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>cles, par des Grammairiens dont l'opinion a tou-fes que par ais, ait, ils n'ont pas voulu se raisonner, jours été d'un très-grand poids, par plusieurs et voir que le son d'ès ou d'es n'existe que pour les > imprimeurs qu'on peut regarder comme d'excel-finales des substantifs, ou des prépositions, ou des › lentes autorités, et par l'Académie, le vrai juge monosyllabes, comme très, abcès, après, etc. Mais › compétent en fait de langage; enfin, puisque ce nous discutons là de véritables absurdités, et tous › changement renverse toutes les analogies, les éditeurs ont fait bonne justice de ces ois qui ne › augmente les difficultés au lieu de les dimi- sauraient se prononcer è, puisque ordinairement › nuer, etc., etc., nous croyons devoir dire qu'il ils sonnent oè, comme dans foi et loi, etc. › peut sans inconvénient ne pas être adopté : on A l'époque où l'on écrivait Français par o is, on › n'est pas tenu de se ranger à l'avis de quelques prononçait bien certainement la diphthongue oè; > littérateurs qui ne se sont sûrement empressés nous le voyons par ces vers de Boileau, de Boileau de s'emparer de cette nouvelle orthographe que si exact et si pur, qui dit, chant 1er de son Art › parce qu'ils l'ont crue de Voltaire, imitant en poétique : › cela les courtisans d'Alexandre, qui se croyoient › des héros, lorsqu'à l'exemple de leur maître, ›ils penchoient la tête d'un côté (').

Durant les premiers ans du Parnasse françois,
Le caprice tout seul faisoit toutes les lois.

› Quoi qu'il en soit de tous ces motifs, de toutes ⚫ces imposantes autorités, comme le plan que nous Il n'aurait certainement pas fait rimer francè › avons embrassé nous impose l'obligation de dire avec loè. Donc, à cette époque, on devait pro> à nos lecteurs tout ce qui peut contribuer à fixer noncer françoè. Du Marsais nous l'apprend lui› leur opinion, nous ne leur tairons pas que l'umême Dans la prononciation soutenue, nous › dit-il, ce mot françois ne se prononce point par › sage paroît, depuis quelque temps, avoir assez › é. Concluons. Il est impossible de se résoudre généralement adopté le changement de la combinaison oi en la combinaison ai, accueillie par çais, nom des habitants de la France, comme on à écrire Japonais comme on écrit Chinois; et Fran› Voltaire, et que l'Académie, croyant devoir dé-écrit François, nom de baptême. férer aveuglément à l'usage, fait, dit-on, impri

D

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mer son nouveau dictionnaire avec cette orthographe. Dès lors, quelque bonnes que soient les

› raisons données par les autorités que nous avons citées, il nous semble qu'elles ne doivent plus › être invoquées, puisque, comme nous l'avons › dit au commencement de ce chapitre, l'usage et › l'Académie sont les seuls régulateurs en fait d'orthographe. •

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D

Voilà bien du bavardage pour arriver à finir par où il aurait dû commencer; nous voulons dire à s'armer de la logique et du bon sens.

C'est à notre tour d'examiner le système erroné de ceux qui prétendent que ai ne remplace pas oi, ayant le son d'éouvert. Ai, voyelle composée, sonne è ou é. Voilà le principe. Lorsqu'elle a le son d'é, ce son ne s'écrit que par ai pur; tandis que, dans les imparfaits, cette voyelle composée ai ne forme point le son è sans être accompagnée d'un s ou d'un t, je chantais, il marchait. Le véritable son d'è ne réside donc pas seulement dans la voyelle composée ai, car j'ai ne se prononce pas jè, mais jé; il consiste dans la combinaison d'ais, d'a i t. Quant à ceux qui viennent avancer qu'autant vaudrait écrire ce son par és ou

(') « Cette orthographe était, depuis la mort de Voltaire, tombée dans un oubli général, lorsqu'un nommé Colas, ⚫ prote de l'imprimerie du Moniteur, en 1790, imagina de l'y ⚫ introduire. Les personnes curieuses de vérifier ce fait ac» querront facilement la certitude que le 31 octobre 1790, ⚫ dans le Moniteur, comme partout ailleurs, on imprimait

» encore avec un o:éloit, prouvoit, et que le lendemain la ⚫ métamorphose des o en a s'est faite. »

De la voix AIE,

Aie a le son de l'è ouvert, et termine ordinairenient un mot, comme dans haie, futaie; dites hè, fulè.

Il n'est pas juste de faire pressentir, avec Lévizac, que l'e muet final de cette combinaison aie rende le son un peu plus long. Il a tort aussi de chercher à insinuer que quelques personnes donnent à cette terminaison le son de l'é fermé. Cette opinion est tout-à-fait contraire au bon usage.

De l'AY et de l'AYE.

Ay a le son de l'è ouvert, lorsqu'une voyelle suit immédiatement; et cette voyelle est mouillée,comme dans payer, rayer, qui se prononcent pè-ié, rè-ié.

Il n'y a que les gens peu instruits qui prononcent ayant comme s'il y avait a-ian; dites: è-ian.

Ay a également le son de l'è ouvert dans paysan, pays, abbaye. Ne dites pas péizan, péi, abbéi ; mais pèizan, pèi, abèi.

Quelques-uns veulent que le nom propre Blaye se prononce Bleie; mais on dit généralement aus'il y avait Maïance. jourd'hui Blè. Le seul mot Mayence sonne comme

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› après le g, il mangea, etc., dit du Marsais, n'est
⚫ que pour empêcher qu'on ne donne au g le son
fort gua, qui est le seul qu'il devrait marquer.
» Or, cet e fait qu'on lui donne le son doux ja.
› Ainsi cet e n'est ni ouvert, ni fermé, ni muet; il
» marque seulement qu'il faut adoucir le g, et pro-être au pluriel, on écrit aux.
› noncer je comme dans la dernière syllabe de
› gage.»

Nous trouvons quatre expressions différentes qui sont au, eau, aux, eaux; les deux dernières ne sont prises que pour marquer les pluriels, et les deux premières servent aux noms singuliers.

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De l'AO.

Au est pour à le, article singulier. Si l'article doit

Si le son au se trouve au milieu ou au commencement d'un mot, il s'écrit par au simple, comme aubaine, vaudeville, vautour, audace, aubier, audience, minauderie, réchauffer; il n'y a d'exception que pour les mots composés de quelques noms terminés en eau, et qui portent ces trois caractères Beaujeu, beaupré, etc. dans leurs composés, comme beau-père, Beauvais,

Nous avons peu de mots qui se terminent par aux au singulier. Il y a cependant l'adjectif faux, d'où sont formés les composés faux-fuyant, fauxpas, faux-jour, etc. Nous ne parlons pas ici du mot faulx, instrument à faucher, que nous considérons dans notre Dictionnaire comme un barb.risme toutes les fois qu'on l'écrit faux.

Tous les noms terminés en au, et dans lesquels ce son est suivi d'un ou d'un d, ne prennent point A est nul dans aoriste, taon, Saône, août et aoû- non plus l'e muet avant au. On peut le plus souvent teron. Prononcez comme s'il y avait oriste, ton, reconnaître si un nom doit avoir ce t ou ce d, par Sône, oût, oûleron. Mais, par une bizarrerie de quelque mot analogue dans lequel cette consonne l'usage, il conserve le son qui lui est propre dans est sensible; ainsi nous écrirons saut, assaut, à cause aoûter. Nous devons avertir que l'usage ne paraît de sauter; haut, à cause de hauteur, etc.; rustaud, pas avoir encore adopté généralement la pronon-nigaud, échafaud, maraud, etc., nous paraîtront deciation oût du mot août, malgré les observations voir finir par un d, quand nous penserons aux mois judicieuses de Voltaire, qui prétend que si l'on disait la mi-a-oût, on imiterait parfaitement le miaulement du chat. Nous ajouterons qu'en parlant de la moisson qui se fait dans le mois d'aoûl, on dit faire l'oût, et non pas faire l'a-out.

Des voix AU, EAU et Eo.

Ces trois voix ont tantôt le son de ô circonflexe, et tantôt celui de l'o simple; d'où l'on doit tirer la conséquence que c'est une faute grave de les prononcer comme l'o simple, lorsqu'elles doivent avoir le son de l'ô grave. La difficulté est grande. Lévizac nous dit, dans une de ses remarques, que le vieux Ramus avait distingué le son de cette combinaison du son de l'o, et que MM. de Port-Royal avaient rectifié cette erreur. Comment l'abbé de Dangeau, et surtout l'abbé Batteux, ont-ils pu faire la méprise de Ramus? Comment eux, qui connais saient la Grammaire de Port-Royal, n'ont-ils pas senti que au et eau n'étaient qu'un o écrit avec deux ou trois caractères; aigu et bref dans Paul, et grave et long dans hauteur et tombeaux; tandis ⚫ que Wallis, un étranger, dit Duclos, ne s'y est ⚫ pas mépris? C'est que Wallis ne jugeait les sons que par l'oreille; et l'on n'en doit juger que de ⚫ cette manière, en oubliant absolument celle dont ⚫ ils s'écrivent. ›

rustaude, nigauderie, échafaudage, marauder, etc.; chaud prend aussi un d; et réchaud ne doit pas s'éde ces différents noms sont les uns auts, comme crire autrement que par un d, etc. Les pluriels sauts; les autres auds, comme marauds,

Le plus grand nombre des noms terminés par le son au prennent un e muet avant l'au; mais pour cela il faut que cette terminaison soit pure, c'est-àdire qu'elle n'ait aucune consonne qui en fasse la clôture. On peut encore les reconnaître, au moins la plupart, par des mots analogues dans lesquels la syllabe au sera changée en el, comme beau, bel; nouveau, nouvel; bourreau, bourrelle; jumeau, jumelle; niveau, niveler; museau, muselière; morceau, morceler; monceau, amonceler; marteau, marteler; manteau, mantelet; ruisseau, ruisseler; râteau, râteler, etc.

Il y en a plusieurs pour lesquels on ne trouvera pas de mots analogues qui soient aujourd'hui en usage; mais pour peu qu'on connaisse ce qu'était autrefois notre langue, on saura qu'elle en avait ; pour château on disait autrefois châtel, vel pour veau, taure, ou taurelle, pour le féminin de taureau, oisel pour oiseau, etc. S'il y en a quelques-uns pour lesquels on n'en trouve point si facilement, comme eau, réseau, rideau, roseau, c'est à l'usage et aux Dictionnaires qu'il faut recourir.

Eo ou ed sonne également comme o simple ou

circonflexe geolier, Georges; prononcez: jólié, Jorje.

Des voix EU, Eû et œU.

Les deux lettres e u assemblées donnent le son que l'on entend dans feu et peu, etc. Il y a deux sortes d'eu, l'un grave, comme dans jeûne, abstinence de viande, et l'autre aigu, comme dans jeune, qui n'est point avancé en âge.

Eu, dans les temps du verbe avoir où il se trouve, se prononce comme u simple, j'eus, nous eûmes, ils eurent, j'ai eu, vous avez eu, etc. Dites j'us, nous umes, ils urent, j'ai u, vous avez u, etc.

N'oublions pas d'avertir que quelques substantifs terminés en eure, comme gageure, se prononcent ure par exception. Dites comme s'il y avait gajure. On écrit Europe, Eucharistie, heureux, Eurydice, saint Eustache; ce serait une faute grave de prononcer urope, ucharistie, etc.

Partout où l'on trouve ces deux voyelles de suite eu, il faut les séparer et les prononcer chacune en une syllabe, s'il y a un accent aigu sur l'e, comme réussir, que l'on prononce ré-ussir, et non pas reucir, etc.

De la voix Æ.

Æ sonne comme un é fermé. (Voyez cette lettre.)

De la voix œ.

Cette voyelle a le son de eu. (Voir ce que nous en avons dit à l'article des voix eu.)

De la voix or ayant le son d'è ouvert.

Il nous reste peu de chose à dire sur cette voyelle composée, qui ne doit plus être en usage sous le rapport du son d'è ouvert. Nous nous contenterons de rappeler ce que nous avons dit sur la voix ai. Les imparfaits et les conditionnels des verbes ne doivent plus s'orthographier je lisois, je croirois, mais je lisais, je croirais.

Faible et ses dérivés, monnaie et harnais ne s'écrivent plus autrement que par ai; il en est de même des infinitifs connaître, paraitre, etc. Il n'y a qu'un mot sur lequel on ne s'accorde pas encore, c'est l'adjectif roide et ses dérivés roidir, roideur. Regnier voudrait qu'on prononçât roade; c'est sans doute roède qu'il voulait écrire. Richelet et Wailly sont d'avis de prononcer rède, rédeur, La voix eu ne s'écrit pas ordinairement par d'au-rédir. L'Académie dit que, dans la conversation, tres caractères que par ceux que nous marquons il faut prononcer rède, rédeur, rédir; dans le disici. Nous disons ordinairement, parce qu'il est quel-cours soutenu, rède, rédeur, rédir, ou roêde, roèques mots où il s'écrit par ou, comme cœur, œuf, bœuf, œuvre, œuvé, manœuvre, vœu, mœurs, etc., quoique l'o soit fort inutile pour la prononciation dans tous ces mots, si ce n'est dans cœur, et dans chœur.

Eu se marque aussi par ce dans ceillet, œil, willade, willère, ailleton; et par ue dans écueil, orgueil, cercueil, etc.

deur, roédir; et Féraud se range à cette opinion: quant à nous, qui n'acceptons que les exceptions motivées, nous voudrions qu'on écrivit ces mots par ai au lieu d'oi, et qu'on prononçât uniquement rède, rédeur, rédir. (Voyez oi diphthongue.)

Des voix ou, où et our.

Tous les adjectifs terminés par la voix eu s'écri- Les deux lettres o u, réunies dans un même vent eux, même au singulier; comme vigoureux, son, font encore une voix simple, qui n'est aucune heureux, etc. Les noms substantifs qui finissent par des précédentes, et qui diffère totalement des sons le même son prennent aussi au pluriel cette con-attachés aux deux lettres qui la composent. sonne x qu'ils n'ont point au singulier, comme Ou ne forme jamais qu'un son, et toujours le vœux, feux, etc. Le verbe vouloir s'écrit au pré-même. Il n'y a ici ni difficulté ni exception. Quand sent singulier, je veux, tu veux, il veut. Nous exa-on veut prononcer mou, doux, douceur, etc., c'est minerons, lorsque nous parlerons de la formation toujours le même son naturel.

du pluriel dans les substantifs, si l'usage de ces x Ce son s'écrit par ou simple dans la conjonction à la suite de eu final a été contredit avec raison ou, et dans quelques noms, comme coucou, hibou, par quelques Grammairiens qui voulaient y sub-chou; mou, qu'on écrivait autrefois mol; sou, que stituer un s.

De la voix 1E.

le se prononce comme un i simple: génie, envie; dites jéni, anvi, etc. Cet e qui lui est ajouté n'est donc qu'orthographique : je prie, je prierais, renie- | ment. Quelques personnes suppriment même l'e au milieu des mots; elles écrivent je prirais, reniment.

quelques-uns écrivent encore sol: on marque aussi ce même son par oul, dans soûl, rassasié, que plusieurs auteurs écrivent saoul; par où, dans l'adverbe de lieu. Fou, insensé, s'écrit toujours par ou, excepté devant les noms qui commencent par une voyelle; alors on écrit fol, comme fol amour; il en est de même de cou; on écrit col allongé.

Où ne prend d'accent grave que lorsqu'il est adverbe de lieu.

Que termine ordinairement les mots; il n'a point L'abbé d'Olivet avait d'abord adopté ce sentide prononciation autre que celle de l'ou simplement; mais ayant réfléchi sur la nature des nasail loue; de la boue.

De la voie UE et uË.

La première de ces voix composées sonne comme π simple, sans faire aucune attention à l'e qui reste muet, avenue, charrue. Quand il se trouve un tréma placé sur uë, il ne sert qu'à avertir de faire sonner l'u dans les syllabes gutturales. Ainsi l'on écrit aiguë, ambiguë, parce que, sans le tréma sur l'e, on pourrait prononcer gue la syllabe finale qui doit sonner gu dans ces mots.

DES SYLLABES NASALES.

Nous appelons syllabe, et non point voyelle nasale, le son de voix qui est formé des voyelles simples a, e, i, o, u, ou des voyelles composées ai, ea, ei, eo, eu, combinées avec les lettres m ou n finales.

les, il changea d'avis; et, quoiqu'il ait toujours reconnu qu'elles expriment un son simple et indivisible, il cessa d'y voir de pures voyelles, parce que, dit-il, elles conservent tellement n, que c'est de la position qu'il dépend que cette consonne soit muette ou sonore. Il y vit un effet semblable à celui de l'aspiration, avec cette seule différence que la lettre h précède les voyelles aspirées, au lieu que la consonne n termine les voyelles nasales.

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Par l'aspiration, dit-il, la voix remonte de la gorge dans la bouche. Par la nasalité, elle re› descend du nez dans la bouche. Ainsi le canal › de la parole ayant deux extrémités, celle du bas › produit l'aspiration, et celle d'en haut produit la › nasalité. D'où ce savant académicien conclut que les voyelles aspirées et nasales étant, les › unes aussi bien que les autres, non des voyelles pures et franches, mais des voyelles modifiées, elles peuvent les unes comme les autres empê› cher l'hiatus ou le bâillement. >

D'ailleurs, quelque système qu'on adopte sur la On nomme ce nom nasal parce qu'il vient ef- nasalité, on aura toujours une prononciation fixe, fectivement du nez; il est naturellement formé par puisque, comme l'observe l'abbé d'Olivet, l'usage un son pur que la voix fait d'abord entendre com- le plus certain et le plus constant a décidé quand me celui de l'a, de l'e, de l'o, etc., lequel, intercepté la consonnen doit être muette, et quand elle doit par l'organe de la parole, va expirer dans les na-être sonore dans les terminaisons nasales. rines, et devient le son harmonique de la voix qui Au reste, il est de principe général, dit Lévizac, l'a précédé. Ce retentissement est exprimé dans qu'on ne doit jamais faire sonner la terminaison l'écriture par les deux consonnes qui désignent les nasale, à moins que le mot où elle se trouve et le deux manières d'intercepter le son de la voix pour mot qui la suit ne soient immédiatement, nécesle rendre nasal; c'est-à-dire que, si le son doit sairement et inséparablement unis. être intercepté par la même application de la langue au palais qu'exige l'articulation de n, n est le signe de la nasale; et si le son est intercepté par l'union des deux lèvres, comme pour l'articulation de m, c'est par m qu'on le désigne.

:

Ainsi, on fera sonner la consonne n dans on, avant son verbe. On arrive et on est arrivé se prononceront: o-narrive, et: o-nest arrivé. Mais on doit conserver à ce pronom le son muet après le verbe arrive-t-on aujourd'hui? arriva-t-on hier? On la fera également sonner dans les pronoms possessifs mon, ton, son, et dans tous les adjectifs placés avant les substantifs, comme ton esprit, bon ange, son ame, certain auteur, qu'on prononcera to-nesprit, bo-nange, so-name, certai-nauteur ; mais on la laissera muette dans tous les substantifs sans exception, et dans les adjectifs suivis d'une préposition,, comme: cette maison est belle, bon à monter, bon à descendre.

Le son nasal, dit Demandre, ressemble, de sa nature, au retentissement du métal; et quand l'organe est bien disposé, ce timbre de la voix ne la 1end que plus harmonieuse. Mais alors on confond ce retentissement pur de la voix avec la voix même: il ne fait qu'un son avec elle; au lieu que s'il est pénible, obscur, et, en un mot, déplaisant à l'oreille, on aperçoit ce vice, qui n'est pas dans la voix, mais dans l'organe auxiliaire; et pour en désigner la cause, on appelle cela chanter du nez, parler du Segrais écrivit un jour au célèbre Huet, au nom nez. Mais autant le son de la nasale est déplaisant de l'académie de Caen, pour inviter l'Académie lorsqu'il est altéré par quelque vice de l'organe, française à décider s'il fallait faire ou ne pas faire autant il est agréable lorsqu'il est pur; il contri-tinter la consonne » dans bon à monter, bon à desbue sensiblement à rendre une langue sonore; et la nôtre lui doit en partie l'avantage d'être moins monotone, plus mâle et plus majestueuse que celle des Italiens.

Selon Dangeau, les combinaisons nasales sont de pures voyelles.

cendre. « Sur quoi, rapporte l'abbé d'Olivet, l'Académie française répondit que puisqu'on pouvait introduire un adverbe entre bon et la préposition à, comme si, par exemple, on voulait dire bon rarement à monter, bon quelquefois à descen› dre, de là il s'ensuivait que bon doit être pro

› moncé sans liaison avec la préposition à. Méze- | par analogie, gardent n, quoique ce soit un m qui › rai, en qualité de Normand, fut seul d'un avis suive.

⚫ contraire; mais, comme secrétaire de la compagnie, il fut contraint de rédiger la décision, à laquelle il ajouta en riant: Et sera ainsi prononcé, › nonobstant clameur de haro. ›

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La consonnen sonne encore dans en préposition, comme en Italic; et dans en pronom, lorsqu'il est placé avant le verbe, comme: je n'en ai point; mais on dit avec le son muet : donnez-m'en un peu. On fait également sonner cette consonne dans les adverbes bien et rien, parce que leur place est immédiatement avant le verbe ou l'adjectif; il est bien élevé, il n'a rien oublié. Mais ces mots conservent toujours le son nasal quand ils sont substantifs.

Voilà ce que l'usage a fixé, et d'une manière invariable.

Nous avons donné le tableau complet des syllabes nasales; examinons maintenant chacune d'elles en particulier.

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Pour les trois premières, il n'y a aucune exception, leur prononciation est toujours an. Mais comment savoir si ce son doit s'écrire par an ou par en? Le savant Demandre nous paraît être celui de tous les auteurs qui a le plus approfondi cette matière.

soit

Si la nasale est suivie d'une autre consonne, on emploie le n plutôt que le m, comme ennuyer, ronces, entendre, etc. Dans les syllabes finales, on ne se sert ordinairement que de la consonne n, que cette finale ne prenne aucune autre lettre après elle, soit qu'elle ait quelque consonne, comme chant, écran, banc, sang, commun, quelqu'un, rond, son, etc. Il n'y a d'exception que pour leş syllabes finales qui sont terminées par un un p, comme camp, plomb, temps, etc. Cette reb ou par marque est encore générale pour toutes les diverses nasales.

Em et en se prononcent par exception ème et ène, 1° dans les mots pris des langues étrangères, Jérusalem, triennal, hymèn; 2° dans les verbes venir, tenir, et leurs composés, que je viènne, que j'entretienne; 3° dans les mots terminés en ène et enne, arène, que je prenne, et au commencement du mot dans ènnemi.

En et ien, se prononcent ein et iein à la fin des mots et dans les dér. ; bienfait, chrétienté.

Mais ien a le son de ian dans les mots en ient et et ience, et dans leurs dérivés; patient, patience, patienter.

Em sonne a dans femme. Mais lemme, dilemme et sel gemme, ont le son de l'è ouvert, à cause de leur origine étrangère.

Ent ne sonne point dans les troisièmes personnes des verbes; ils aiment, ils pensent. Mais si cette terminaison est suivie d'une voyelle, le t doit sonner. Its aiment à rire se prononce : ils aime-tà rire.

pour

Le son nasal an, dit-il, s'écrit par an dans ancêtres; par am dans chambre; par en dans entier; par em dans emploi; par aen dans Caen; par aon Voilà tout ce que l'on dire peut dans paon, oiseau, et dans Laon, ville de France. choix entre les consonnes m et n dans les syllabes décider le Comme avant les trois consonnes b, p, m, ajoute- nasales; il reste encore de grandes difficultés que t-il quelques lignes plus bas, on ne met jamais la nous allons tâcher d'aplanir. Quand faut-il emlettre n, mais toujours m, il s'ensuit que la nasale ployer un a ou un e, soit devant m, soit devant an s'écrit par am ou em toutes les fois qu'elle se re? Pour le sentir, nous dit-on, il faut savoir le latrouve avant ces trois consonnes, exemple: ambas- tin; on écrira sang, le sens, un cent; comme: le sade, embarras, ample, empire, emmailloter, em-sang des ennemis, le sens commun, cent œufs frais; mener, etc. quand on saura qu'ils se disent en latin, le premier

On sent, d'après la règle sur laquelle cette sanguis, le second sensus, et le troisième centum. observation est fondée, qu'elle est également ap- Mais il paraitra toujours fort singulier aux perplicable aux autres nasales; ainsi l'on écrit om-sonnes qui réfléchissent, qu'on envoie étudier la brage, humble, rompre, impie, imbu, imprudent,etc., langue française dans la latine, et surtout notre el non pas onbrage, etc. Il y a quelques mots qui, orthographe dans celle d'une langue qui ne resautrefois, après la voyelle nasale, prenaient une semble presqu'en rien à la nôtre. des consonnes b, p, et qui aujourd'hui ne la pren- D'ailleurs il s'en faut bien que nous suivions les nent plus à cause de l'étymologie; ceux-là conser-mots latins avec autant de scrupule qu'on le pense; vent encore m pour former leur nasale; tels sont il en est une foule qui sont contraires aux princidomter, indomtable, etc.; mais la suppression du p dans prompt, exempt, exempter, ne saurait être admise. Il y a encore exception pour les prétérits des verbes tenir, venir, contenir, convenir, etc., nous tinmes, nous vinmes, et leurs composés nous continmes, nous convinmes, etc., qui,

pes qu'on établit; on dit, par exemple, que l'in des Latins se change chez nous en en, comme intendere, entendre; inter, entre; intrare, entrer, etc.; cependant sine s'écrit chez nous sans; latinus s'écrit latin.

On nous donne aussi pour règle que les sylla

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