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D. Faites-moi entendre, par des exemples, que ces pronoms relatifs ont toujours rapport à un autre nom ou pronom qui est auparavant ?

R. Quand je dis, Dieu qui aime les hommes ; qui, a rapport à Dieu, et c'est comme si je disois, Dieu, LEQUEL DIEU aime les hommes. De même quand je dis, l'argent que j'ai dépensé; que se rapporte à l'argent; et c'est comme si je disois, l'argent, LEQUEL ARGENT j'ai dépensé. Ainsi des autres pronoms relatifs.

D. Qu'avez-vous entendu, en disant que les pronoms relatifs expliquent les idées précédentes, ou en restreignent et déterminent l'étendue ?

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R. J'ai entendu que les pronoms relatifs ont deux usages principaux dans le discours, selon lesquels ils sont ou explicatifs ou déterminatifs ?

I. Ils sont explicatifs, quand les mots, qui les suivent et qui en dépendent, ne font que développer ce qui étoit enfermé dans l'idée des noms ou pronoms auxquels les pronoms relatifs se rapportent, sans y rien changer, et que ce qui est ajouté par le moyen des pronoms relatifs aux idées précédentes, leur convient généralement, et dans toute leur étendue. Ainsi, quand je dis, Dieu qui aime les hommes, ce que j'exprime par qui aime les hommes, ne fait qu'expliquer ce qui est compris dans l'idée de Dieu, qu'on ne peut concevoir, sans l'attribut de bonté pour les hommes. De même, quand je dis, les hommes qui sont créés pour connoître et pour aimer Dieu, ce que j'ajoute à l'idée d'hommes par les mots dépendants de qui, convient à cette idée généralement, et dans toute son étendue, puisqu'il n'y a pas un homme qui n'ait été créé pour connoître et pour aimer Dieu. Par conséquent qui est explicatif dans ces deux exemples.

II. Les pronoms relatifs sont déterminatifs quand on s'en sert pour restreindre et déterminer

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la signification des noms ou pronoms auxquels ils se rapportent, c'est-à-dire, quand ce qu'on ajoute à une idée, par le moyen des pronoms relatifs, ne convient pas à cette idée dans toute son étendue. Ainsi, quand je dis, la doctrine qui met le souverain bien dans la volupté du corps est in-. digne d'un philosophe, je ne parle pas de la doctrine en général; mais par le pronom qui, je la restreins et la détermine à ne signifier que celle qui met le souverain bien dans la volupté du corps. De même, quand je dis, les hommes qui craignent Dieu, le pronom qui fait assez connoître que je ne parle pas de tous les hommes, mais seulement du petit nombre de ceux qui craignent Dieu. Par conséquent qui est déterminatif dans ces deux exemples.

Ce qu'on vient de dire à l'égard de qui, peut également s'appliquer aux autres pronoms relatifs. D. Avant que d'entrer dans les réflexions que vous avez à faire sur ces pronoms, dites-moi avec quels articles ils se déclinent?

R. Ils se déclinent avec l'article indéfini, à l'exception de lequel et laquelle, qui prennent l'article défini; mais cet article s'y joint de maniere qu'il fait partie du mot, comme on va le voir dans la déclinaison.

D. Déclinez ces pronoms avec les articles quí leur conviennent?

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D. Comment appelle-t-on le nom ou pronom auquel se rapporte le pronom relatif?

R. On l'appelle l'antécédent du pronom relatif. Ainsi, dans Dieu qui aime les hommes; Dieu est l'antécédent de qui; et dans l'argent que j'ai dépensé; l'argent est l'antécédent de que.

D. Quelles sortes de noms peuvent étre les antécédents des pronoms relatifs?

R. Les seuls noms substantifs, parce qu'il n'y a que ces noms qui expriment les idées des personnes et des choses.

D. Pourquoi avez-vous donc encore mis les pronoms au nombre des antécédents?

R. Parce qu'alors ils tiennent la place de quelques noms substantifs, ou déjà exprimés, ou sousentendus, comme dans cette phrase: Il est étonnant que Henri IV ait été la victime d'un scélérat, LUI qui n'étoit occupé que du bonheur de ses peuples. Lui, antécédent de qui, tient la place de Henri IV, exprimé auparavant et dans ces autres phrases: CELUI qui veut vivre heureux doit dompter ses passions. On est assuré de son salut, en pratiquant CE que l'Evangile nous preserit; les noms substantifs sont sous-entendus, Celui, antécédent de qui, est mis pour l'homme : l'homme qui veut vivre heureux, etc. et ce, antécédent de que, est mis pour les choses: les choses que l'Evangile nous prescrit.

D. Comment peut-on trouver l'antécédent d'un pronom relatif?

R. En le tournant par lequel, laquelle, duquel, de laquelle, etc. selon le cas où il est, et en y joignant un nom exprimé auparavant avec lequel il puisse faire un sens raisonnable. Ainsi, dans cette phrase, Songeons à appaiser la colere de Dieu, dont nous devons craindre les effets; on trouve que c'est la colere, et non pas Dieu, qui

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est l'antécédent de dont, parce qu'on peut dire, songeons à appaiser la colere de Dieu, DE LAQUELLE COLERE nous devons craindre les effets et qu'on ne pourroit pas dire, duquel Dieu nous devons craindre les effets.

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D. Les pronoms relatifs ont-ils toujours un antécédent exprimé ?

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R. Non il arrive quelquefois que l'antécédent des pronoms relatifs est sous-entendu, et alors cet antécédent sous-entendu est ordinairement un pronom démonstratif, comme on peut le voir dans ces phrases: QUI ne sait pas garder un secret, est incapable de gouverner, c'est-à-dire, CELUI QUI ne sait pas, etc. On ne peut rien exiger DE QUI n'a rien, c'est-à-dire, DE CELUI QUI n'a rien. Dieu fait miséricorde à QUI il veut, c'està-dire, A CELUI OU A CEUX A QUI il veut. Les Apótres annonçoient l'Evangile A QUI vouloit les écouter, c'est-à-dire, À CEUX QUI vouloient les écouter. Des deux discours que vous m'avez fait voir, je ne sais AUQUEL je dois donner la préférence, c'est-à-dire, je ne sais quel est CELUI AUQUEL je dois donner la préférence. On dit que Cromwel avoit cinquante chambres, et ses meilleurs amis ne savoient jamais dans LAQUELLE il couchoit, c'est-à-dire, ne savoient jamais quelle étoit CELLE dans LAQUELLE il couchoit. Voilà DE Quoi il s'agit, c'est-à-dire, voilà CE ou LA CHOSE DE QUOI il s'agit. C'est A QUOI je pensois, c'està-dire, c'est CE OU LA CHOSE A Quoi je pensois.

D. N'y a-t-il pas des occasions où quelques-uns de ces pronoms relatifs n'ont point d'antécédent exprimé ni sous-entendu?

R. Oui et alors ils ne sont plus appelés qu'improprement relatifs, n'ayant rapport à aucun antécédent. Ils seroient mieux nommés pronoms absolus. Ce sont plus ordinairement qui et quoi; et on connoît qu'ils sont absolus, c'est-à-dire,

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sans rapport à un antécédent, quand on peut tourner le premier par quelle personne, et l'autre par quelle chose, comme dans ces exemples, je vous ferai connoître QUI je suis, c'est-à-dire QUELLE PERSONNE je suis. Amenez avec vous QUI vous voudrez, c'est-à-dire, QUELLE PERSONNE vous voudrez. On ne sait encore A QUOI attribuer sûrement la chute des corps pesants, c'està-dire, A QUELLE CHOSE attribuer, etc. Marius avoit sur le visage je ne sais quoi de féroce, c'est-àdire, je ne sais QUELLE CHOSE de féroce.

Nous parlerons plus amplement de cette espece particulière de pronoms dans l'article suivant.

D. Croyez-vous qu'avec les principes que vous venez d'établir, on puisse expliquer toutes les différentes manieres dont qui et quoi sont employés sans antécédent ?

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R. Non il y a en cette occasion, comme en bien d'autres, plusieurs expressions prises du génie de la langue, et introduites par Fusage, dont on sent toute la force, quoiqu'on ne puisse pas les assujétir aux regles de la Grammaire. C'est ainsi qu'il faut penser de ces façons de parler, A QUI mieux mieux. C'étoit à QUI combattroit plus courageusement. La pluralité des Dieux est une chose qu'on ne peut s'imaginer QUI ait été adoptée par des hommes de bon sens. Les plus illustres Romains ne laissoient souvent pas en mourant DE QUOI faire les frais de leurs funérailles. C'est un homme qui a DE QUOI, pour dire, qu'il est riche, etc.

D. Les pronoms relatifs ne sont-ils pas de quelque usage par rapport aux pronoms démonstratifs?

R. Oui nous avons dit à l'article précédent que ce (mis pour le mot général chose), celui, selle, ceux, et celles, n'étant jamais joints à des

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