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etc. comme j'étudirai, il essaira, nous emploirons, vous appuirez, je turai, je lourai; j'essuierois, je paierois, etc. comme j'essuirois, je pairois.

L'usage général veut que l'on prononce le futur et le conditionnel présent d'envoyer, comme, j'enverrai, j'enverrois; et nous l'avons écrit de même, quoiqu'on lise encore dans plusieurs bons Auteurs, j'envoierai, j'envoierois.

Les deux ss qui terminent l'imparfait du subjonctif dans tous les verbes, doivent toujours se prononcer fortement: il ne croyoit pas que je le voulusse. Cependant on les supprime très-communément dans la prononciation, et rien n'est plus ordinaire que d'entendre dire, tous les jours, à quantité d'honnêtes gens, et sur-tout aux Dames: Il falloit que j'écrivis; il vouloit que j'allas avec lui; il attendoit que j'eus diné, etc. au lieu de, il falloit que j'écrivisse; il vouloit que j'allasse avec lui; il attendoit que j'eusse diné. Cette prononciation est absolument irréguliere, et contraire aux principes que nous avons établis, pages 184 et 204.

Quand le pronom conjonctif le est mis après l'impératif, il doit toujours se prononcer avec le son foible de l'e muet, comme on le prononceroit, s'il étoit la derniere syllabe de tout autre mot. Ainsi, dans dites-le, demandez-le, aimons-le, etc. le se prononce comme à la fin du mot modele, et non pas avec le son de l'è ouvert, dites-lès, demandez-lès, aimons-lès, comme on fait assez ordinairement.

On prononce encore très-communément les pronoms conjonctifs le et la, avant les verbes qui commencent par une voyelle ou par une h non aspirée, comme s'il y avoit deux ll; jell'aime, jell'ai étudié, nousll'ignorons, etc. au lieu qu'il ne faut faire entendre dans ces phrases, et autres sem

blables, que le son d'une seule l: je l'aime, je l'ai étudié, nous l'ignorons, etc.

Nous bornerons ici nos remarques, pour ne pas donner trop d'étendue à un ouvrage dans lequel nous n'avons annoncé que des principes généraux.

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A BREGÉ

DES RÈGLES

DE

LA VERSIFICATION

FRANÇOISE.

N lit, tous les jours, ou l'on entend réciter des vers. Mais il n'est guere possible d'en sentir les beautés ou les défauts, sans une connoissance au moins générale de la versification. Nous avons, dans notre langue, un grand nombre d'excellents ouvrages en vers, que l'on peut lire avec autant d'uti lité que de plaisir. Et il seroit honteux d'ignorer quelles sont les regles d'un langage qui nous flatte siagréablement.

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Čes regles nous paroissent d'autant mieux placées à la suite des principes de la Grammaire qu'elles sont, pour la plupart, fondées sur ces principes, et qu'elles nous donneront occasion d'étendre ce que nous avons déjà dit sur la prononciation, et d'expliquer quelques difficultés d'orthographe.

Au reste, nous ne parlerons que de ce qui regarde la forme des vers, et de ce qui peut les rendre bons ou mauvais, sans entrer dans la différence des styles par rapport aux différents sujets qui peuvent être du ressort de la poésie.

La versification françoise est l'art de faire des vers françois suivant certaines regles.

Les regles que l'on peut en donner regardent, ou la structure des vers, ou la rime, ou le mé

lange et la combinaison des vers les uns à l'égard

des autres.

ARTICLE PREMIER.

De la Structure des Vers.

LA structure des vers françois ne consiste qu'en un certain nombre de syllabes. Ainsi on peut d'abord diviser les différentes sortes de vers par le nombre des syllabes qui les composent.

Des différentes sortes de Vers.

On en compte communément de cinq sortes: savoir,

Les vers de douze syllabes, 'que l'on appelle encore, alexandrins, héroïques, ou grands vers. Le-bon-heur-de-l'im pie est-tou-jours-a-gi-té.

Ceux de dix syllabes, que l'on appelle vers com

muns,

A-nos-san-glots-don-nons-un-li-bre-cours.

Ceux de huit syllabes,

Je-veux-et-n'ac-com-plis jamais,
Et-je fais-le-mal-que--je-hais.

Ceux de sept syllabes,

Mes-sens-sont-gla-cés d'ef-froi.
Dieu-jus-te-ré-pon-dez-moi.

Ceux de six sillabes,

O-ré-veil-plein-d'hor-reur!
O-dan-ge-reu-se er-reur !

Les vers de chacune de ces especes, dont le dernier mot est terminé par un e muet, ou seul, comme dans, pere, aime, ou suivi d'une s, comme dans le pluriel des noms, les peres, les princes, ou suivi des lettres nt, comme dans les pluriels des verbes

verbes, ils aiment, ils reçoivent, ont toujours une syllabe de plus; c'est-à-dire, que les vers de douze syllabes, qui finissent par un e muet, en out treize, comme on peut le voir dans ces trois

vers :

La-foi-qui-n'a-git-point-est-ce-une-foi-sin-ce-re?
Dieu-tient-le-coeur-des-Rois-en-tre-ses-mains-puis-san-tes.

De-leur-au-da-ce

en-vain-les-vrais-Chrétiens-gé-mis-sent.

et que les vers de dix syllabes, qui finissent par un e muet, en ont onze, comme dans ces trois vers:

Mau-di-te-soit-la-mon-dai-ne-:i-ches-se.
Pau-vies-bre-bis-on-vous-a-bien-sé-dui-tes.
Dieu-gard-tous-ceux-qui-pour-la-Fran-ce-veil-lent.

Les vers de huit, de sept, et de six syllabes, ont également une syllabe de plus, quand ils sont terminés par un e muet.

Mais le son sourd de cette voyelle s'y fait entendre si foiblement, que la syllabe où elle se trouve, est comptée pour rien.

Il ne faut pourtant pas mettre au nombre des e muets, celui qui se trouve suivi des lettres nt dans les troisiemes personnes du pluriel de l'imparfait de l'indicatif et du conditionnel présent des verbes, comme dans, ils aimoient, ils aimeroient, parce que la terminaison oient y a entierement le son de l'e fort ouvert.

Les vers dont le dernier mot est terminé, par tout autre voyelle que l'e muet, ou par une consonne sans le muet, n'ont point, comme les autres, de syllabe surabondante. Ainsi, il n'y a précisément que douze syllabes dans chacun de .ces trois vers:

L'i-gno-ran-ce-vaut-mieux-qu'un-sa-voir-af-fec-té.

Ha-tons-nous-le-temps-fuit-et-nous-traine-avec-soi.

Dieu-ne-fait-ja-mais-gra-ce-à-qui-ne-l'ai-me-point.

Les vers qui finissent par un e muet, sont appelés vers féminins, et les autres sont appelés P P

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