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homme, une honnéte femme, un homme fidele, une femme fidelle.

II. Dans tous les autres noms adjectifs, on ajoute ordinairement un e muet au masculin, pour en former le féminin. Ainsi, grand fait grande, charmant fait charmante ; et on dit, un grand palais, une grande chambre, un jardin charmant, une fleur charmante.

D. Ces deux regles générales n'ont-elles pas d'exceptions?

R. La premiere n'en souffre pas; mais il y en a quelques unes pour la seconde.

1. ll y a des noms adjectifs qui, outre l'e muet qu'ils prennent au féminin, doublent encore leur consonne finale. Ce sont, en général, ceux qui sont terminés au masculin en el, eil, ol, ul, ien, on', as, ès, os, et, ot. Ainsi les adjectifs cruel, pareil, fol, mol, (que l'on écrit fou, mou, quand ils ne sont pas avant un substantif qui commence par une voyelle ou par une h non aspirée,) nul, ancien, bon, gras, expres, gros, net, sot, font au féminio, cruelle, pareille, folle, molle, nulle, ancienne, bonne, grasse, expresse, grosse, nette, sotte.

On trouvera au Chapitre XIV, un détail des noms adjectifs terminés en el, ol, ul, et, ot, etc. où les consonnes se doublent au féminin, et de ceux où elles sont simples.

Beau, nouveau, et vieux, font encore au masculin, bel, nouvel, et vieil, quand ils précedent un substantif qui commence par une voyelle ou par par une h non aspirée : bel homme, nouvel ordre, vieil oiseau. C'est pour cela qu'ils font, au féminin, belle, nouvelle, et vieille.

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2. Blanc, franc, et sec, sont au féminin blanche, franche, seche. Grec, public, caduc et Turc, font Grecque, publique, caduque et Turque. 3. Les adjectifs terminés au masculin en ƒ,

changent au féminin l'ffinale en ve. Bref naïf, etc. font breve, naïve.

4. Long, fait au féminin, longue. 5. Favori, fait favorite.

6. Gentil, fait gentille; avec l'l mouillée. 7. Malin, benin, font maligne, benigne.

8. Les adjectifs en eur font généralement leur féminin en euse : trompeur, trompeuse : parleur parleuse, chanteur, chanteuse, etc. Il y en a qui le font en eresse: pécheur, pécheresse: demandeur, en termes de palais, demanderesse: défendeur, défendresse, etc. Quelques uns en teur le font en trice: acteur, actrice : protecteur, protectrice, etc. D'autres n'ont point de féminin, comme auteur, vainqueur, etc. Quelques autres enfin le forment régulierement par l'addition de l'e muet, comme meilleur, majeur, mineur, supérieur, inférieur,prieur, qui font au féminin, meilleure, majeure, mineure, supérieure, inférieure,prieure, etc. 9. Frais et épais, font au féminin fraîche et épaisse. Ras fait rase, et tiers fait tierce.

10. Les adjectifs terminés en eux, et en oux, changent au féminin l'x final en se dangereux dangereuse honteux, honteuse : jaloux, jalouse, etc.

11. Doux, fait douce, faux fait fausse, et roux fait rousse. Crud et nud font crue et nue. Mais il est mieux d'écrire cru, nu, au masculin, comme l'Académie.

Il peut y avoir encore quelques autres exceptions moins considérables, que l'usage apprendra.

ARTICLE V.

Du Nombre des Nombres.

D. COMMENT distinguez-vous dans les noms le singulier d'avec le pluriel?

R. Outre ce que nous avons dit, qu'un nom est au singulier, quand il signifie une chose unique, et au pluriel, quand il signifie plusieurs choses il " y a encore deux manieres de distinguer, en parlant ou en écrivant, les nombres des

noms.

1. Un nom substantif est au singulier, quand il est précédé, ou qu'il peut être précédé de le ou de la ; et il est au pluriel, quand il est précédé, ou qu'il peut être précédé de les. Ainsi lorsque je dis, le château, la porte, ces deux noms sont au singulier, et si je dis, les chateaux, les portes, ils sont au pluriel.

2. Dans la plupart des noms tant substantifs qu'adjectifs, les terminaisons, c'est-à-dire, les lettres finales du singulier, sont différentes des terminaisons du pluriel.

D. Quelles regles suivez-vous pour cette seconde manière de distinguer les nombres des noms?

R. La regle générale est que, quand un nom n'est pas terminé par une s au singulier, il faut y en ajouter une au pluriel, comme le pere, les peres; la maison, les maisons; le livre utile, les livres utiles; la bonté, les bontés; l'amitié, les amitiés, etc.

D. Y a-t-il des exceptions à cette regle générale ?

R. Oui : il y en a quelques-unes.

eau œu

و

I. Les noms terminés au singulier par au ou ou ieu, et ou, prennent une x au pluriel comme le bateau, les bateaux; le feu, les feux; le væu, les vœux; le lieu, les lieux; le caillou, les cailloux, etc.

و

Bleu, clou, trou et matou, suivent la regle générale, et font au pluriel bleus, clous, trous,

matous.

De tous les noms terminés en oi au singulier,

il n'y a que le seul mot loi qui prenne un x au pluriel, les loix. Tous les autres prennent une

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, suivant la regle générale : le roi, les rois l'emploi, les emplois, etc. L'Académie écrit maintenant les lois. Mais l'usage ne s'est pas encore tout-à-fait déclaré pour cette orthographe.

Ciel, œil, aïeul, font au pluriel cieux, yeux, aïeux. Mais on dit des ciels de lit, des ciels de tableaux, des arc-en-ciels, et en terme d'Architure, des cils de bœuf.

II. Les noms terminés au singulier par al et ail font ordinairement leur pluriel en

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аих,

comme le cheval, les chevaux; le travail, les tra

vaux, etc.

Il faut en excepter, pour les noms en al, les substantifs bal, cal, pal, régal; et les adjectifs austral, boréal, conjugal, fatal, filial, final, frugal, jovial, littéral, naval, paschal, pastoral, trivial, vénal, dont la plupart n'ont point de pluriel. Ceux qui en ont un, y prennent une s, suivant la regle générale : les bals, les régals, etc.

A l'égard des noms en ail, les substantifs attirail, bercail, camail, détail, éventail, gouver nail, mail, poitrail, portail, sérail, et quelques autres, ou n'ont pas de pluriel, ou le forment aussi par la seule addition d'unes : les attirails, les détails, etc.

L'adjectif penitentiel, qui n'est plus en usage, fait au pluriel pénitentiaux : les Pseaumes pénitentiaux et le substantif universel, qui est un terme de philosophie, fait au pluriel universaux. Il rentre dans la regle générale, et fait au pluriel universels, quand il est adjectif masculin: comme quand on dit, des hommes universels.

و

z, ou

III. Les noms terminés au singulier par S x, gardent ces lettres au pluriel, comme le fils les fils: le nez, les nez; la voix, les voix, etc.

Malgré les différences dont nous venons de parler, on peut dire que les pluriels des noms sont toujours terminés par une s ; parce que le z est une espèce d's douce, et que l'x est une lettre double composée de cs, ou de gs; comme nous l'avons remarqué au Chapitre I. Article IV. Page 20.

D. Tous les noms ont-ils chacun un singulier et un pluriel?

R. Comme les noms adjectifs doivent être du même nombre aussi bien que du même genre que leurs substantifs, ils ont toujours un singulier et un pluriel, comme ils ont un masculin et un féminin.

Mais il

y a des noms substantifs qui n'ont que le singulier, et d'autres qui n'ont que le pluriel. Ceux qui n'ont que le singulier sont,

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1. Les noms des métaux pris en général comme or, argent, etc.; car on ne dit pas des ors, des argents: et si on dit quelquefois des fers, des cuivres, des plombs, c'est que l'on considere ces métaux comme mis en œuvre, ou divisés en plusieurs parties.

2. Les noms des vertus habituelles, comme la foi, la prudence, la pudeur, l'exactitude, etc. car on ne peut pas dire dans le même sens, les fois, les prudences, les pudeurs, les exactitudes.

Il y en a encore plusieurs autres que l'on apprendra par l'usage; tels que sont courroux, faim, soif, sommeil, repos, gloire, sang, etc.

Ceux qui n'ont que le pluriel sont matines nones, vépres, ténèbres, pleurs, gens, ancétres, ciseaux, délices, etc.

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