Les Missionnaires, ou les grandes Missions de la Chine, de la Barbarie et du Nouveau-Monde.
Où vont ces prêtres magnanimes, Combattant pour la vérité!
Apôtres saints, héros sublimes En leur humble simplicité,
Au foin leurs clartés secourables Cherchent des peuples innombrables, Qu'opprime une funeste nuit. Gloire humaine, idole pompeuse, Ce n'est point ta beauté trompeuse Qui les enflamme et les conduit.
De l'anarchique intolérance, Hélas! méconnus, outragés, Que leurs travaux chers à la France Se raniment encouragés. A mon pays toujours fidèle,
Chante, ô ma lyre, un noble zèle, Un dévoûment si glorieux, Alors qu'un exil volontaire Va servir les rois de la terre, En servant la cause des cieux.
Législateur de son empire, Retrouvant des débris épars, Louis les rassemble, et conspire Aux progrès des saints étendards. Leur puissance religieuse Est l'étoile mystérieuse Qui brille à ses yeux satisfaits, Et, vers la rive orientale, Rouvre une route triomphale Au commerce, enfant de la paix.
Là que de périls les assiégent! Mais leurs doctes arts les protégent Contre les rigueurs de la loi : Voisins du trône et des supplices,
Les arts sont les heureux complices Des secrets travaux de la foi.
Dieu! que d'innocentes victimes! Que d'orphelins abandonnés, Par d'inexorables maximes Dès leur aurore condamnés! Accourez à leurs voix plaintives, Pieux apôtres de ces rives : Sauvez-les d'un horrible sort, Et, par un divin ministère, Changez en onde salutaire Ces flots ministres de la mort.
Les enfans qu'un Dieu vous confie Vont sourire à vos tendres soins : Ils vous devront plus que la vie; De vos vertus naissans témoins, Ils croîtront à l'ombre des temples: Ils atteindront, par vos exemples, Au rang des disciples parfaits. Du Christ propageant la mémoire, Qu'ils renouvellent votre gloire; Qu'ils éternisent vos bienfaits!
Et vous, aux plages africaines
Allez de nos frères mourans Ou briser, ou porter les chaînes, Et fléchir d'avares tyrans. Quels trésors votre foi dispense! Quelle assez digne récompense
Aux longs tourmens qu'elle a soufferts!
Ah! d'un esclavage honorable (1)
Trop long-temps ce rivage expie D'antiques et sombres erreurs. D'un Mahomet le glaive impie Y promène encor ses fureurs. Vains succès, fureurs inutiles!- Les Augustins et les Cyrilles Y secondant d'autres exploits, Ces grandes ombres consolées Verront leurs cités repeuplées Par les disciples de la croix.
Un seul monde ne peut suffire A des apôtres triomphans ; Un autre univers les attire Au sein de ses peuples enfans. Dans leurs croisades pacifiques, Les conquérans évangéliques Iront braver d'affreux hasards, Du Paraguay fonder l'empire, Et joindre aux palmes du martyre Les naissantes moissons des arts.
Ces dieux qu'avait forgés la crainte, Ces dieux, monstres de cruauté, Qu'ils tombent!..... La charité sainte Rend à l'homme un dieu de bonté. Du carnage les chants sinistres Seront par d'éloquens ministres Convertis en pieux concerts: Déjà leurs voix toutes puissantes Ont, en brebis obéissantes, Changé les tigres des déserts.
O prodige! ô vertu céleste! Là, sous les feux de l'équateur, Un sol fangeux, un air funeste, Rien n'intimide leur ardeur. Du devoir victimes obscures, A peine, hélas! leurs mains si
Ont dressé les premiers autels;
L'aveugle mort est sur leur tête ;
La mort!..... quel vain effroi m'arrête! Dieu les voit : ils sont immortels..
La même foi, sur cette rive, Embrase un nouveau défenseur; Et, bientôt, vers sa tombe arrive Son intrépide successeur. Tel on nous peint l'oiseau célèbre Consumé sur un lit funèbre Par le flambeau de l'univers, De sa cendre fumante encore Sortant aux clartés de l'aurore Qui lui rend le trône des airs.
Au héros parle un grand exemple : Las-Casas va renaître en fui: En lui tout un peuple contemple Et son apôtre et son appui. De l'instruire, et de le défendre, Ce prêtre, ami fidèle et tendre, Accomplira le saint devoir, Et d'une juste ignominie Saura flétrir la tyrannie, Et tous les crimes du pouvoir.
Mais quelles tempêtes soudaines Par-tout, sur ces tranquilles bords, Déchaînant d'implacables haines Des lois ont brisé les ressorts! En son deuil, le pieux Orphée Peut-il, d'une voix étouffée, Vaincre d'homicides clameurs! Oui, quand sa voix serait éteinte, Il peut leur opposer sans crainte Son Dieu, ses miracles, ses mœurs,
Tandis qu'une Euménide impure, La guerre, en ces brûlans climats, Trouble et consterne la nature, Dans de sacriléges combats Contre sa rage meurtrière Voyez l'humble et chaste prière Du ciel implorant les faveurs; Seule, et voilée au champ d'alarmes, Elle suspend le bruit des armes Par la puissance de ses pleurs.
A sa voix plaintive et lointaine La noble Europe'a répondu; La charité commande en reine : Le sombre orgueil est confondu. Un pouvoir aussi grand que juste Voudra, dans un conseil auguste, Des nations peser les droits. La discorde enfin terrassée, Le trident cède au caducée Qui devient le sceptre des rois. Sur une terre malheureuse, Que ton regard sut conquérir, Colomb, ton ombre généreuse N'a'plus de
regrets à nourrir. Enfin des Cortès, des Pizares,
Les exploits sanglans et barbares Seront saintement réparés; Et des vertus tige féconde,
La paix, sur l'un et l'autre monde,
Étendra ses rameaux sacrés,
ancien Professeur de l'académie royale de Juilly.
Il existe à Dieppe un faubourg appelé le Polet, et qui est en grande partie peuplé de matelots. Sa Majesté vient
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