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position, sans exprimer la chose comme terme d'une action ou d'un rapport; ce qui seroit contradictoire.

D. De quoi le nominatif doit-il étre accompagné dans le discours?

R. Il doit toujours être accompagné d'un verbe qui s'y rapporte, et sans lequel la phrase ne peut pas avoir un sens complet. Par la même raison, tout verbe, hors l'impersonnel, employé à quelqu'une des trois personnes du singulier ou du pluriel, est nécessairement régi par un nom ou pronom au nominatif, quoique, dans l'un et l'autre cas, le nominatif et le verbe puissent quelquefois être sous-entendus

D. Comment appelle-t-on autrement le nominatif?

R. On l'appelle encore cas dírect, parce qu'il sert à nommer directement les choses, et que, d'ailleurs, gouverne directement toute la construction du discours. Les autres cas, au contraire sont appelés obliques ou indirects, parce qu'ils s'emploient ordinairement à la suite d'autres mots qui les régissent.

D. N'y a-t-il pas quelques verbes après lesquels on met un nominatif?

R. Il n'y a que le verbe substantif étre, et ceux qui participent de sa nature, dont nous avons parlé page 143. Mais alors, les noms qui se trouvent à la suite de ces verbes, ne sont au nominatif, que parce qu'ils font partie du sujet, en ce qu'ils en expriment quelque qualité ou quelque attribut, s'ils sont adjectifs, comme quand on dit: Dieu est bon; Louis XVI fut roi; et en ce qu'ils en restreignent l'idée générale à une idée particuliere, ou qu'ils y ajoutent quelque qualification, s'ils sont substantifs, comme quand on dit: Cette figure est un triangle. Le concile général est le souverain tribunal de l'Eglise.

Du Génitif.

D. Quelle est l'étymologie du mot génitif? R. Il est formé d'un verbe latin, qui signifie engendrer ou produire.

D. Qu'est-ce que le génitif?

R. C'est un cas qui exprime en général le rapport d'une chose qui appartient à une autre, en quelque maniere que ce soit.

D. Quelles sont les principales especes de ce rapport général?

R. Ce sont les rapports,

Du tout à la partie: un membre du corps; un mois de l'année; la porte d'une maison, etc.

Du sujet à l'attribut: l'utilité des sciences; la sagesse de Salomon ; la miséricorde de Dieu, etc. De l'attribut au sujet une fleur d'une odeur agréable; un jeune homme d'une grande modestie; un auteur de réputation, etc.

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De la cause à l'effet l'ouvrage de Dieu; les oraisons de Cicéron; la lumiere du soleil, etc.

De l'effet à la cause: le Créateur du monde l'auteur d'un livre; l'ouvrier d'une machine, etc. De la matiere au composé: vaisselle d'argent ; montre d'or; vase de porcelaine, etc.

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De l'objet aux actes de notre ame : l'amour de Dieu; la crainte de la mort; l'horreur du vice, etc.

Du possesseur à la chose possédée : les Etats du Roi; les privileges de l'Eglise; les richesses de Crésus, etc.

De la chose possédée au possésseur: le Roi de France; le maître de la maison; le propriétaire d'une terre,

etc.

Du nom propre au commun: le royaume de

France; la ville de Paris; la riviere de Seine, etc. On peut encore exprimer par le génitifbeaucoup d'autres rapports que l'usage apprendra.

D. A la suite de quels mots se trouve le génitif?

R. Il ne se trouve qu'à la suite des noms, soit substantifs, comme on l'a vu dans les exemples précédents, soit adjectifs, comme dans ceux-ci : avide de gloire; amateur des sciences; jaloux de sa réputation; ennemi de la paix, etc. Ainsi, on peut dire qu'un nom précédé des articles du, de la, de l', des, ou de, est au génitif, quand il est à la suite d'un autre nom substantif, ou quelquefois d'un nom adjectif qui le gouverne.

Du Datif.

D. Quelle est l'étymologie du mot datif? R. Il est formé d'un mot latin qui signifie donner.

D. Qu'est-ce que le datif?

R. C'est un cas qui marque un rapport d'attribution, de quelque maniere qu'elle se fasse. D. Qu'entendez-vous par un rapport d'attri

bution?

R. J'entends un rapport par lequel une chose ou une action se termine à une autre chose. comme à sa fin, ou comme étant au profit ou au dommage de la chose à laquelle elle se termine.

Donnez-en des exemples?

R. Dans Dieu a promis une nombreuse postérité à Abraham; j'aspire à la gloire; Abraham et la gloire sont considérés comme la fin des actions de promettre et d'aspirer.

Dans les bons conseils sont nécessaires aux jeunes gens; le Roi a accordé une grace à mon pere; on voit que les bons conseils et l'action d'accorder

sont

sont considérés comme étant au profit des jeunes gens et de mon pere.

Dans l'oisiveté est pernicieuse aux hommes; je m'opposerai à vos desseins; l'oisiveté et l'action s'opposer sont considérés comme étant au dom→ mage des hommes et de vos desseins.

D. Le datif n'a-t-il pas d'autres manieres de signifier?

R. Oui: mais elles peuvent toutes se rapporter à quelque espece d'attribution.

De l'Accusatif.

D. Quelle est l'étymologie du mot accusatif?
R. Il est formé d'un verbe latin qui signifie ac-

cuser.

D. Qu'est-ce que l'accusatif?

R. C'est un cas par lequel on exprime le terme d'une action ou d'un rapport, c'est-à-dire, le régime absolu des verbes actifs, ou le régime da quelques prépositions.

D. Montrez-moi l'un et l'autre usage de l'accusatif dans un seul exemple?

Ř. Dans cette phrase, j'ai étudié la philosophie dans les livres de Descartes; la philosophie est le régime absolu du verbe actif étudier, et les livres sont le régime de la préposition dans.

D. L'accusatif ne différant en rien du nominatif par l'expression, comment peut-on distinguer l'un d'avec l'autre.

R. En ce que le nominatif est ordinairement ou peut se mettre avant le verbe, comme exprimant le sujet dont on affirme quelque chose; au lieu que l'accusatif ne peut être mis, dans l'ordre naturel du discours, qu'après un verbe actif ou une préposition, comme exprimant le terme d'une action ou d'un rapport.

D. Pourquoi donnez-vous pour régime à une

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partie des prépositions, l'accusatif plutôt que le nominatif?

R. Parce que l'usage de l'accusatif étant d'exprimer ce à quoi se termine quelque chose, il est plus naturel de l'employer après les prépositions, le nominatif; et que d'ailleurs, dans que les langues où les cas sont distingués par différentes terminaisons, ce n'est jamais par le nominatif qu'on exprime le régime des prépositions, mais par d'autres cas obliques, et principalement par l'accusatif.

Du Vocatif.

D. Quelle est l'étymologie du mot vocatif? R. Il est formé d'un verbe latin qui signifie appeler.

D. Qu'est-ce qu'un vocatif?

R. C'est un cas par lequel on nomme la personne à qui on parle, ou la chose à laquelle on 'adresse, comme si c'étoit une personne.

D. Comment exprime-t-on le vocatif?

R. On l'exprime ordinairement par le nom sans article, ou quelquefois par le nom précédé de la lettre 6.

D. De quelle personne sont les noms mis au vocatif?

R. Ils sont toujours de la seconde personne, puisqu'ils marquent celle à qui on adresse la parole, et que les verbes qui s'y rapportent sont toujours à la seconde personne; comine quand on dit: SEIGNEUR, voys éles mon espérance.

D. Y a-t-il toujours dans le discours un verbe qui se rapporte au vocatif?

:

R. Non quelquefois le verbe n'y a aucun rapport, et a un autre nominatif; comme quand on dit: GRAND DIEU, que vos jugemens sont redoutables!

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