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D. QU

ARTICLE VI.

Des Cas des Noms.

UE signifie le mot Cas dans son étymologie? R. Il signifie chute, c'est-à-dire, variété de terminaisons.

D. Quelle est l'origine de cette signification? R. C'est que les Grecs et les Latins exprimoient par différentes terminaisons, au singulier comme au pluriel, les divers rapports d'un même nom avec les autres mots. Par exemple, Dominus, Domini, Domino, signifient en latin ce que nous exprimons en françois par le Seigneur, du Seigneur, au Seigneur.

D. Y a-t-il, à proprement parler, dans notre langue, des cas pris dans cette signification?

R. Non, parce que les différentes terminaisons qu'il peut y avoir dans les noms françois ne sont que pour distinguer le pluriel d'avec le singulier, ou le masculin d'avec le féminin, et qu'il n'y en a point pour marquer les différents rapports d'un nom avec les autres mots. Mais comme nous exprimons ces mêmes rapports, nous appelons Cas en françois, ce qui répond au cas des Grecs et des Latins.

D. Comment exprime-t-on les cas en françois ? R. En joignant aux noms de petits mots que l'on appelle articles, et dont nous parlerons au Chapitre suivant.

ARTICLE VII.,

Des degrés de Comparaison.

D. QU'ENTEND-ON communément par degrés

de comparaison?

R. On entend différentes manières d'exprimer

Les qualités des choses avec plus ou moins d'é

tendue.

D. Quels noms sont susceptibles des degrés de comparaison?

les

R. Les noms adjectifs, parce qu'il n'y a que noms adjectifs qui expriment les qualités avec rapport aux choses.

D. Pourquoi ces degrés sont-ils appelés de comparaison ?

R. Parce qu'on ne peut savoir que les qualités d'une chose ont plus ou moins d'étendue, qu'en la comparant à une autre,

D. Combien y a-t-il de degrés de comparaison? R. Il y en a trois, qui sont le Positif, le Comparatif, et le Superlatif.

DU POSITIF.

D. Qu'est-ce que le positif?

R. C'est une maniere d'exprimer une qualité dans son idée simple, et sans aucune comparaison.

D. De quoi se sert-on pour exprimer le positif? R. On se sert simplement de l'adjectif, sans y rien ajouter. Ainsi, beau, grand, habile, sont des adjectifs positifs.

D. Le positif est-il proprement un degré de comparaison?

R. Non, puisqu'il n'exprime simplement que la qualité; mais on l'appelle le premier degré de comparaison, parce qu'il est comme le fondement et l'origine des autres.

DU COMPARATIE,

D. Qu'est-ce que le comparatif?

R. C'est une maniere d'exprimer une chose comparée à une autre, par une même, ou par différentes qualités.

D. Combien y a-t-il de sortes de comparatifs? R. Il y en a de trois sortes; savoir :

1. Le comparatif d'égalité, qui se forme en mettant les mots autant, aussi, ou si, avant les adjectifs; comme autant habile, aussi sage, si parfait, etc.

2. Le comparatif d'excès, qui se forme en mettant le mot plus avant les adjectifs, comme plus habile, plus sage, plus parfait, etc.

3. Le comparatif de défaut, qui se forme en mettant le mot moins avant les adjectifs, comme moins habile, moins sage, moins parfait, etc.

D. Expliquez-moi pár des exemples la définition que vous avez donnée au comparatif?

R. Quand on dit, l'Asie est plus grande que l'Europe, on compare l'Asie et l'Europe par une seule qualité, qui est relle de la grandeur; et quand on dit, les richesses sont souvent plus funestes que la pauvreté n'est incommode, on compare les richesses et la pauvreté par les différentes qualités de funestes et d'incommode.

D. N'y a-t-il pas quelques comparatifs qui s'expriment en françois par un seul mot?

:

R. Oui et ce sont les adjectifs, meilleur, pire, et moindre, qui signifient la même chose que plus bon, qui ne se dit pas, plus mauvais, plus petit.

Quoiqu'on ne dise pas plus bon, on dit cependant aussi bon et moins bon.

D. Que s'ensuit-il de l'idée que vous venez de donner du comparatif?

R. Il s'ensuit que, dans toute comparaison, il y a toujours deux termes, qui sont la chose que l'on compare, et la chose avec laquelle elle est comparée.

D. Comment joint-on, dans le discours, les deux termes d'une comparaison?

R. Par le moyen de la conjonction que, comme quand on dit: Vous n'êtes pas autant, ou aussi, ou si habile QUE votre frere. L'histoire est plus utile

QUE

QUE la musique. Alexandre étoit moins prudent QUE César.

DU SUPERLATÍ 1.

D. Qu'est-ce que le superlatif?

R. C'est une manière d'exprimer le suprême de gré d'une qualité.

D. Combien a-t-il de sortes de superlatifs?

R. Il y en a deux sortes ; le superlatif absolu, et le superlatif relatif.

D.

'est-ce que le superlatif absolu?

Qu'es

R. C'est celui qui exprime le suprême degré de la qualité d'une manière absolue, et sans rapport à autre chose.

D. Comment exprime-t-on ce superlatif absolu? R. En mettant très ou fort avant les noms adjec tifs, comme dans ces exemples, Cicéron étoit très éloquent: Votre procédé est fort honnéte; où l'ou' voit que les adjectifs sont mis au suprême degré, ans rapport à aucune autre chose.

D. Qu'est-ce que le superlatif relatif?

R. C'est celui qui exprime le suprême degré de La qualité, avec un rapport de comparaison à quelque autre chose.

D. Comment exprime-t-on ce superlatif relatif? R. En mettant le, du, au, la, de la, à la, les des, aux, avant les comparatifs d'excès et de défaut, comme dans ces exemples: Alexandre étoit le plus brave des hommes. Ma sœur est la plus heu reuse des femmes. Votre sentiment est le moins soDtenable. La meilleure de toutes les sciences est celle du salut. Le moindre mensonge est un péché; où L'on peut remarquer que l'adjectif, mis au suprême degré, a un rapport de comparaison à un second terme, qui est des hommes, dans la premiere phrase, des femmes, dans la seconde, et de toutes les sciences, dans la quatrième,

E

:

D. Ce second terme est-il toujours exprimé? R. Non: il est quelquefois sous-entendu : comme si je dis il y a trente écoliers en rhétorique, mon frère est le plus habile, c'est-à-dire, le plus habile de trente écoliers. Le moindre mensonge, c'est-à dire, le moindre des mensonges.

D. En quel cas met-on le nom qui exprime le second terme du superlatif relatif?

R. On le met toujours au génitif, comme on l'a vu dans les exemples précédents.

D. Les comparatifs d'excès et de défaut ne depiennent-ils superlatifs qu'à la suite des mots, le, du, au, etc.?

R. Ils le sont encore quand ils sont précédés de mon, ma, mes, ton, ta, tes, son, şa, ses, notre nos votre, vos et leur. Ainsi, mon plus grand chagrin, sa meilleure connoissance, votre moindre embarras, etc. expriment le même degré que, le plus grand de mes chagrins, la meilleure de ses connoissances, le moindre de vos embarras.

D. Pourquoi avez-vous dit que les degrés de comparaison conviennent aux noms adjectifs?

R. Parce qu'il n'y a que les qualités ou les manières d'être exprimées par les noms adjectifs, qui soient susceptibles du plus et du moins, et par lesquelles les choses ou les substances puissent être comparées les unes aux autres. Ainsi on ne dira pas qu'une table est plus ou moins table qu'une autre, mais on dira bien qu'une table est plus ou moins grande, plus ou moins haute, plus ou moins belle qu'une autre.

ARTICLE VII I.

Observations sur les Noms substantifs et adjectifs.

D. QUEL rapport y a-t-il entre le Ñom substantif

et le Nom adjectif?

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