendra, comme le dit Beauzée, qu'il est possible qu'il y ait dans une langue des diphthongues usitées qui ne soient aucunement connues dans une autre. Les Allemands emploient fréquemment la diphthongue que nous représenterions par aou, et qu'ils écrivent au parce que leur u représente notre ou; ainsi glauben (croire), traum (songe), frau (dame), se prononcent comme nous prononcerions glaou-ben en deux syllabes, en faisant sonner n final comme dans amen; traoum en une syllabe, en faisant sentir m comme à la fin de Deum; fraou en une syllabe. Cette même diphthongue n'a pas lieu en français, quoiqu'elle se soit introduite dans les patois des provinces qui confinent à l'Allemagne. Ondisait dans le Verdunois aou pour ou; maou en une syllabe, pour moult, anciernement usité dans le langage national et dérivé du latin multùm (beaucoup).

moitié, c'est bien un mot diphthongue en prose; et voici un vers de Corneille qui le naturalise même en poésie :

Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau; La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau.

Iè.

leu.

Il ne faut considérer dans la diphthongue que le son naturel de la réunion, non pas seulement des voyelles, ce qui ne serait pas exact, mais des let-lo. tres qui la forment.

Il n'y a pas de Grammairiens qui aient donné une table, nous ne dirons pas parfaite, mais passable, des diphthongues. Cette table est, en effet, bien difficile à composer. Pour le prouver, nous allons donner les deux tables les moins défectueuses, que nous accompagnerons de nos commentaires. Nous commencerons par celle de Demandre.

Ai. La Biscaie; ai!» D'abord l'exclamation

la.

lau.

lé.

ai! ne s'écrit nulle part ai! mais aih! ou aie! et pour le mot Biscaie, nous apercevons l'addition d'un e muet qui mouille naturellement cette consonnance. Biscaie ne se prononce pas Biskè, mais Biskaie; ai! exclamatif, n'a pas le son de è, mais bien de aie, (ie, mouillé).

Fiacre, diamant. Fiacre se dit fiacre, et non pas fi-akre. Cela est vrai; mais diamant se prononce-t-il dia-mant? oui, en prose ordinaire et dans la conversation; mais en vers on scande bien certainement di-a-mant. Il fallait donc distinguer l'un de l'autre.

Miauler, miaulement. Est-ce bien une diphthongue? n'entend-on pas, principalement dans l'exemple cité, deux sons bien distincts, celui de i et celui de au? Si cela est, il n'y a pas diphthongue; et c'est notre opinion. Nous pourrions ajouter que ces mots paraissent être de véritables onomatopées; et si l'on admettait la diphthongue iau, le son imitatif se trouverait affaibli. Miaou ne se prononce-t-il pas mi-a-ou?

Pié, moitié. › Il y a long-temps qu'on n'écrit plus pié, mais pied. Quant au mot

Pannetière, lièvre. Ici la diphthongue a lieu en prose, et aussi en poésie. Harmonieux, milieu. Il est faux de dire que l'on prononce en prose comme en vers har-mo-nieux; dans l'un et l'autre cas c'est har-mo-ni-eux. Milieu est un mot fort douteux. Il n'y a point de difficulté pour la prose; on dit mi-lieu; mais en vers dirait-on mi-lieu? Nous trouvons cependant un mauvais vers de Richer qui fait de la dernière syllabe de ce mot une diphthongue :

Desquelles celle du milieu

Est brûlante comme du feu.

Mais ce poète ne saurait faire autorité pour

nous.

Fiole, pioche. Contentons-nous d'indiquer maintenant notre sentiment: en prose, io; en vers, i-o.

D

Iou. Chiourme. Prononce-t-on bien, même en prose, chiourme? Il est permis d'en douter. Viande. En prose, viande; mais, en vers, on dirait peut-être vi-ande.

lan.

‹ Ien.

Bien. Il y a une vraie diphthongue dans ce mot; mais lien ne se prononce-t-il pas li-en, en prose comme en vers? Ion. Distraction, commission. En prose, toujours ion; en vers, toujours i-on. Oua. Ouale. La prononciation d'ouate par auate, indiquée par l'auteur, n'obtiendra jamais naturalisation. Oua ne saurait, dans aucun cas, sonner aua ou oa; ceci serait plus qu'absurde.

Ouan. Bafouant. » Cet ouan, qui se prononcerait

auan, est de la force de l'aua que l'on voudrait donner au mot ouate.

Oue. Fouet,rouet. » Jamais oue ne pourra faire que ou, puisque l'e qui termine cette consonne est muet. Il est évident néanmoins que fouet et rouet se prononcent par une seule émission de la voix, rouè, fouè, aussi bien en vers qu'en prose; mais il fallait indiquer pour diphthongue le son ouè écrit par ouet, et non pas celui de oue, qui ne signifie rien, pour rendre la prononciation de ces deux mots. Oui. Bouis, enfoui. » Le son est diphthongue

en prose; on ne saurait en disconvenir, mais, au lieu du mot bouis, qui ne s'écrit et ne se prononce plus que buis, on aurait pu indiquer le monosyllabe oui. Un poète scanderait certainement en-fou-i.

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Passons à l'examen de la table qui a paru la plus exacte à Girault-Duvivier :

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Oue.

Aih! mail. Si nous rapprochons l'obser-
vation que nous venons de faire sur Deman-
dre, nous nous apercevrons que Girault-Ouan.
Duvivier est, comme lui, tombé dans l'er-
reur, et qu'il a de plus confondu les sons
que l'autre avait bien eu soin de conserver;
car il avertit qu'il ne faut pas confondre
la diphthongue avec les deux lettres ai
ou ei, ou autres, suivies de l mouillé. Bail,
mail, bercail, il batailla, il sommeilla, il
pilla, il recueillit, il débrouilla, la veille, et Ua.
autres semblables, ne sont point propre-
ment diphthongues, parce qu'il entre dans
ces mots une ou deux consonnes. Quelques
personnes même voudraient regarder tou-
tes ces syllabes, ou quelques-unes d'entre
elles, comme de vraies diphthongues, d'a- Oin.
près du Marsais et plusieurs autres au- Ouin.
teurs; nous croyons devoir plutôt traiter Io.
de ce qui les concerne, en parlant des Iou.
lettres mouillées, qu'en parlant des diph- Ian.
thongues. Girard vient aussi à l'appui de len.
ce qu'avance Demandre, en disant que leu.
<devant deux ll ou un l final, ces deux Ion.
› voyelles ne font point diphthongue; l'i dé- Oui.
suni de l'a n'y sert qu'à mouiller la con-
› sonne: paille, écaille, émail, corail. > Nous
eussions voulu que ce Grammairien fût con- Ue.
séquent avec lui-même, et qu'il n'écrivit pas
deux lignes plus bas que lorsque le son
⚫ ouvert précède l mouillé, c'est toujours
la diphthongue ei qui sert à le peindre:
sommeil, pareil, soleil, vermeille, treille.
Bien certainement les deux motifs sont les
mêmes.

Diacre.

Pied. Cet exemple est mauvais; il fallait un autre mot, comme moitié, et indiquer le son ié.

Lumière. (Nous avons traité de ce son plus haut.)

Biais.

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Ui.

Uin.

boîte, poème, d'après l'Académie. Pourquoi alors indiquer ce son comme diphthongue par oë; car, si vous mettez un tréma sur e, il ne saurait y avoir diphthongue. L'office du tréma serait de faire prononcer mo-èle, bo-ète, qui doivent se prononcer moèle, boète.

Louange. Est-ce bien là une diphthongue? Nous en trouvons une dans le nom pr. Rouen, qui se prononce ainsi : Rouan; mais elle n'est pas écrite par ouan. Quant au mot louange, nous nions qu'on doive dire avec affectation lou-ange en prose; mais, en vers, on pécherait grossièrement contre la mesure en faisant une diphthongue de louan.

Équateur. Nous verrons plus tard que ua, dans équateur et quinquagésime, se prononce oua, et non pas ua. Cette diphthongue n'existe pas, selon nous, en français.

Ouest. Nous renvoyons à la diphthongue semblable de Demandre.

Soin.
Baragouin.
Pioche.
Chiourme.
Viande.
Combien.
Dieu.
Occasion.

Louis, bouis.

(Voir, pour ces mots, nos observations sur Demandre.)

Écuelle. L'eétant muet dans ue, ne saurait jamais faire que u. Si l'on voulait indiquer le son vrai de ue dans cette occasion, il fallait écrire uè, car écuelle se prononce ékuèle. Lui, étui.

Juin.

Les combinaisons de voyelles ne forment qu'un son indivisible et simple, dit Lévizac; mais il y en a d'autres qui font entendre le son de deux voyelles en un seul temps, et par une seule émission de voix; on les nomme diphthongues. Il aurait été à désirer que les Grammairiens n'eussent donné ce nom qu'aux combinaisons de voyelles qui font entendre deux sons; ils n'auraient pas été obligés de distinguer les diphthongues en vraies ou propres,

Loi. Nous ajoutons qu'il se prononce loè, et en fausses ou impropres, et d'admettre des

et non pas loâ.

Villageois.
Quais!

Chiourme. (Voyez notre remarque sur
Demandre).

Moëlle, boëte. Voilà une grave erreur,
que son auteur relève bien vite par une
remarque au bas de la page, et dans la-
quelle il avoue que les mots moëlle, boëte,
poëme, s'écrivent présentement moelle,

diphthongues de l'oreille et des diphthongues aux yeux. Pour nous, qui examinons les sons tels qu'ils sont en eux-mêmes, nous n'admettrons pas cette distinction inutile; mais nous sommes loin de condamner ceux qui continuent de s'en servir, puisque l'Académie a rapporté cette double acception, en se bornant à observer que la dernière est abusive et impropre.

L'essence de la diphthongue, dit du Marsais, consiste en deux points: 1° qu'il n'y ait pas, du

› moins sensiblement, deux mouvements successifs › dans les organes de la parole; 2o que l'oreille › sente distinctement le son de deux voyelles par ⚫ une seule émission de voix. Quand je dis Dieu, lé. j'entends i et eu; mais ces 2 sons sont réunis en lè. ⚫ une seule syllabe, et énoncés en un même temps. lai. Le premier son de la diphthongue se prononce Eoi. toujours rapidement; on ne peut se reposer que Oè. sur le second, parce que c'est le seul qui puisse être Oi. continué. C'est ce qui avait porté les Grecs à appeler la première voyelle prépositive, et à donner le nom de postpositive à la seconde.

On prononçait autrefois beaucoup plus de diphthongues qu'aujourd'hui. On les a supprimées pour rendre la prononciation plus douce. Nous avons › raison, dit Duclos, d'éviter la rudesse dans la ⚫ prononciation; mais je crois que nous tombons

dans le défaut opposé.... Ces diphthongues met› taient de la force et de la variété dans la pronon⚫ciation, et la sauvaient d'une espèce de monotonie qui vient en partie de notre multitude d'e

⚫ muets. »

Il y a dans les diphthongues deux choses bien essentielles à considérer. Pour plusieurs d'entre elles, la prononciation en vers n'est pas la même que celle de la prose; telle consonnance est diphthongue dans le discours ordinaire, et de deux syllabes biendistinctes dans le discours relevé. Action se prononce ak-cion, en deux émissions de voix, dans la conversation; et ak-ci-on, par trois syllabes bien marquées, dans les vers. Louis, en prose se prononce Loui, et en vers Lou-i. Louange est de deux syllabes dans la conversation, et de trois dans la poésie. Le goût et l'usage peuvent seuls guider ici. Voici la table de diphthongues qui nous paraît la plus exacte.

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Ouai.

» difiée par le mouillé faible i. Mais cette nasale et ce mouillé faible ne sont-ils pas une vraie diphthongue?

Pied.

Vielle.

Biais.

qui se prononce oa.... Villageois. Moelle.

Loi. Ouais.

Nous ne manquerons pas de relever une grossière erreur dans laquelle Lévizac fait tomber ses lecteurs en leur disant, d'après Duclos, que toutes les diphthongues dont la première syllabe est o se prononcent comme si c'était un ou. Peut-être prononçait-on ainsi du temps de Lévizac et de Duclos. Mais Girault-Duvivier ne nous paraît pas excusable de s'être contenté de les copier servilement, sans se donner la peine de raisonner l'assertion de ces écrivains. Non, M. Girault-Duvivier, o, dans les diphthongues, ne sonne pas ou. Celui qui enseigne que les mots loi, foi, mois, pois, bois, se prononcent louè, fouè, moua, poua, boua, enseigne mal; cette prononciation sent la province; loè, foè, moá, poâ, boâ, est la seule véritable.

Continuons de citer Lévizac.

Nous avons vu les cas où la combinaison oi se prononce en voyelle. Voici ceux dans lesquels elle se prononce en diphthongue : 1o Dans les monosyllabes et dans les verbes en oire et en oître de deux syllabes, comme moi, froid, croire, croître, etc.;

20 Dans les polysyllabes en oi, oic, oir, oire, eoire, oise, oisse; comme: emploi, courroie, vouloir, observatoire, nagcoire, framboise, angoisse;

3o Dans les mots où oi et oy sont suivis d'une voyelle, comme ondoiement, royal, royauté;

40 Au milieu des mots, comme poison, courtoisie;

50 Dans les noms de nations dont on parle peu, comme Danois, Suédois, Chinois, Iroquois, etc. : on doit excepter Japonois, qu'on prononce en voyelle. C'est pour cela que nous écrivons aujourd'hui Japonais.

François, nom d'homme, se prononce en diphthongue. Surquoi nous observerons que les noms de provinces se prononcent beaucoup plus souvent en diphthongue qu'en voyelle, parce qu'on a peu d'occasions d'employer ces mots; aussi dit-on Franc-Comtois, Albigeois, Gallois, etc. Si la prononciation de Charolois, que nous écririons Charolais, si nous en avions besoin, est différente, c'est

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