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dire, la partie du monde appelée ciel, la planete appelée soleil, la partie de la terre appelée Europe, le royaume appelé France, la province appelée Normandie, le mont appelé Caucase la rivière appelée Seine.

Au reste, dans l'emploi de l'article défini avant ces noms et quelques autres, il y a des irrégularités que le caprice de l'usage a introduites, et que l'on ne peut guere apprendre que par le commerce du monde, et par la lecture des bons Auteurs.

De l'Article indéfini.

D. Y a-t-il d'autres articles que ceux dont vous venez de parler?

R. L'usage propre des articles étant de déterminer l'étendue des noms communs, on peut. dire, que le, la, les, sont les seuls mots qui doivent être regardés comme de véritables articles, puisqu'on n'en emploie point d'autres aumême usage. Mais pour ne nous pas écarter du langage ordinaire des Grammairiens, nous appelons encore articles, certains mots qui se mettent souvent avant les noms pris dans une étendue indéterminée,

D. Quels sont donc les mots que l'on appellecommunément articles indéfinis?

R. Ce sont de et à, dont l'usage le plus géné-ral est de marquer certain cas, tant des noms ou pronoms, que des articles définis, comme nous l'avons vu page 58.

D. Quels cas marquent de et à.? R. De marque le génitif ou l'ablatif, le datif.

·D. Avant quels noms se mettent-ils?*

et à marque

R. Avant les noms qui n'ont pas besoin de l'article défini, soit parce qu'ils expriment quelque

objet suffisamment déterminé par lui-même, soit parce qu'on en considere plutôt la signification que l'étendue.

D. Quels sont les noms qui n'ont pas besoin de l'article indéfini?

les noms R. Ce sont, 1. Le nom de Dieu, propres d'anges, d'hommes, de villes, de bourgs, de villages, etc. lesquels signifiant des personnes ou des choses singulieres, ne peuvent jamais s'étendre à plusieurs sujets, et par conséquent sont toujours déterminés par eux-mêmes: Dieu, DÉ Dieu, A Dieu: Gabriel, DE Gabriel, A Gabriel: Pierre, DE Pierre, A Pierre: Paris, DE Paris, A Paris, etc.

2. La plupart des pronoms; savoir

Les pronoms personnels, parce qu'ils déterminent assez la personne qu'ils expriment.

Les pronoms possessifs absolus et les pronoms démonstratifs, lesquels joints à quelques noms substantifs, les déterminent et en sont comme les articles Mon livre, DE mon livre, a mon livre, ce palais, DE ce palais, à ce palais, etc.

A l'égard des autres pronoms, ou ils déterminent les noms auxquels ils se rapportent et auxquels ils sont joints, ou ils en rendent l'étendue indéterminée. Dans l'un et dans l'autre cas, ils n'ont pas besoin de l'article défini.

3. Les noms de nombre absolus, parce qu'ils déterminent d'une maniere distincte à combien de sujets on applique le nom auquel ils se rapportent: quatre hommes; trente ans ; cent livres, etc.

4. Les noms communs, lorsqu'on n'en considere précisément que la signification, sans faire aucune attention à l'étendue qu'elle peut avoir; comme quand on dit : Une téte D'homme; un festin DE Roi; une table DE marbre ; un pont DE bois; tenir a honneur; s'en rapporter A gens sages, etc. D. Quel est donc l'usage des mots de et à

avant les noms et pronoms dont vous venez de parler?

R. Ils n'en ont point d'autre, que d'en marquer les différents cas, sans rien désigner par rapport à l'étendue qu'ils peuvent avoir.

D. Pourquoi les appelle-t-on articles indéfinis? R. C'est apparemment parce que, quand ils sont joints aux noms communs, ces noms n'étant considérés que par la signification, sont toujours pris dans une étendue vague et indéterminée; mais ce n'est jamais en vertu des mots de et à.

D. Ne met-on pas quelquefois l'aticle défini avant les noms propres?

R. Oui: quand on les conçoit comme susceptibles de divers attributs, et par conséquent, de diverses déterminations: ce qui regarde principalement le nom de Dieu; ou quand on les conçoit comme pouvant convenir à plusieurs sujets.

D. Donnez-en quelques exemples?

R. Si je dis, vous devez tout attendre DE Dieu je considere Dieu sans faire attention à ses attributs; au lieu qu'en disant, vous devez tout attendre DU Dieu des miséricordes, je le considere par un de ses attributs, ou plutôt je conçois Dieu comme multiplié par le nombre de ses perfections, ne l'envisageant que du côté de la miséricorde ; et cette maniere d'envisager Dieu, est déterminée par l'article défini.

Quand on dit, LE Brutus qui conspira contre César, l'article défini mis avant Brutus, détermine ce nom à signifier un autre Brutus que celui qui chassa les rois de Rome. On dit, par la même raison, LE Socrate d'Athenes; LE Ciceron de nos jours; LE mercredi saint, etc.

D. Quels sont les pronoms qui prennent l'article défini ?

R. Ce sont le mien, la mienne, et les autres

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possessifs relatifs, lequel, laquelle ; l'un, l'autre ;. le même, la même; parce qu'étant purement relatifs, ils ont besoin de l'article défini pour déterminer précisément la personne ou la chose à laquelle ils se rapportent; comme on peut le voir dans les ex emples que nous en avons donnés au Chapitre V, Article III et suivants.

D. Les noms de nombre absolus ne prennent-ils pas aussi quelquefois l'article défini?

R. Oui quand les noms auxquels ils sont joints, sont déjà déterminés à un nombre fixe, ou par eux-mêmes, comme quand on dit: Les trois personnes de la sainte Trinité; LES douze Apôtres ; LES quatre saisons; LES sept jours de la semaine, etc. ou par les circonstances du discours; comme quand on dit: Les deux livres que vous avez lus ; LES dix louis que je vous ai donnés, etc.

D. Les mots de et à ne servent-ils qu'à marquer les cas, et ne se mettent-ils qu'avant les articles définis, les noms et les pronoms?

R. Ils servent encore à exprimer une infinité de rapports différens, qu'il n'est quere possible d'apprendre que par l'usage de la langue; et ce n'est pas seulement aux noms et aux pronoms qu'ils sej oignent, mais encore aux autres parties du discours et principalement aux infinitifs des verbes, avec lesquels ils ont des significations qu'il seroit difficile de rapporter à des regles générales.

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D. Comment peut-on regarder de et à, soit qu'ils marquent les cas, ou qu'ils aient d'autres significations?

R. On peut les regarder comme de véritables, prépositions, puisque, de quelque maniere qu'ils soient employés, et à quelques mots qu'ils soient joints, ils expriment ordinairement quelques rapports particuliers, de même que les autres prépositions.

De l'Article partitif ou indéterminé. D. Qu'est-ce que les articles partitifs ou indéterminés?

R. Ce sont, comme nous avons dit, page 60, les génitifs des articles définis et indéfinis, lorsqu'ils deviennent nominatifs ou accusatifs, et dont on fait une classe séparée, parce qu'ils ont un usage particulier.

D. Comment peut-on employer ces articles?

R. On les met avant les noms des personnes ou des choses dont on ne veut exprimer qu'une partie indéterminée, sans en désigner ni la quantité ni le nombre précis.

D. Quel est l'effet de ces mêmes articles?

R. C'est toujours de restreindre l'étendue de la signification des noms avant lesquels ils sont mis. C'est pourquoi on peut ordinairement y substituer le pronom quelque. Ainsi, quand je dis, Des gens DES savants pensent comme moi, je ne parle pas de tous les gens savants, mais de quelque gens savants. J'ai acheté DES livres ; c'est-à-dire, quelques livres. Un beau discours déplaît souvent A DES ignorans ; c'est-à-dire, à quelques ignorans ; et l'on voit que à des ignorants a moius d'étendue que si je disois, aux ignorants.

D. Je conçois cette explication pour les articles partitifs mis au pluriel; mais comment expliquerez-vous ceux qui sont employés au singulier?

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R. De la même maniere: car, comme ces articles, au pluriel, sont mis avant les noms des personnes ou des choses dont le nombre est restreint de même ils sont mis, étant au singulier, avant les noms des choses dont on restreint la quantité. Ainsi, quand je dis, Du vin me feroit plaisir; c'està-dire, une certaine quantité ou une certaine partie de vin, et non pas le vin en général. J'ai acheté DE LA viande; c'est-à-dire, une certaine quantité

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de

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