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ployés comme adverbes indéclinables, et ne prennent point d's, quoique joints à des noms pluriels. Mais ce n'est, à l'égard de quelque et de tout, que quand ils sont suivis de que, et qu'ils peuvent être supplées par quoique, comme on l'a vu, page 137.

1. Quelque, dans le sens dont nous venons de parler, est adjectif déclinable, quand il est joint ou avec un seul substantif, ou avec un substantif suivi de son adjectif, ou avec un adjectif suivi de son substantif, comme quand on dit: QUELQUES actions que je fasse. QUELQUES actions éclatantes que je fasse, QUELQUES éclatantes actions que je fasse..

Mais quelque est adverbe indéclinable, toutes les fois qu'il n'est joint qu'avec un nom adjectif séparé de son substantif, comme dans ces exemples: QUELQUE éclatantes que soient les actions que j'ai faites. Avec le temps et la patience on apprivoise les animaux, QUELQUE féroces qu'ils puissent étre. QUELQUE éloignées de la terre que soient les planetes, on en mesure la distance par les calculs astronomiques.

Il est encore indéclinable quand il signifie environ. Exemples: Il y a QUELQUE trois cents ans que l'Imprimerie a été trouvée, c'est-à-dire, ily

a ENVIRON trois cents ans..

2. Quand tout est avec un nom adjectif ou considéré comme tel suivi de la conjonction que.

Si cet adjectif est masculin, tout est indéclinable. Ainsi il faut écrire : Les anciens philosophes, TOUT éclairés qu'ils étoient, ignoroient les véritables causes de bien des effets naturels.

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Si cet adjectif est féminin, et qu'il soit au singulier ou qu'étant au pluriel il commence par une consonne; alors tout est déclinable, et l'on écrit, TOUTE agréable et TOUTE belle que soit la

campagne, on s'y ennuie, si l'on n'y trouve compagnie ou des livres. Il y a eu des jeunes gens qui ont entendu d'eux-mêmes les propositions d'Euclide, TOUTES difficiles qu'elles sont.

Si cet adjectif est féminin au pluriel, et qu'il commence par une voyelle, tout redevient indé-clinable. Ainsi il faut écrire: La mere, la femme, et les filles de Darius, TOUT affligées, et TOUT abattues qu'elles étoient, ne purent s'empêcher d'admirer la générosité d'Alexandre.

L'Académie fait tout indéclinable, lorsqu'il précede un adjectif féminin au singulier, commençant par une voyelle, dans cet exemple: Tout ingrate qu'elle est. On peut indifféremment suivre l'une ou l'autre orthographe.

Ces mêmes regles conviennent à tout, lorsqu'il est pris dans la signification d'entièrement. Ils sont TOUT résolus de n'y plus retourner. Elle est TOUTE consolée, ou, elles sont TOUTES consolées de leur perte. A ces mots elles demeurerent TOUT interdites.

3. Même est toujours déclinable, quand il est pronom, ou adjectif d'identité, de parité, et d'énergie, comme nous l'avons expliqué, page133. Le même auteur; les mêmes livres; mémes vertus; mémes vices; les Princes mêmes, etc. Mais il est indéclinable, quand, après la conjonction et, ou après un nom ou un pronom, il est employé dans le sens des adverbes aussi, de plus ou en outre; et on connoît qu'il a cette signification, lorsque, sans altérer le sens de la phrase, on peut le transposer avant le nom ou pronom, en y joignant la conjonction et. Ainsi, on écrit: Les Egyptiens reconnoissoient pour dieux des animaux, des reptiles, des plantes MÊME, c'est-àdire, et même des plantes.

Quand même est joint avec quelque verbe, it

est toujours adverbe, et par conséquent, indéclinable.

De la lettre h.

Quelques Grammairiens prétendent que quand l'h marque une aspiration, elle est une véritable consonne, parce que, comme les consonnes, elle ajoute quelque chose au son simple des voyelles, en les faisant prononcer avec une modification particuliere, qui consiste dans un mouvement ou dans un effort de gosier; comme quand on dit : le héros, la harpie, le hennissement, etc.

Mais ce qu'ajoute l'h au son simple des voyelles, ne les faisant pas prononcer avec une articulation sensible et marquée, comme quand elles sont jointes aux autres consonnes, mais seulement avec un peu plus de force que si elles étoient sans aspiration; on a cru pouvoir dire, sans prétendre condamner le sentiment opposé, que l'h étoit moins une lettre qu'une marque d'aspiration.

L'effet de l'aspiration est d'empêcher la liaison du mot qui commence par une h aspirée, avec celui qui le précede; c'est-à-dire, que les voyelles e et a des articles ou pronoms conjonctifs ne se suppriment pas, comme avant les mots qui commencent par une voyelle, et que les consonnes finales du mot précédent ne se prononcent pas plus que si l'h'étoit une consonne. Ainsi, on écrit et on prononce, le héros, la haine, vous me haïssez, il se háte ; et non pas, L'héros l'haine, vous m'haissez, il s'hate': et dans les hameaux, un discours hardi, plus honteux, une ame hautaine, on ne doit pas prononcer l's finale de les, de discours, et de plus, comme on la prononceroit dans les amis, un discours artificieux, plus honnéte. Il faut, au contraire, prononcer l'e muet d'ame, comme on le prononce dans ame noble.

On entend que, par la même raison, il faut

écrire et prononcer ce héros, et non pas cet hérosz comme on dit cet oiseau, ou cet honneur; et qu'il faut de même écrire et prononcer sa haine, sa hardiesse, et non pas, son haine, son hardiesse, comme on dit, son humeur, son humidité.

sans

On observe la même chose à l'égard des mots kuit, huitieme, huitaine, quoique l'h n'y soit pas aspirée. Ainsi, on écrit et on prononce, élision ni liaison, le huit, du huit, le huitieme, du huitieme, la huitieme, la huitaine, les huit, dans huit, etc.

L'h du nom Henri doit toujours s'aspirer, aussi bien dans la conversation que dans la poésie sou tenue, et dans le discours oratoire. Ainsi, il faut dire Les exploits de Henri IV, et non, les exploits d'Henri IV.

:

A l'égard du mot Hollande, où l'h est également aspirée, les lingeres et les marchands ont introduit l'usage de dire, toile d'Hollande, chemises d'hollande, fromage d'Hollande. On trouve dans le Dictionnaire de l'Académie, toile de Hollande, ou d'Hollande, fromage d'Hollande. Il est plus régulier de prononcer toujours ce mot avec aspiration, de Hollande.

Le bon usage veut que l'on dise, avec l'Académie, de l'eau de la Reine de Hongrie, du point de Hongrie, et non, de l'eau de la Reine d'Hongrie, du point d'Hongrie.

Quoique les mots onze et onzieme commencent par une voyelle, cependant les voyelles des articles ou des prépositions qui les précedent, se prononcent souvent comme si ces mots commençoient par une consonne sur-tout quand il est question de dates, et ils ne se lient pas avec les consonnes finales des mots qui sont auparavant. Ainsi, on dit: le onze du mois, la onzieme année, au onzième siecle, vers les onze heures, Louis Onze, sans prononcer l's de les et de Louis. On

peut

peut dire également, l'onze du mois, à l'onziem? page, ou à la onzieme page.

La conjonction oui, quand elle est prise substantivement, ne souffre pas d'élision avec les voyelles précédentes, ni de liaison avec les consonnes finales, et on dit, le oui et le non; un oui; tous vos oui ne me persuadent pas, sans prononcer I'n d'un, non plus que I's de vos.

Quand l'h est précédée d'un c, elle sert à lui donner en françois un son particulier, que l'on reconnoîtra dans ces mots, chaleur, chevre, cheval, chimere, chose, chute; excepté dans quelques mots dérivés du grec, où le ch représentant le chi de cette langue, en conserve le son dur et semblable à celui du k, comme écho, Eucha ristie, etc.

H, à la suite d'un p, lui donne, sans exception, le son de l'f, et ces deux lettres représentent, dans tous les mots où elles sont employées, le phi des Grecs, qui répond à notre ƒ, comme dans ces mots: triomphe, philosophie, phrase, etc.

Quand l' est précédée d'un r, d'un t, ou d'une autre consonne, elle n'en change point le son, et n'y ajoute rien. Elle marque seulement l'étymo Jogie grecque, comme dans réthorique, méthode, arithmétique, etc.

Ce seroit une faute essentielle contre l'orthographe, de supprimer l'k dans les mots qui la prennent au commencement, soit qu'elle s'y aspire ou non, et d'écrire par une fles mots qui doivent s'écrire par ph; l'usage ne le souffre pas. Ainsi, il faut écrire l'honneur, et non l'onneur; la philosophie, et non la filosofie.

A l'égard des autres mots où l'h se met après l'r, let, le c, ou autres lettres, par la seule raison de l'étymologie, et sans changer le son de la lettre comme cette raison d'étymologie n'est connue que de peu de personnes, ce ne seroit pas une

Kk

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