O blanche Poésie, où donc es-tu cachée?
Rien ne tressaille plus à tes divins rayons;
Loin de toi, l'Art, ton frère, a brisé ses crayons :
Dans les œuvres d'hier en vain je t'ai cherchée.
La gerbe de Musset est donc toute fauchée?
Tarie est donc la source où buvaient les lions?
Et la grappe aux grains mûrs, sang vif des passions?
C'est que la nuit s'est faite et que tu t'es couchée.
Drapée en ton dédain, dans les bois ténébreux,
Au château de l'Oubli tu dors. La pále Étude
Veille sur ton sommeil avec ses grands yeux creux.
Mais nous irons en chœur peupler ta solitude:
Plus amoureux encor que le Prince Charmant,
Nous te réveillerons, ó Belle au Bois Dormant!