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R. Il n'est pas nécessaire qu'un nom substantif soit acompagné d'un nom adjectif; mais un nom adjectif suppose toujours un nom substantif auquel il se rapporte.

D. Comment s'accorde en françois l'adjectif avec le substantif?

R. En genre et en nombre; c'est-à-dire, qu'un nom adjectif doit toujours être du même genre et du même nombre que le nom substantif auquel il se rapporte; comme quand on dit, l'homme prudent, la femme prudente, les hommes prudents, les femmes prudentes.

Cette règle doit également s'appliquer aux autres parties du discours qui ont différentes terminaisons pour le masculin et le féminin, le singulier et le pluriel, tels que les pronoms et les participes, dont on parlera dans la suite.

Ainsi ce seroit une faute essentielle que de mettre un adjectif féminin avec un substantif masculin, ou un adjectif masculin avec un substantif féminin: ce qui arrive le plus souvent faute de savoir le genre du substantif ; et il est assez ordinaire d'entendre dire, Voila UNE ouvrage PARFAITE; votre éventail est fort BELLE; ces légumes sont EXCELLENTES; ces poires sont d'UNE BONNE acabit; ily a dans le jardin du Roi, des simples bien PRÉCIEUSES, etc. au lieu qu'il faut dire, voilà UN ouvrage PARFAIT ; votre éventail est fort BEAU ; ces légumes sont EXCELLENTS; ces poires sont d'un BON acabit ; il y a dans le jardin du Roi des simples bien PRÉCIEUX; parce que tous ces substantifs sont masculins, et que leurs adjectifs doivent être au même genre.

La faute seroit égale de donner un adjectif singulier à un substantif pluriel, ou un adjectif pluriel à un substantif singulier. On a voulu trouver cette faute dans la phrase suivante: Comme la connoissance de l'antiquité grecque et latine, et des Au

teurs de ces deux langues, est ce qui dispose le mieux à réussir dans ce genre de travaux ; les Académiciens se proposeront tout ce que renferme cette espece d'érudition, comme un des objets LE PLUS DIGNE de leur application. On a prétendu que digne étoit l'adjectif d'objets, et que, par conséquent il falloit le mettre au pluriel, et dire, les plus dignes. Mais cette façon de parler n'a rien de vicieux. L'adjectif doit être ici au singulier, et nous nous réservons à en expliquer la raison, lorsque nous parlerons de la même construction, à l'égard des pronoms relatifs et des verbes.

L'adjectif se met au pluriel, quoiqu'il se rapporte à un substantif singulier, quand ce substartif est un nom collectif suivi d'un autre substantif pluriel au génitif. Ainsi il faut dire, la plupart des hommes sont AVEUGLES sur eux-mêmes, et non est AVEUGLE: il n'y a qu'un petit nombre de Chrétiens FIDELES à leurs devoirs, et non FIDELE. Il en est de même à l'égard de tous tous les autres noms collectifs.

D. Trouve-t-on toujours dans la même phrase le nom substantif auquel serapporte un adjectif?

R. Non: quelquefois ce substantif est sous-entendu, parce qu'il a été exprimé dans quelque phrase précédente. Ainsi, pour le trouver, il faut exa miner à quoi peut convenir ce qui est exprimé par le nom adjectif.

Mais il arrive souvent que les adjectifs n'ont rapport à aucun substantif exprimé dans le discours. Alors ils sont toujours au masculin, et ils n'ont qu'un substantif vague et général, que l'on peut rendre par un des deux noms, chose ou homme: comme quand on dit, il est UTILE d'étudier : les SAVANTS admirent votre ouvrage; c'est-à-dire, c'est une CHOSE UTILE d'étudier; les HOMMES SA¬ VANTS admirent votre ouvrage.

~D. Quand un nom adjectif se rapporte à plusieurs

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sieurs substantifs singuliers et de divers genres, en quel nombre et en quel genre le mel-on ?

R. 1. On le met au pluriel, parce que deux, ou plusieurs singuliers valent un pluriel. Ainsi il faut dire, mon frère et ma sœur sont ESTIMABLES, et non pas ESTIMABLE.

Il est cependant permis de mettre l'adjectif au singulier, quand les deux substantifs ont une même signification, ou une signification approchante.. Ainsi on peut dire, il répond avec une fermeté et une force ADMIRABLE: On ne trouve dans les courtisans qu'une politesse et une cordialité AFFECTÉE.

2. Le masculin étant plus noble que le féminin, on met ordinairement au masculin, ou on emploie avec la terminaison masculine, l'adjectif qui se rapporte à plusieurs substantifs de divers genres. Ainsi on dit, mon frère et ma sœur sont CONTENTS, non pas contentes.

et

Il y a une occasion où l'adjectif se met au féminin, quoique des deux substantifs il y en ait un du masculin, c'est quand l'adjectif touche immédiatement le substantif féminin. Comme quand on dit, Il avoit les pieds et la téte NUE. Cet acteur joue avec un goût et une noblesse CHARMANTE. Sylla s'étoit acquis, dans Rome, un pouvoir et une autorité ABSOLUE. Il seroit contre le bon usage de dire, les pieds et la téte nus > un goût et une noblesse charmants, un pouvoir et une autorité absolus.

On peut remarquer que, dans ces exemples, l'adjectif prend non seulement le genre, mais encore le nombre du substantif féminin, et qu'il est au singulier, quoiqu'il se rapporte à deux substantifs.

CHAPITRE I V.

DE

L'ARTICLE.

D. QU'EST-CE qu'un atricle?

R. C'est un mot qui, étant mis avant les noms, sert à déterminer l'étendue selon laquelle ils doivent être pris.

(Nous remettons à expliquer cette définition et la nature des articles au Chap. XIII, nous contentant de les faire connoître ici par ce qui est de pratique, et ce qui peut être à la portée de tout le monde).

D. Combien y a-t-il de sortes d'articles?

R. Quatre l'article défini, l'article indéfini, l'article partitif, que l'on peut encore appeler article indéterminé, et l'article un, une.

D. Quel est l'usage le plus commun des articles? R. C'est de faire connoître, les uns le genre, lest autres le nombre, et les autres le cas du nom avant lequel ils sont mis.

ARTICLE PREMIER.

D.

COMBIEN

De l'Article défini.

y a-t-il d'articles définis?
Y

R. Deux ; savoir, le et la, qui font l'un et l'autre les au pluriel.

D. Comment font-ils connoître le genre du nom auquel ils sont joints?

R. En ce que le se met avant les noms mas

culins, comme le ciel; et la se met avant les noms féminins, comme la terre.

D. Comment font-ils connoître le nombre des noms?

R. En ce que le et la précedent toujours les noms masculins ou féminins qui sont au singulier comme le Royaume, la Ville; et que les n'est mis qu'avant les noms des deux genres au pluriel : comme les royaumes, les villes.

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D. Qu'arrive-t-il quand les articles le et la se trouvent avant des noms qui commencent par une voyelle ou par une h non aspirée ?··

R. On en supprime les lettres e et a, et on y substitue une apostrophe (') Ainsi, au lieu de dire, le oiseau, la espérance, le homme, la humeur, on dit l'oiseau, l'espérance, l'homme

l'humeur.

D. Comment les articles définis font-ils connoitre les cas?

R. Par les différentes manières dont ils sont employés avant un même nom : c'est ce qu'il faut expliquer.

Quand un nom est précédé de le, la, ou les, il est toujours au nominatif ou à l'accusatif. Ainsi le prince, la table, les princes, les tables, sont des noms au nominatif ou à l'accusatif.

Du, de la, des, marquent ordinairement que le nom auquel ils sont joints, est au génitif ou à l'abblatif; du pour le singulier masculin; de la pour le singulier féminin; et des pour le pluriel des deux genres. Ainsi du prince, de la table des princes, des tables, sont des noms au génitif ou à l'ablatif.

Au à la, aux, joints à un nom, font connoître qu'il est au datif; au pour le singulier masculin, à la pour le singulier féminin, et aux pour le pluriel des deux genres. Ainsi au prince, à

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